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Critique de Renod


Limonov a écrit le « livre de l'eau » lors de ses trois années de détention à la prison de Lefortovo. le livre a été publié en Russie en 2002, puis en France, douze ans plus tard. Il est composé d'un patchwork de souvenirs se succédant sans suite chronologique et sans unité géographique. Il sont liés et organisés autour du thème de l'eau. Cette thématique est déclinée sous toutes ses formes : les océans et les mers, les fleuves, les étendues d'eau (lacs, étangs), les fontaines et enfin les bains (jacuzzi, saunas, bains publics, piscines,etc). Pour le reste, le procédé est connu : Limonov mène la vie d'un personnage de roman et nourrit son oeuvre de souvenirs autobiographiques. Il livre donc son autoportrait sous toutes ses facettes : délinquant, poète, icône de la contre-culture, chef de parti, migrant, domestique, pigiste, etc. Il est fasciné par les armes à feu et les guerres. Il voyage dans de nombreuses zones de conflits : Ex-Yougoslavie, Transnistrie, Abkhazie, Tadjikistan ; mais étrangement il ne mentionne aucun déplacement en Tchétchénie pourtant riche à cette période de séparatistes, nationalistes et d'armes automatiques … Il est également envoûté par les femmes. Il évoque ses nombreuses relations quitte à parler de ses ex concubines en des termes pas toujours flatteurs. Certains proches qui l'ont trahi par le passé reçoivent aussi leur petite gifle en passant, notamment Douguine. Si je connaissais l'érotomane et l'insurgé, Limonov dans ce livre laisse deviner un autre besoin, celui de la perpétuité. Il est travaillé par le désir de perdurer, de marquer par son passage et ses récits les lieux qu'il a fréquentés, de baigner dans l'éternité.
Ce livre est plus un recueil d'anecdotes qu'une véritable oeuvre littéraire. L'auteur ne nous épargne pas les banalités : les cuirs italiens sont de mauvaise qualité, les Français se lavent peu… Lire les souvenirs d'un écrivain qui a passé sa vie à écrire des récits autobiographiques, c'est se heurter inévitablement aux redites. L'auteur avoue même en nous parlant de son grand amour, Elena : « oui, je sais, je sais, j'en ai déjà parlé ailleurs, mais j'ai envie de le raconter encore ! Encore ! ». A vous de décider si vous souhaitez lire à nouveau des choses qui ont été mieux écrites dans un récit antérieur… Pour avoir lu « le poète russe aime les grands nègres », je constate que « le livre de l'eau » est amputé de ce qui faisait le charme de ce premier roman : la « grinta ». Oui, j'ai bien retrouvé la forfanterie de l'auteur mais il manque sa fougue, sa pugnacité. Alors je reste sceptique quad je vois que l'éditeur a apposé sur la couverture un bandeau rouge avec cette citation d'Emmanuel Carrère : « son meilleur livre depuis ‘'Journal d'un raté'' ». J'espère qu'il s'agit plus d'une accroche publicitaire que d'une analyse littéraire objective.


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