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Critique de Antonovia


Il devient rare aujourd'hui de pouvoir se passionner sur un livre vraiment émouvant et littéraire. Beaucoup de parutions ne sont que du ‘'contenu'' a la mode, autofiction douteuses, ou relatant une histoire bizarre ou frappante qui engendre la polémique et fera leur succès. Mais la vraie littérature, avec une écriture, un sens, une beauté artistique sont exclus du champ de l'attention limitée d'aujourd'hui, hachée par les Sms et les écrans consultés machinalement.

De quoi s'agit-il ici ? La première nouvelle au titre étrange, « Tous les jours au matin, baigne ton visage », éclaire les suivantes. le thème est l'être humain, les rapports qu'il entretient avec lui-même et ses semblables ; il est exposé sous forme d'une métaphore. L'histoire de cet Aaron peut être lue au premier degré, mais aussi comme une parabole de notre nature composite : animale, matérielle, mais aussi esprit et aspiration à ce que l'homme peut devenir de meilleur. Ainsi, sa maladie n'en est pas une, il souffre comme nous tous de devoir composer tant bien que mal avec son être même, son enveloppe de chair inconfortable. La légende du Golem - cette poignée de glaise qui ne devient homme que grâce à quelques mots de sagesse, à l'esprit, est une image de nos vies. Ainsi, le rappel du rabbin, en conclusion, lui servira de viatique : toujours s'efforcer de dépasser son origine animale, en s'efforçant de devenir meilleur, pleinement et consciemment humain.

Les autres textes, lus sous ce éclairage, prennent du relief et révèlent plus complètement leur sens possible. Ce policier tourmenté par l'idée de la justice et de la loi, ce bûcheron simple qui se consacre aveuglément (obscurément) au travail, ce vieil homme qui s'efforce de comprendre l'origine de son malheur et le trouve en lui-même, ce géographe rencontrant un peuple qui ne vit que de l'instant présent, tous partagent tant bien que mal ce destin « du genre humain » qui est le nôtre … le huitième récit, « Partout où ils sont réunis », se réfère à un texte étrange de J-L Borgès : le Congrès. Les deux nouvelles sont en harmonie : celui de Lévy évoque trois êtres désemparés mais rapprochés pour différentes raisons dont une leur est commune (la perte brutale d'un proche), et qui cherchent fiévreusement à reconstituer l'aspiration millénaire de toute l'espèce humaine : comment construire une société fraternelle, juste et pouvant répondre aux aspirations de tous.
Un très beau livre.
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