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Critique de Arakasi


Quelque part au fin fond de la Suède, dans une banlieue glacée peuplée de chômeurs, d'alcolos et de ménages fauchés, Oskar attend. Il attend le jour où il pourra vivre sans peur, aller à l'école sans se faire tabasser par ses camarades, sans subir le mépris dégouté des professeurs, se débarrasser de la compassion larmoyante de sa mère – « Tu as mis ton bonnet, mon chéri ? » - devenir fort, courageux, un adulte enfin. Mais Oskar n'a que douze ans et, forcément, tout cela prend du temps... Alors il remâche sa rancune et larde les arbres de la cour de son immeuble de coups de couteau de cuisine. Jusqu'au jour où arrive Eli. Eli n'est pas une petite fille comme les autres : elle ne sort jouer que la nuit tombée, se balade en tee-shirt sous la neige, ne parle pas beaucoup, ne mange jamais rien, mais surtout elle est forte, elle n'a peur de rien, ni de personne. Progressivement, une complicité profonde va se nouer entre les deux enfants, tandis que des meurtres sanglants – enfants égorgés et vidés de leur sang, femmes retrouvées avec le cou lacéré… – épouvantent la petite banlieue tranquille.

J'en entends déjà râler : Encore des vampires ? Vous en avez pas la claque, vous, des buveurs de sang ? Sauf que John Ajvide Lindqvist traite le sujet comme nul autre. Loin des habituelles séries B sanguinolentes, l'auteur s'attache à raconter une histoire d'amour touchante et étrange entre deux êtres différents et complémentaires : un enfant qui souhaiterait être un monstre et un monstre qui souhaiterait être un enfant. L'enfance, sa cruauté et son absence de repères moraux sont au centre du récit : Oskar accepte facilement la « monstruosité » d'Eli, car elle lui semble peu de choses face aux souffrances qu'il affronte des mains de ses semblables.

Un récit fort, violent, dur – certains sujets abordés sont assez traumatisants : meurtres, mais également pédophilie, prostitution enfantine, viol, etc… – mais mâtiné également d'une certaine tendresse qui permet de rendre toute cette noirceur supportable. A conseiller aux fanas de vampires, mais également à tous les amateurs de bonnes histoires fantastiques. J'en profite également pour recommander l'excellente adaptation ciné de Tomas Alfredson (le réalisateur de l'adaptation récente de « La Taupe » de le Carré), « Morse ». le cinéaste a retranscris à merveille l'ambiance tout en nuances de gris du roman, alternant explosions de violence et interludes de douceur : une réussite !
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