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Critique de Agneslitdansonlit


Je ne suis pas une lectrice férue de science-fiction. Mais, alors là, je me suis totalement laissée absorber par ce roman de "climate fiction" de Jean-Marc Ligny.
Il est le 4ème, et si j'ai bien compris le dernier, d'une saga climatique, dont le décor dresse le constat accablant des folies humaines qui ont concurru à la destruction et au saccage de notre planète.
Jean-Marc Ligny est extrêmement sensible à la cause environnementale et aux dangers réels qui menacent notre planète, il est parfaitement documenté par les lectures des rapports du Giec, ce qui confère à sa plume réalisme inquiétant et cohérence dans son récit.
Une fois passé ce premier point anxiogène, nous voilà plongé dans un nouveau monde, un monde d'après catastrophe, où tous nos repères sont modifiés puisque le climat est totalement déréglé, la nature et sa faune complètement impactés ont dû s'adapter.

Différents protagonistes interviennent dans ce roman, ils appartiennent tous à des micro communautés humaines, qui ont dû survivre coûte que coûte. Certains paysages sont âpres et désolés, hostiles et inhospitaliers, mais il reste des oasis et des microclimats locaux qui ont permis à la vie de s'abriter, voire de se développer.

Nous sommes plongés dans un monde où l'humain n'est plus en haut de la pyramide des espèces. Pour s'adapter, les différents êtres humains ont dû s'organiser en micro-société avec un retour plus ou moins rude à la nature, selon ce qu'elle peut leur offrir. Plus question évidemment de société de consommation !!!

Mais l'espèce humaine va aussi devoir composer avec de nouveaux arrivants, une espèce génétiquement modifiée par l'homme lui-même lors des "Âges sombres" (notre époque actuelle !): les fourmites, croisement avantageux au niveau protéines pour l'humain, entre des fourmis et des termites. Or cette source de subsistance alimentaire prévue par l'humain, va se retourner contre lui, puisque cette nouvelle espèce, elle aussi dotée de capacités d'adaptation, saura s'organiser, et revendiquer une suprématie parfois très agressive. L'enjeu des protagonistes sera de savoir passer des alliances, d'où le titre du roman, avec cette nouvelle espèce, afin de garantir encore sa place sur cette planète.

Outre les menaces permanentes d'un climat destructeur et d'espèces animales invasives et agressives, les différents personnages devront aussi lutter contre des hordes de sauvages, qui, prétextant le respect dû à Mère nature, commettront des exactions abominables dont le récit, terriblement réaliste, m'a glacé le sang. Si Jean-Marc Ligny nous confiait avoir été grand reporter en ex-Yougoslavie ou au Rwanda, nous le croirions aisément...

L'auteur alterne les récits des différents protagonistes, qui ne se connaissent pas, et vivent dans des endroits très différents les uns des autres. Forcément, en début de lecture, on est piqué au vif de savoir si les différents narrateurs vivent à la même époque, s'ils sont contemporains les uns des autres ou bien si l'auteur nous retrace une histoire sur différentes générations. Et puis l'histoire se met en place, on commence à comprendre les ancrages des différents personnageset on se laisse entraîner aisément dans ce roman qui fait tout de même plus de 400 pages, mais dans lequel on ne voit pas le temps passer.

L'écriture est fluide et simple, peut-être parfois autant un peu redondante que simpliste, mais toujours très agréable.
C'est évidemment un plaidoyer contre le nucléaire, il reste un sujet important du livre puisque les différents protagonistes auront à combattre les velléités de redémarrage d'une centrale par un leader fou. Je dois avouer que j'ai trouvé la fin un peu moins "solide" et un peu trop facile à mon goût comparée à tout le reste du roman. Certains personnages sont peut-être un peu légers voire loufoques, un peu fantaisistes malgré le contexte, ce qui ôte un peu de son caractère anxiogène au récit. Il y a un un contraste entre un cadre très inquiétant et une façon de narrer les aventures des protagonistes avec parfois une forme de légèreté, voire d'amusement, par exemple avec les relations entre animaux qui cohabitent bon gré, mal gré, chez Ophélie dans la jungle. Jean-Marc Ligny a su totalement personnifier les animaux qui deviennent a part entières des personnages de l'histoire.

Le cadre et le contexte sont parfaitement cohérents, Jean-Marc Ligny a totalement su anticiper ce que pourrait être le futur de notre planète et nous dresse une vitrine angoissante mais non sans espoir de ce nouveau monde. Reste la question brûlante qui me taraude à la fin de ce roman, que va-t-il advenir à présent des héros de cette histoire ? Jean-Marc Ligny osera t-il nous laisser sans réponse ?!
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