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Critique de Cigale17


Il y a des chroniques que l'on commence sourire aux lèvres, et c'est mon cas pour celle de Un voisin trop discret. Iain Levison excelle dans l'humour décalé et l'ironie détachée au service d'une critique sociale acerbe. Jim est à la retraite, mais il est chauffeur Uber à ses heures. C'est un grincheux assez misanthrope. Il voit un jour avec curiosité et inquiétude s'installer dans son immeuble une jolie jeune femme avenante et un peu trop sociable à son goût. Mexicaine, pense-t-il, et cet enfant de quatre ans qui l'accompagne sera assurément bruyant. À Bennett, petite ville du Texas, Madison a rendez-vous avec Kyle Boggs, son amour de lycée. Kyle est dans l'armée et il a l'intention d'y faire une belle carrière, projet que son homosexualité contrarierait si l'armée en venait à être au courant. Il propose à Madison un mariage blanc en lui faisant miroiter les avantages qui en résulteraient pour elle et pour son fils : revenus réguliers, réputation sans tache et la meilleure des assurances maladies… À Kor Barh, Afghanistan, Grolsch, tireur d'élite, et Dawes, son guetteur, planqués dans les montagnes, se préparent à une mission qui tournera mal.
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Ian Levison va nous dévoiler progressivement les liens entre des personnages qui semblent d'abord n'avoir aucun rapport entre eux. En fait, le récit assez complexe va servir à l'auteur à montrer l'Amérique telle qu'elle n'aime pas se voir. Il sera question des femmes élevant seules un enfant, de la violence physique et psychologique envers elles, mais aussi envers les soldats, du tribut payé par les militaires aux guerres du Vietnam, de l'Irak et de l'Afghanistan, sur place comme au retour, de la vie sur les bases militaires, de l'accessibilité aux soins médicaux, du racisme, etc. le personnage de Jim est le plus mystérieux. Très prudent (il a toutes les raisons de l'être), il s'est persuadé qu'il ne peut que vivre seul, presque sans parler à personne, sinon à ses clients Uber. Il a tellement pris l'habitude d'être seul et de rester dans son appartement qu'il compte ses sorties en présidents : il n'était pas allé dans un jardin public depuis, euh, trois présidents, quatre peut-être… le récit est très bien ficelé, les surprises abondent et elles se révèlent cohérentes, et le final qui aurait dû tourner au tragique s'avère joyeusement amoral ! Un très bon moment de lecture.
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