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Maurice Rambaud (Autre)
EAN : 9782020058834
Seuil (01/06/1981)
4.1/5   792 notes
Résumé :
Paul Konig est le médecin-chef de l'Institut médico-légal de New York. Avec plus de quarante ans d'expérience, c'est une sommité au diagnostic parfait; son jugement fait loi et tous le respectent. L'implacable médecin n'a qu'une faille : le naufrage de sa vie de famille. Sa femme, morte d'un cancer, sa fille disparue et qu'il sait en danger. Noyant sa peine dans un travail acharné, Konig doit résoudre une affaire peu ordinaire: un véritable cimetière a été retrouvé ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (77) Voir plus Ajouter une critique
4,1

sur 792 notes
Magistral ! Ou quand Simenon rencontre Scorsese ; ce livre, c'est un peu Maigret dans "Taxi driver".

Contrairement aux polars conventionnels, il n'y a pas une seule intrigue, mais plusieurs qui s'entremêlent -comme dans la vraie vie. Paul Konig, chef de l'Institut médico-légal de New York, fait parler les cadavres qui se succèdent dans sa morgue et contribue ainsi à la résolution des enquêtes. Il doit aussi gérer la paperasse, le budget et le personnel. Et puis affronter les rumeurs, les politiciens, la presse... des histoires, tout ça. Mais surtout, il s'abrutit de travail pour oublier que sa fille a disparu ; la reverra-t'il un jour ?

Après avoir été quelque peu désarçonnée par le style, qui m'a fait penser à Simenon avec son emploi du présent, son sens du détail, sa petite nostalgie et ses soudains emportements, j'ai été happée par ce roman.
C'est un New York des 70's totalement cinématographique que dépeint Herbert Lieberman, et j'ai adoré. J'ai adoré ce New York sale, puant, mouvant, bruyant, où la folie, la misère et la violence explosent à chaque coin de rue, et où les flics portent encore des chapeaux. J'ai adoré cette formidable déclaration d'amour à cette ville qui change et que les protagonistes ne reconnaissent plus : "Elle était pourtant chouette cette ville, dans le temps. Une ville superbe. La plus belle ville du monde, bordel de Dieu. Maintenant c'est un dépotoir." Et j'ai adoré ces scènes hallucinées qui ponctuent le roman, comme des pauses étranges dans la tension qui le parcourt, et qui rendent New York encore plus fantasmagorique.
J'ai également aimé la concision chirurgicale avec laquelle l'auteur décrit les autopsies, la logique implacable des déductions ; à côté, la Kay Scarpetta de Patricia Cornwell, c'est Barbie en blouse blanche.
Enfin, il y a ce personnage monstrueux, Paul Konig, 64 ans, irascible, intransigeant, arrogant, qui hurle sur ses collègues ; LA référence mondiale en matière de médecine légale, qui a conservé de l'enseignement que lui prodigué son grand maître Banhoff un sens de la rigueur et de la précision d'une autre époque. Un obsessionnel en quête de vérité et de justice, qui se sent investi de cette mission terrible : "Si je fais ça, c'est qu'il faut que ça soit fait, et que personne d'autre ne le fera. (...) Je fais le ménage quand la saloperie de fête est terminée." Un homme brisé, surtout, qui se bat comme un animal blessé et qui suit des apparitions dans les rues en claudiquant dans son pardessus froissé et en passant pour un cinglé.

C'est donc un roman policier génial, publié en 1976, et encore mieux que tous les films déjà géniaux sortis à cette époque et mettant en scène la Grosse Pomme ("French connection", "Conversation secrète", "Un après-midi de chien"...). Je ne peux que le recommander chaleureusement à qui souhaite un dépaysement total, bien à l'abri dans son fauteuil. Bon trip !
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Paul Konig est-il un homme heureux ?
Instinctivement, je pencherai pour un non négatif.
Remarquez, difficile de taper dans l'euphorie dès potron minet avec un tel CV.
Une épouse emportée par la maladie et dont le poids de l'absence pèse un peu plus chaque jour.
Une gamine préférant jouer les filles de l'air plutôt que de subir un quotidien de plomb.
Ça vous pose une ambiance pour les dix décennies à venir.

Et son boulot, me direz-vous, comme possible exutoire ?
Bien vu, Paul Konig taffe et dur encore. Il est même une pointure dans son domaine. Une référence internationale consultée à l'envi lorsqu'il s'agit de faire toute la lumière sur un cadavre au pédigrée douteux car oui, youpie tralala, Konig est médecin légiste et règne en maître incontesté sur la morgue de N.Y.
Konig, un nom prédestiné pour ce roi de l'expertise légale.
Cependant, envisager une morgue comme possible antidote à un mal-être persistant mettrait en lumière un malaise beaucoup plus profond. Oublions.

Quoi qu'il en soit, et comme le disait Freddy - non, pas Krueger – the show must go on. le Boss va devoir rempiler et fissa pour ce qui s'annonce être la plus délicate de ses expertises.
Des corps retrouvés, normal, un constat à dresser, normal, des cadavres présentant la singularité de ne posséder ni dents, ni extrémités ni quoi que ce fut-ce susceptible de faciliter leur identification, nor..., à flûte et double diantre, ça sent encore les heures sup' c't'affaire là...

Nécropolis ne vous filera définitivement pas la grosse patate, c'est certain. Mais paradoxalement, il devrait vous poursuivre longtemps tant la charge émotionnelle qu'il dégage perdure bien après sa lecture.

Le contexte tout d'abord, celui d'un médecin légiste. Atypique. Excepté dans la série Rizzoli et Isles de Gerritsen, j'avais peu fréquenté ce petit milieu feutré. Lieberman, en guide expérimenté et avide de transmettre, se charge de la visite. Un périple érudit parfois complexe, pour le néophyte, mais toujours passionnant.

Et que dire de la personnalité de son anti-héros. Sur le fil du rasoir du début à la fin, il est de ces types a priori rarement favoris pour décrocher le prix orange mais qui finissent par susciter une empathie légitime tant les épreuves traversées vous touchent.
Nécropolis n'est pas un polar au sens premier du terme.
Il aborde le sujet, bien sûr, mais la vérité est ailleurs Scully.
L'introspection d'un homme sur le déclin, que plus rien ne semble retenir en ce bas monde si ce n'est le mince espoir de retrouver sa petite Lolly vivante, voilà bel et bien l'enjeu de ce récit au cordeau, servi par une écriture sèche et cafardeuse que rien ne saurait adoucir.

Nécropolis est une déflagration, un hymne au désespoir.
Un océan de noirceur dans lequel vous adorerez patauger, au risque de vous y noyer.
Une petite musique envoûtante qui ferait passer Mylène Farmer pour la reine de la déconne.
Nécropolis ne se raconte pas, finalement, il se vit, s'expérimente, à vos risques et périls...

♫ Dans mes draps de chrysanthèmes
L'aube peine à me glisser
Doucement son requiem
Ses poèmes adorés♪

Vas-y Mimi, chauffe !

4.5/5
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Quand il y a de la vie il y a de l'espoir ? En refermant ce livre, j'ai plutôt l'impression inverse : tant qu'il y a des morts, il y a de l'espoir pour Konig. C'est sa vie.
C'est comme ça que Paul Konig a toujours vécu depuis quarante ans. Ce médecin légiste en chef, est un passionné. Il dirige la morgue de New-York depuis des années et c'est lui le meilleur. Il s'est donné les moyens pour être le meilleur, des heures de travail acharné, ne rien laisser au hasard, être présent, soutenir et former les agents qui travaillent dans son service, approfondir ses connaissances jusqu'à l'ultime. Mais tout a un prix. Et son professionnalisme, sa passion extrême, c'est au détriment de sa famille, de son enfant. Lui qui peut reconstituer la vie d'un homme allongé sur sa table de légiste, ces morts qui n'ont plus aucun secret pour lui, une fois qu'il a examiné chaque partie des corps, il n'a pas su voir ! Il n'a pas su trouver les mots qui réconfortent une enfant triste à la suite du décès de sa mère, l'épouse de Konig.
C'est un livre brillant, dense, qui envoute presque tellement les différentes histoires qui le composent sont imbriquées avec brio et donne vie à cette morgue avec moult détails qui permettent presque de sentir les odeurs fétides. La morgue prend vie pour le lecteur qui découvre un lieu aux mille facettes, les problèmes au sein des équipes, l'intervention des politiques et les liens avec les enquêteurs de la police. C'est un super roman, fort bien écrit qui ne laisse rien de côté et nous plonge dans la psychologie des différents personnages sans rien nous épargner. J'ai beaucoup apprécié cette lecture.
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Macadam luisant, poisseux de désespoir, les douleurs lancinantes d'une sciatique, la pluie froide d'avril, les petits matins blêmes, les nuits glauques et ... des cadavres sans-tête.
Bienvenue à Nécropolis, la grande morgue de New-York, sise sur les bords d'un grand fleuve, l'East River, comme toute bonne antichambre de la mort qui se respecte.
Paul Konig, grand manitou de cette succursale de l'enfer au sommet de sa carrière, se bat contre ses propres démons entre deux autopsies bien corsées ; sa fille chérie a disparu, pour le fuir.
Pour nous, simples lecteurs du commun des mortels, entrer dans ce temple de la Mort aux côtés de Konig, maitre ès anatomie, c'est comme être aux premières loges d'un amphithéâtre de dissection, l'odeur en moins. Faut avoir les tripes bien accrochées, ou être familier de la chose pour pouvoir profiter du spectacle...
Nécropolis, où une lente plongée en enfer.
Plusieurs enquêtes se côtoient, toutes plus glauques les unes que les autres - des cadavres sans têtes, des vols de cadavres à la morgue, un suicide ambigüe en prison, la fille de Konig, disparue - et en sus, Konig va devoir gérer un scandale au sein de son équipe, un scandale qui va faire grand bruit auprès de la Mairie, dont la crédibilité déjà mise à mal par la violence urbaine grandissante, ne laissera pas passer cette sombre histoire de cadavres volés et de complaisance policière, surtout pas quand les élections approchent...
Nécropolis, comme dans un cauchemar où l'on se débat, comme un horrible accident que l'on se force à regarder, Nécropolis, une lecture "sang pour sang" noire, Herbert Lieberman a mis en place une implacable mécanique d'orfèvre bien huilée, destinée à nous embarquer inéluctablement dans cette noirceur, avec notre permission, mais contre notre volonté...
Je n'émettrais que quelques bémols devant cette oeuvre, témoignage d'un New-York sans doute pas si éloigné que ça de celui de maintenant : quelques redondances dans l'histoire (les trop nombreux passages sur la solitude désespérée de Konig), et quelques tournures stylistiques un peu trop récurrentes (le fameux décroché de téléphone à suspens : "Un silence, embarrassé et sinistre ; chacun des deux hommes guette la respiration de l'autre." Lieberman semble bien aimer la respiration au bout du fil... il en use et abuse.)
Mais Nécropolis reste un roman noir culte, que tout amateur du genre se doit d'avoir lu.

Challenge pavés 2015-16
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L'histoire de quelques jours de la vie de Paul Konig, chef du centre médico-légal de la police de la ville de New york. Konig est un bourreau de travail, le meilleur de la ville dans son domaine, voire au monde.
La psychologie de ce personnage est profondément travaillée, ainsi que celle des ses collègues et autres enquêteurs. Mais "la ville de New York des années septante" est aussi l'un des personnage principaux. Celui-ci est très détaillé, et vraiment bien décrit. L'on se laisse allé à ces longues, mais jamais ennuyeuses descriptions. L'univers est riche et le décor est très vivant.

L'intrigue ou devrais-je dire les intrigues, car elles sont à niveaux multiples et que plusieurs enquêtes se chevauchent, sont intéressantes. L'enquête principale correspond à l'identification, par konig, de deux cadavres mutilés retrouvés sur les bords du fleuve. Mais en plus de cela, ce dernier doit faire face de manière impuissante à la disparition de sa fille unique et de l'enquête en rapport qui patauge.

Vous l'aurez compris le roman est bien un roman noir. Descriptions de corps mutilé, contexte de la morgue etc. Accrochez-vous si vous êtes une âme sensible, ou passer votre chemin. De mon coté je n'ai pas trouvé cela choquant, mais apparemment ce n'est pas le cas de tout le monde.

Pour conclure, nous avons ici un excellent roman policier, (avec une fin que j'ai trouver très correct, pour ne pas dire que je la trouve juste parfaite) qui m'a grandement plu et qui rentre probablement dans la liste des 10 romans que j'ai préféré. Une lecture que je garderai en tête pendant quelques années et que je reprendrai plaisir à relire.

Edit : je l'ai relu avec un grand plaisir.
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critiques presse (1)
Telerama
22 juin 2022
Nécropolis, c’est New York vue de la morgue. Au travers d’un récit fiévreux, tissé d’une multitude de fils tendus à craquer, le roman le plus fameux de Herbert Lieberman croque une « cité des morts » monstrueuse et déjantée. Peuplée de cinglés et d’assassins, s’agitant au rythme frénétique des sirènes et des crissements de pneus des voitures de police et des ambulances.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Konig dérive dans la nuit d'avril moite et vaporeuse, poursuit sa route sous la lumière crue des lampadaires coiffés de halos transparents et fantomatiques, croise au passage une marée de visages jeunes et animés. Ici, le monde entier est jeune et du coup, lui, il se sent vieux. Débordant d'une jalousie et d'un mépris étranges, le cœur brisé. Leur vitalité le raille. Il scrute leurs visages, ardents, avides, qui cherchent la vie au fil des trottoirs souillés d'immondices.
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Le psychiatre sait tout et ne fait rien.
Le chirurgien ne sait rien et fait tout.
Le dermatologue ne sait rien ni ne fait rien.
Le médecin légiste sait tout, mais un jour trop tard.

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Il s'était souvent dit que, s'il pouvait s'en remettre à la magie et aux sorciers locaux, aux chapelets et aux talismans, tout se passerait bien. [...]
Si seulement il pouvait surmonter le cynisme qui le rongeait, se laver de quarante ans de scepticisme et d'orgueil, atteindre le havre d'une petite oasis verdoyante pour y retrouver le goût de l'espoir, peut-être pourrait-il encore se sauver.
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Avril est de retour . L'éveil du printemps . Les temps des feuilles d'impôts et le mois des suicides .Finis mars et avril la saison des noyés , qui , lorsque fond la glace sur les rivières gelées , apporte sa récolte de camés , de vagabonds et de prostituèes . Juillet et août approchent - les mois des couteaux . Canicule et meurtres .Blessures par balles , blessures par lames , strangulations fatales - sinistre cortège vomi par les ghettos torrides du centre de la ville . Puis viendra septembre - le début de l'automne - saison de la décrépitude , des remords , des deuils inexplicables . Petits enfants roués de coups et victimes d'hématomes sous -épidermiques , et d'hémorragies sous-cutanées . Ensuite octobre ...paisible, aimable , et la fournaise des rues de la ville dimuera tandis que la mort observera une courte trêve , épuisée par tant de carnage . Pour bientôt repartir de plus belle à l'assaut tout au long de novembre et décembre . La saison des vacances. Thanksgiving et le Prince de la Paix . Alors les suicides recommencent.
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Chaque fois que Konig accomplit cette descente, chaque fois qu’il pénètre dans cet abattoir, ce charnier qu’embrument, toujours plus épaisses, des vagues de miasmes putrides, il se sent submergé par l’impression bizarre, et pourtant parfaitement appropriée, qu’il rentre une fois de plus chez lui
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