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Critique de Erik35


Erik35
14 septembre 2016
"Je suis né à Paris de parents juifs mais honnêtes."

Ainsi Marcel Lévy entame-t-il, pince sans rire, ses chroniques et réflexions d'un raté - sous-titre de cet ouvrage tout à la fois philosophique et drolatique - au cours desquelles ce "jeune auteur" de 93 années, à l'époque de leur publication en 1992, nous livre sa méthode et ses conseils pour louper sa vie, selon les critères habituellement admis de la réussite sociale et personnelle. Car il ne s'épargne rien, oscillant entre description, sans concession ni pathos facile, de ses multiples mésaventures et déconvenues enfantines, amoureuses, amicales, professionnelles et des réflexions tout aussi légères sur la vie, sur lui-même et sur notre monde moderne, qu'elles manient, en réalité mais avec un bonheur de lecture jamais redondant, maniant aussi aisément humour -ironie souvent- que profondeur.

Car, au fond, Marcel Lévy nous laisse à entendre, page après page, et malgré tous les efforts pour nous convaincre du contraire, qu'il n'est pas besoin d'avoir "réussi" sa vie, d'être pécuniairement aisé, d'avoir une position sociale élevée, de connaitre une vie amoureuse et sexuelle débridée et aboutie, ni d'avoir pu laisser exprimer ses envies les plus intimes, (en l'occurrence l'écriture ; dans une moindre mesure, la peinture) pour, au final, avoir eu une vie plus heureuse qu'il ne pourrait sembler de prime abord. Quant au grand Bonheur, il le laisse sans rancune aux philosophes et aux imbéciles.

Une fort belle et élégante leçon de choses que cette oeuvre-là, jamais moralisatrice, tout à la fois surannée mais pour autant presque indémodable, souvent gentiment décalée (et revendiquée comme telle) si l'on se fie à nos propres manières de vivre actuelles, n'hésitant pas, telle cette première phrase citée en exergue, à donner au lecteur le goût délicieux et consommé de la provocation, du mot d'esprit, à la manière de ces fins lettrés du XVIIIème siècle dont notre auteur, décédé peu après la publication de son ouvrage, goûtait fort la compagnie.

Un livre à laisser perdurer, longtemps encore après sa première lecture, sur sa table de chevet.
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