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Critique de abfabetcie


Un livre étonnant, c'est le premier mot qui me vient pour le décrire car mon intérêt pour ce livre s'est accru au fil de la lecture, page après page, pour finir par « m'attacher » réellement, surtout au personnage central, Bingo dit « le Nabot ». On entre très vite dans la course, c'est le cas de le dire, dès les premiers chapitres, avec ce personnage, Bingo, meilleur coureur du Kenya et sans doute du monde dit-il mais, personnellement, j'ai eu du mal au début à accrocher à l'histoire. Puis j'ai fini par plonger dedans sans plus pouvoir lâcher le livre. C'est une réalité sordide (misère, trafics de drogue, violence, corruption) qui nous est narrée, du point de vue de Bingo, mais le ton plutôt léger voire enfantin de son langage contraste avec cette réalité ultra-violente qu'il nous décrit. Au fur et à mesure des péripéties de Bingo, on finit par entrer dans la course et on croise tout un tas de personnages hauts en couleur : le père Matthews, l'artiste peinte Thomas Hunsa, Mrs Steele….
Bingo, malgré ses 15 ans et ses conditions de survie plus que de vie, est intelligent mais ambigu et semble avoir compris beaucoup de choses de la vie. C'est un personnage qui porte une part d'obscurité en lui, le Mal et le Bien, la survie, la vengeance, un être fait d'ombre et de lumière. « Mais là où il y a de la lumière, il y a aussi de l'ombre. C'est cette obscurité dont je ne pouvais me détacher, parce que nous l'avions en commun, Mrs Steele et moi. » Car outre les aventures de Bingo dans la jungle de Nairobi et de ses bidonvilles, entre dealers et policiers corrompus, c'est aussi une aventure humaine qui nous est contée avec la rencontre de Bingo et de Mrs Steele, lui qui a perdu sa mère dans des conditions atroces, elle , riche américaine marchande d'art et venue à Nairobi chercher l'enfant que la Nature lui a refusé. « le Mal du Manque et le Mal de la Perte se sont vidés de nous ensemble… Mrs Steele a vu en moi ce que voulais en elle. Je voulais une mère, elle voulait un fils. »
L'écriture est efficace, la plume est belle, la langue très imagée (la rivière de la Perte, la fuite d'eau dans les yeux, la rivière bleue…), nourrie des légendes africaines transmises oralement. Mais il y a un vrai décalage (mais peut-être est-ce dû à la traduction ?), dans le niveau de langage de Bingo, parfois très cru, et parfois plein d'innocence et de naïveté, ou alors c'est un parti pris de l'auteur. Il y a aussi, entremêlée dans l'histoire, une très jolie légende, celle de Bingo et de l'Araignée et ses fils de soie qui relient les êtres entre eux. Ce livre est tout en contraste et nous fait passer des bidonvilles de Nairobi à son hôtel de luxe, le Livingstone. C'est parfois un peu troublant.
Mais il est au fond question de choses très sérieuses dans ce livre : le travail des enfants livrés à eux-mêmes, la misère des pays sous-développés où une certaine catégorie de la population vit dans des conditions plus que précaires, voire inhumaines, au milieu des ordures, la corruption de la police et des autorités, notamment religieuses, la violence faite aux femmes et aux enfants. Mais il ne faudrait pas oublier qu'il est aussi question d'amour, avec la rencontre de Bingo et miss Charity, qui nous donne la lueur d'espoir à la fin. « Ce monde repose sur un lac d'amour infini. Découvrez-en la source et buvez-en jusqu'à l'ivresse. » Même si la fin m'a laissée sur ma faim.
Au final, Bingo est un gamin sacrément attachant et fascinant !
Un grand merci à Babelio et aux éditions Piranha de m'avoir permis de découvrir cet auteur et ce livre.
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