AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de SZRAMOWO


Roman de genre écrit en 1975, la huitième case pourrait souffrir de la comparaison avec des romans du même style parus depuis quarante et un ans. Il n'en est rien.
L'intrigue du récit est simple :
Dans une zone rurale de Nouvelle Angleterre, des voisins, tous propriétaire terriens, se retrouvent un dimanche matin pour accueillir, dans la tradition, l'héritier de l'un des des leurs, qui vient prendre possession du domaine Stuart après la mort de ce dernier.
Comme son père, Harry Gage est chirurgien.
La tradition consiste à faire le tour de la propriété de l'heureux bénéficiaire sous la houlette de Albert Rogers, un arpenteur dont la mémoire est capable de retenir et de restituer les positions et l'histoire de la moindre borne de propriété, qu'elle soit naturelle - arbre remarquable, souche, étang, buisson, relief de terrain - ou artificielles.
Il est assisté par Tom Putney, un jeune homme de l'assistance qu'il a recueilli.
Albert Rogers, avance et récite, à la façon de l'enregistrement d'une boite noir, la troupe le suit tant bine que mal, le plus souvent essoufflée, n'y comprenant rien mais lui faisant une confiance aveugle, ou pire faisant semblant de comprendre. L'assistant exécute les ordre du maître, pose un galon rouge sur un orme, déploie la chaine d'arpenteur et hurle la distance mesurée.
«Six degrés sud. Ouest- Nord-Ouest, 2 chaînes et 16 maillons.» «Jusqu'à un noyer et un tas de pierres.»
«C'est bien sud 28, Mr Roger ?
J'ai dit 28, Putney
Au début de la journée, les choses se passent bien. Tout baigne. Il fait jour, la température est clément, le paysage radieux et somptueux.
Mais peu à peu, devant l'ampleur de la tâche, beaucoup renâclent espérant en finir au plus vite avec cette corvée d'un autre âge.
Le récit est divisé en 5 parties.
La première dépeint les portraits de ces hobereaux bourrée de certitudes, conscients de leurs origines de classe.
Freddy Jamison par exemple, est le 10ème descendant de Lord Sandwich, celui qui, lors de la guerre de Crimée inventa l'en-cas auquel on a donné son nom.
D'autres comme Gladys ou Albert sont des pièces rapportées, enfants de commis ou de serviteurs qui ont été élevés avec les enfants des propriétaires employant leurs parents. Ils n'ont pas droit à la parole.
Léo Garvix, à l'inverse, se prend pour le chef, il houspille les traînards.
Mais la journée ne se déroule pas telle que Rogers l'avait planifiée de façon à terminer le tour du domaine Stuart avant la tombée de la nuit.
Comme dans tout groupe rencontrant des difficultés, la confiance envers les leaders s'amenuise, et les relations se tendent. Des conflits anciens surgissent entre les membres de la petite troupe. Des reproches fusent.
La vie privée de ces nantis, n'est guère reluisante :
Le couple Garvix - Leo et Gladys - part à vau-l'eau, Freddy est l'amant de Gladys Garvix, Sibyl Jamison ressasse à l'infini le souvenir de ses études en Europe où elle regrette de ne pas être restée, John Bayles et Leo Garvix se disputent une parcelle de terre, le père de John est en pleine dépression, Harry Page en a plus que marre de son métier de chirurgien et rêve d'autre chose, Ollie Gelston tente de séduire Harry Gage...
C'est à ce moment là que l'arpenteur fait un burn out. Il sombre dans une sorte de coma. Tom Putney son assistant est incapable de guider le groupe.
La nuit tombe. Personne n'a la moindre idée de l'endroit où le groupe se trouve. Les options s'affrontent :
Faut-il continuer, bivouaquer en attendant le jour, grimper à un arbre pour faire le point, ou pire, se séparer pour permettre à chacun de suivre l'idée qui lui parait la plus à même de ramener la troupe vers le village.
Léo veut prendre le leadership, faisant croire qu'il connait la route, jusqu'à ce que l'évidence s'impose, ils tournent en rond.
Gage, le médecin, garde pour lui son intime conviction, l'arpenteur ne s'en sortira pas, malgré les soins de fortune qu'il lui a donnés.
Peu à peu le groupe se déchire et les individualités surgissent.
Huis clos remarquable parce qu'il se déroule en plein air...mais l'atmosphère de ces bois est étouffante. Sans compter que chacun s'enferme dans sa petite tour de certitudes.
La fin est véritablement bluffante.
A lire par les adeptes de Lieberman et tous les autres aussi.
Lien : http://desecrits.blog.lemond..
Commenter  J’apprécie          150



Ont apprécié cette critique (15)voir plus




{* *}