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Critique de Perlaa


Une voix off se lance dans un long flash back. Albert Graves se confie. Un mauvais moment à passer pour dire la vérité, sa vérité.
Huis clos dans une maison isolée pour Albert et Alice, deux retraités, s'adonnant aux joies simples du jardinage, de la cuisine et de la pêche.
Oh bien sûr la vie est un peu terne! Albert se remet de malaises cardiaques, le couple est solitaire, il n'a pas eu d'enfants, et chaque jour s'écoule sans beaucoup de surprises.
Aussi, lorsqu'un jeune employé chauffagiste, Richard, intervient pour une réparation, on lui offre une limonade, puis sans bien savoir pourquoi on le convie à rester dîner puis...il s'installe subrepticement dans la maison.
A partir de là le récit s'emballe et c'est le long récit de l'emprise d'un être sur un couple, bienveillant et méfiant à la fois. Richard est un taiseux. On s'interroge sur ses origines, sur ses motivations. Cette situation n'est pas normale, les signaux envoyés sont discordants et le couple alterne sérénité et trouble.La tension monte. Les habitants de la petite ville proche passent de la désapprobation muette à la mise au ban du couple.
La lecture devient un marais dans lequel on s'enfonce toujours plus et où aucune main secourable ne vient plus sauver le couple. Un texte sans temps mort, où tout s'enchaîne dans un engrenage infernal.
C'est une réflexion sur le couple, sur la solitude, sur la différence aussi et la nécessaire empathie. Cet intrus - dont la présence rappelle Frank, le commis de Malamud, dont on ne peut plus se débarrasser - n'est peut-être ici que l'expression incarnée de la vacuité de la vie du couple et de leurs silences.
C'est un roman psychologique où la frontière entre le bien et le mal est poreuse. Albert a-t-il bien agi? Et Alice ? La question morale le taraude encore, plusieurs années après. Il n'en est pas persuadé lui-même. Qu'importe ! Il nous tend un miroir. On est dans sa tête, avec lui. Il a l'humilité de reconnaître ses faiblesses et d'en demander pardon. Aurions-nous fait mieux ? Un roman addictif qu'on ne lâche pas et qui s'autorise, de surcroît, plein de clins d'oeil malicieux.



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