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Critique de mylena


mylena
07 septembre 2021
Après avoir lu Limonov d'Emmanuel Carrère j'ai eu envie de relire le poète russe aime les grands nègres. Je ne l'ai pas plus apprécié, pas moins non plus. C'est le premier roman de Limonov, un récit autobiographique, jusque là Limonov est un quasi inconnu, poète soviétique de l'underground qui diffusait ses poèmes par le samizdat. Il a fini par être discrètement expulsé d'URSS. Dans ce récit il nous raconte ses désillusions, ses errances dans New-York. Limonov s'y révèle tel qu'il est, au naturel, très autocentré. J'avais apprécié et j'apprécie toujours sa franchise quand il dénigre le monde soviétique tout en montrant tous les défauts du monde occidental, pire sur certains points. Mais difficile de trouver quelqu'un ayant une plus haute estime de lui-même que Limonov, du moins en ce qui concerne ses capacités littéraires : je rappelle qu'à l'époque, il a trente ans, aucun de ses textes russes n'est publié, et dans ce premier texte il râle déjà sur le fait de ne pas être reconnu. Il fallait oser ! Politiquement il se rapproche des gauchistes d'occident, fréquente les trotskystes et rêve d'une révolution mondiale tout en ne comprenant pas très bien les intellectuels gauchistes de New-York (des années plus tard il fondera en Russie le parti National Bolchévique). Côté sexe, le livre est cru, assez trash, mais pas autant que le titre français pourrait le laisser croire. Ce titre est mensonger et correspond moins au contenu du livre que l'original qui se traduirait tout simplement «Moi, Editchka» (en toute modestie !). Donc côté sexe, il est arrivé aux USA avec Elena qui, ne supportant pas de mener une vie si minable et ne voulant pas d'une vie de petits boulots, le quitte pour un vieux plein aux as. de dépit et en mal de partenaire, il finit par faire une rencontre dans un terrain vague qui va remédier pour un temps à sa grande solitude. le grand nègre est donc extrêmement anecdotique dans l'ensemble du récit. Une des choses que j'avais beaucoup aimé à ma première lecture et qui m'a à nouveau beaucoup plu, c'est la vision de New-York par Limonov, probablement parce que c'est un grand marcheur et qu'il parcourt la ville à pied en permanence. Il rencontre énormément de monde et dans les milieux les plus divers : politique, monde de l'art, administration, petits boulots divers, et son regard lucide et désespéré est intéressant. Mais si on n'aime pas les livres sur les états d'âme il faut fuir cet ouvrage. Ceci dit c'est un cas unique : ce type lambda aura droit des années plus tard à une biographie, après avoir fondé un parti, fait du trafic d'armes, soutenu les Serbes, tenté un coup d'État, fait de la prison… Dire qu'il écrivait alors « Bon, j'étais poète, oui, poète, puisque vous voulez savoir, pas un poète officiel, un poète clandestin, mais c'est fini ; maintenant je suis des vôtres, je suis un minable. »
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