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Citations sur Le fourgon des fous (12)

Si le torturé parle il affrontera son pire ennemi.Il sera seul avec lui.même, des semaines, des mois, des années, il aura le sentiment d'être une merde, il se demandera pourquoi, il se dira qu'il aurait dû et pu en supporter davantage, un peu plus encore, une autre nuit, une autre séance, une autre immersion de sa tête dans le baril.
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On pourrait se demander comment la même université qui forme les médecins qui meurent sous la torture forme ceux qui aident à torturer.
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Je viens d'avoir sept ans. J'apprends à lire l'heure, mais je n'ai pas de montre. À cette époque, seuls les adultes ont une montre. Une montre est un instrument sérieux, cher, dont il faut prendre grand soin. Ça ne se confie pas aux enfants.
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C'était un homme de coeur. Il s'est occupé de moi, il m'a protégé. Il a fait son devoir de père. Avec les ans, je tiendrai pour une vérité que remplir ses obligations, ce n'est pas rien.
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Certains jours, peu nombreux, tristes jours, mauvaises heures, je me dirai que mes années de prison m'ont enlevé des chances. Celle d'étudier par exemple. Jamais, à aucun moment, je ne sentirai que la prison m' a appauvrit spirituellement.
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Ce sont de nouvelles connaissances : le dégoût qu'inspire votre propre corps, l'officier qui torture et affirme sa prétention à être juste, le soldat qui s'amuse à faire en sorte que le prisonnier se cogne la tête contre le mur. C'est aussi cela, l'être humain.
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Dans la salle de torture l'atmosphère est par moment tumultueuse. Aux mugissements des prisonniers s'ajoutent les cris des tortionnaires. Cela sent le tabac, la sueur, l'alcool, l'urine, le désinfectant de toilettes. Cela sent la misère humaine, qui est une odeur indéfinissable, mais qui existe, inonde les salles de torture du monde entier. Ici cela sent deux types de misère : celle du torturé, et celle des tortionnaires. Ces odeurs ne sont pas les mêmes. Les misères non plus, mais elles affectent le même animal.

"Soi et son corps"
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Parmi tous ces souvenirs il y en a un, quelque chose qu’elle m’a raconté, et qui est celui que je préfère. Ma mère est enfant, elle vit à la campagne, dans une famille de cinq frères et sœurs. Pour aller à l’école elle doit faire plusieurs kilomètres à pied. Ma mère a une paire de sandales pour aller à l’école, qu’elle n’a le droit de mettre que pour aller à l’école. C’est l’hiver, il pleut. Ma mère court pieds nus à travers champs. Ses sandales sont enveloppées et bien rangées dans son cartable. Elle arrive à l’école, attend que ses pieds sèchent, puis se chausse. À la fin de la classe elle les range et court de nouveau à travers champs, sous la pluie, et je sais que ses sandales sont dans son cartable.
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Montevideo, 27 mai 1972. Il y a trois jours, ma soeur a eu seize ans, et ce soir on fait une fête pour elle. Je ne suis pas là à l'heure de cette réunion de famille. Je sais que ma mère doit être inquiète. Mon père doit se dire que je suis quelque part, occupé à Dieu sait quoi. Ma soeur pensera que je ne m'intéresse pas à elle.
J'avais l'intention d'aller à cette fête, et je l'avais annoncé, mais je n'irai pas. Je ne peux pas. A deux heures du matin les militaires viennent me chercher chez moi. Ils me tirent du lit, nu-pieds et en maillot, me mettent une cagoule, me lient les mains dans le dos, et me mettent sur le trottoir, face au mur. Puis ils me jettent dans une camionnette et nous partons.
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Bien des années plus tard je verrai, et je penserai, mon corps comme un animal ami. Je dois en être reconnaissant au dégoût que j’ai ressenti un jour pour lui, en me rendant compte que je ne le supportais pas, mais qu’il était tout ce que j’avais, et que je devais continuer à l’aimer, à prendre soin de lui, à le protéger. Aimer l’animal qu’on est, pour continuer à être humain.
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