AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Crossroads


Paul Konig est-il un homme heureux ?
Instinctivement, je pencherai pour un non négatif.
Remarquez, difficile de taper dans l'euphorie dès potron minet avec un tel CV.
Une épouse emportée par la maladie et dont le poids de l'absence pèse un peu plus chaque jour.
Une gamine préférant jouer les filles de l'air plutôt que de subir un quotidien de plomb.
Ça vous pose une ambiance pour les dix décennies à venir.

Et son boulot, me direz-vous, comme possible exutoire ?
Bien vu, Paul Konig taffe et dur encore. Il est même une pointure dans son domaine. Une référence internationale consultée à l'envi lorsqu'il s'agit de faire toute la lumière sur un cadavre au pédigrée douteux car oui, youpie tralala, Konig est médecin légiste et règne en maître incontesté sur la morgue de N.Y.
Konig, un nom prédestiné pour ce roi de l'expertise légale.
Cependant, envisager une morgue comme possible antidote à un mal-être persistant mettrait en lumière un malaise beaucoup plus profond. Oublions.

Quoi qu'il en soit, et comme le disait Freddy - non, pas Krueger – the show must go on. le Boss va devoir rempiler et fissa pour ce qui s'annonce être la plus délicate de ses expertises.
Des corps retrouvés, normal, un constat à dresser, normal, des cadavres présentant la singularité de ne posséder ni dents, ni extrémités ni quoi que ce fut-ce susceptible de faciliter leur identification, nor..., à flûte et double diantre, ça sent encore les heures sup' c't'affaire là...

Nécropolis ne vous filera définitivement pas la grosse patate, c'est certain. Mais paradoxalement, il devrait vous poursuivre longtemps tant la charge émotionnelle qu'il dégage perdure bien après sa lecture.

Le contexte tout d'abord, celui d'un médecin légiste. Atypique. Excepté dans la série Rizzoli et Isles de Gerritsen, j'avais peu fréquenté ce petit milieu feutré. Lieberman, en guide expérimenté et avide de transmettre, se charge de la visite. Un périple érudit parfois complexe, pour le néophyte, mais toujours passionnant.

Et que dire de la personnalité de son anti-héros. Sur le fil du rasoir du début à la fin, il est de ces types a priori rarement favoris pour décrocher le prix orange mais qui finissent par susciter une empathie légitime tant les épreuves traversées vous touchent.
Nécropolis n'est pas un polar au sens premier du terme.
Il aborde le sujet, bien sûr, mais la vérité est ailleurs Scully.
L'introspection d'un homme sur le déclin, que plus rien ne semble retenir en ce bas monde si ce n'est le mince espoir de retrouver sa petite Lolly vivante, voilà bel et bien l'enjeu de ce récit au cordeau, servi par une écriture sèche et cafardeuse que rien ne saurait adoucir.

Nécropolis est une déflagration, un hymne au désespoir.
Un océan de noirceur dans lequel vous adorerez patauger, au risque de vous y noyer.
Une petite musique envoûtante qui ferait passer Mylène Farmer pour la reine de la déconne.
Nécropolis ne se raconte pas, finalement, il se vit, s'expérimente, à vos risques et périls...

♫ Dans mes draps de chrysanthèmes
L'aube peine à me glisser
Doucement son requiem
Ses poèmes adorés♪

Vas-y Mimi, chauffe !

4.5/5
Commenter  J’apprécie          543



Ont apprécié cette critique (45)voir plus




{* *}