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Critique de Tom_Otium


J'ai été moi aussi surpris par la passivité des Français durant ce confinement imposé à tous. D'une manière générale, quand une crise agite le monde ou mon pays, je ressens le besoin de me renseigner afin de comprendre ce qui s'est passé. Si c'est aussi votre cas alors je ne vous recommande pas ce livre, qui ne m'a pas vraiment convaincu.


Car les gens ne sont pas fous. Et Bernard-Henry Lévy n'est pas psy (ou sociologue). Il est philosophe, tendance moraliste. Et c'est un travail tout à fait respectable. Travail critique en l'occurence, comme l'atteste le prologue où l'auteur tente de trouver des explications à cette crise, toutes négatives. le premier chapitre (Reviens, Michel Foucault) traite de la société de contrôle biopolitique et de la montée du pouvoir médical. C'est la partie que j'ai trouvé la plus pertinente. le second (Divine surprise) est plus anecdotique. Il concerne certains extrémistes se rejouissant presque de voir une humanité punie pour ses méfaits. Je suis ensuite en total désaccord, avec le chapitre sur l'enfer du repli sur soi (Le confinement délicieux), ainsi qu'avec celui qui postule que "la vie ne vaut rien si elle n'aspire à la « bonne vie » " (La vie, disent-ils). Pour finir, BHL se désole qu'on ait, pendant toute cette période, "oublié les oubliés" (L'adieu au monde ?).


Ce petit livre constitue sans doute une bonne petite introduction à la pensée de Bernard-Henry Lévy. BHL c'est d'abord un style, assez enlevé (probablement pour s'élever), plutôt agréable, parfois même drôle. Dès le prologue on trouve des jeux de mots (virus du virus), mais surtout tout une rhétorique autour de la guerre et du collectif. Dans cette crise il voit donc la victoire (des collapsologues, des maîtres du monde ou de la vie contre l'économie), la peur (c'est-à-dire le manque de courage) ou encore l'aveuglement ou l'emballement collectifs. le combat ici mené par l'auteur est celui de l'esprit chevaleresque contre le corps médical. BHL est un mousquetaire en croisade. Sa devise : "un pour tous et tous pour un". Il méprise le "chacun chez soi, chacun pour soi". Il est un homme de lettres et d'action. Il est dans le combat quand d'autres sont dans la fuite, il est dans la lutte quand d'autres désertent. Tout le monde n'a pas la chance d'avoir son courage.


Bernard-Henry Lévy défend donc une humanité de contact : face â face, les yeux dans les yeux, la main dans la main, si possible torse bombé, chemise ouverte et cheveux au vent. Alors forcément, on l'imagine bien s'insurger devant sa télé pendant le confinement : "mais c'est pas ça la vie !" Se serrer la main est certes un beau geste mais est-ce un bon geste ? La question mérite d'être posée et le débat lancé ! Car il faut dire que les temps ont changé. Nous sommes passés du monde de l'effort et de l'honneur à la société de l'attention et du bien-être. le savoir-vivre s'est déplacé de la face au territoire. On célébrait les héros, on encense les victimes. Il fallait sortir pour réparer le monde, il faut rester chez soi pour le préserver. Hier encore il fallait s'imposer, aujourd'hui on veut juste se poser. L'énergie du désespoir est remplacée par la fatigue de l'abondance. Mais l'abondance, c'est aussi l'abondance d'êtres vivants sur la planète. Or comme le dit simplement une affichette à la poste : "Un peu d'espace ça fait du bien". Un peu de temps aussi. Un peu de solitude également.
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