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Critique de adtraviata


C'est l'actualité en Ukraine qui m'a fait sortir ce deuxième roman de Marina Lewycka de la PAL. D'elle j'ai lu il y a longtemps (et adoré son humour) Une brève histoire du tracteur en Ukraine. La romancière est née en 1946 dans un camp de réfugiés ukrainiens en Allemagne. Ses parents ont émigré en Angleterre, elle vit, a travaillé à Sheffield et écrit en anglais.

Ce roman commence au milieu des champs de fraises, dans le Kent, autour de deux caravanes (les hommes d'un côté, les femmes de l'autre) dans lesquels vivent des émigrés de diverses origines : deux Chinoises, des Polonais (citoyens européens), un Malawite et des Ukrainiens. C'est là que débarque la jeune et belle Irina, dix-neuf ans, fille d'un universitaire de Kiev, bien décidée à rencontrer en Angleterre le « Mr Brown » des livres d'anglais qui la rendra parfaitement heureuse. En fait de prince charmant, elle tombe sur un trafiquant d'êtres humains bien décidé à tirer d'elle un maximum de plaisir et de fric. Quand il l'enlève quelques jours après son arrivée, la troupe se lance à sa recherche en caravane tirée par une vieille Land Rover. Une folle équipée au cours de laquelle ils rencontreront un autre émigré « consultant » qui a bien compris tout le profit qu'il pourrait tirer de ses compatriotes en détresse, un élevage de volailles qui risque de vous dégoûter du poulet, une famille bobo londonienne un peu à l'ouest, des « zadistes » anglais et bien d'autres. Peu à peu, l'action va se resserrer, plusieurs personnages du début vont s'éloigner et on suivra surtout Irina, heureusement retrouvée et sauvée des griffes de Vulk, et Andriy, un autre Ukrainien, amoureux d'Irina depuis le début. Sans oublier le Chien, un véritable personnage dont le rôle sera vital

L'intérêt de ce roman, c'est bien sûr de nous raconter une bonne histoire pleine de rebondissements et d'humour, mais c'est surtout de mettre en scène des travailleurs précaires, toute une économie parallèle qui emploie des immigrés, la plupart du temps non déclarés, payés avec des salaires de misère, logés dans des conditions indignes. Et pourtant ils restent pleins de vie et d'espoir dans ce roman. Andriy rêve de rejoindre Sheffield, où il pense trouver le paradis communiste parce que la ville s'est montrée solidaire des mineurs du Donbass. le troisième point intéressant, c'est de dépeindre, à travers les caractères opposés d'Irina et d'Andriy – elle, fille d'universitaire, cultivée, ouverte sur l'Occident, lui fils de mineur du Donbass, pro-russe – les antagonismes de l'Ukraine, criants aujourd'hui avec l'invasion de la Russie mais présents depuis longtemps (le roman date de 2007). On appréciera évidemment le talent de romancière de Marina Lewycka, qui ne juge jamais ses personnages et sait passer du sérieux au vaudeville avec un art consommé. Et tant d'autres choses qui font le sel de ce roman mais que je ne peux toutes révéler ici…
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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