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Critique de Illwenne


Il a fallu de nombreuses années à Carlos Liscano pour se sentir capable d'écrire ce livre, pour ramener à sa mémoire ces faits qu'il s'était efforcé d'oublier pour pouvoir revivre. Après sa libération il a dû s'exiler loin de son pays, en Suède, pour recommencer une nouvelle vie.
Le Fourgon des Fous, c'était le nom que les prisonniers donnaient au véhicule qui les ramenait à la liberté à l'issue de leur détention. Celle de Carlos Liscano aura duré treize ans et c'est de ces années passées dans les prisons uruguayennes où il a été torturé dont il parle dans ce livre. Il n'en fait pas un récit suivi, mais livre ses souvenirs et ses réflexions par petites touches, sans ordre chronologique, un peu comme si il les écrivait au fur et à mesure qu'ils remontaient à la surface de sa mémoire. Ou bien qu'ils étaient tellement douloureux qu'il les laissait là sur le papier, en désordre, comme pour s'en débarrasser.
Il n'y a aucun pathos dans ce récit, mais curieusement un certain détachement, nécessaire pour parler de la douleur extrême que doit ressentir un homme sous la torture. Il n'y a sans doute pas de mots assez forts pour l'exprimer. Pendant les pires de ces moments, Liscano se raccroche à une seule chose : ne pas parler, ne pas dénoncer ses amis. Alors il faut ruser avec le tortionnaire, ne pas dire d'emblée qu'il ne parlera pas, répondre évasivement aux premières questions pour voir quelles seront les suivantes et essayer de deviner ce qu'il sait : un jeu du chat et de la souris où cette dernière perd à tous les coups. Mais la fierté du prisonnier, bien que son désir le plus cher soit de mourir, c'est de tenir. Et pour cela il est reconnaissant envers son corps de ne pas l'avoir lâché.
Plus que des souvenirs, que le récit de la réclusion et des tortures qu'a subis cet homme, c'est un témoignage sur la dignité humaine. "....bien plus fort et nécessaire que la capacité du corps à supporter la douleur, il y a quelque chose qui fait que le prisionnier tient le coup. Ce n'est pas son idéologie, ce ne sont même pas ses idées, et ce n'est pas la même chose chez tous. le torturé s'accroche à quelque chose qui est au-delà du rationnel, du formulable. Ce qui le soutient, c'est sa dignité.....Celle de savoir qu'un jour il devra regarder en face ses enfants, sa compagne, ses camarades, ses parents."
Lorsqu'il sort de prison, il a trente six ans, ses parents sont morts tous les deux, il ne reconnaît pas la ville où il a vécu jusqu'à son arrestation. Pendant qu'il était en prison, où tous les jours se ressemblent, la vie continuait à l'extérieur et il prend conscience qu'il a des années de liberté à rattraper. le plus étonnant c'est qu'après ces longues années de souffrances, il ne ressente aucune haine envers ses bourreaux et qu'il ait pu reconstruire sa vie, même si cela a été long.
Lien : http://lecturesdebrigt.canal..
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