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Critique de saigneurdeguerre


Et si c'étaient les Tchétchènes qui l'avaient emporté en Tchétchénie ?

Les Russes croient fermement qu'ils ont remporté la seconde guerre de Tchétchénie.

Ramzan Kadyrov, le petit Père des Peuples… Ah, non, ça c'est déjà pris par un certain Joseph (pas celui de Marie, un autre)… Reprenons et tâchez de suivre car vous me semblez très dissipés !

Ramzan Kadyrov et les Tchétchènes sont sûrs d'en être sortis vainqueurs… de quoi ? Mais de la guerre, bien entendu ! le pays est islamisé, la charia (à la sauce Kadyrov) est d'application, les femmes remises à leur place (avec possibilité pour un père de famille de tuer sa femme et ses filles), et la paix règne ! (Pour ce dernier point, il vaut mieux ne pas trop aller trainer du côté des forêts pour s'en assurer.)

Ramzan Kadyrov est le fils d'Akhmad Kadyrov, grand mufti d'abord opposé aux Russes, puis, avec la bénédiction de Poutine, président de la Tchétchénie de 2003 à 2004, année de son assassinat, le 9 mai.

Le petit Ramzan, devenu grand, est Premier ministre de Tchétchénie par intérim du 17 novembre 2005 au 28 février 2006 (avec la bénédiction de Vladimir Poutine, son très amical protecteur-bienfaiteur). Après cela, il devient tout naturellement président… Pour le rester très longtemps, longtemps, longtemps… En tout cas, il fait tout pour ! Et jusqu'à aujourd'hui, cela ne réussit pas trop mal à notre boxeur, cavalier émérite, plus grand constructeur du monde !

Quand Jonathan Littell effectue son reportage en Tchétchénie, pays qu'il connaît bien pour y avoir travaillé pour une ONG, il s'attend à trouver un pays en ruines puisque du 26 août 1999 au 6 février 2000, jour de la prise de Grozny, la capitale a été quasi entièrement détruite. A sa grande surprise, en 2008, il ne trouve plus du tout une ville en ruines ou, en tout cas, portant encore les stigmates de la guerre. Mais voilà, le magicien Kadyrov est passé par là ! Routes en très bon état, constructions modernes, peu de choses laissent penser qu'entre 15% et 26% de la population tchétchène a péri au cours de ces deux conflits.

Ramzan est un tel magicien bienfaiteur, loué soit Son Nom, que tout le monde l'aime. Dans le cas contraire, vous ne pouvez être qu'un terroriste et seule la mort est votre proche avenir. Jonathan est tellement favorablement impressionné que son livre eut été tout différent s'il n'avait rencontré des personnalités, qui au péril de leur vie, critiquent le « Leader Maximo » tchétchène, le « duce » du Caucase, le nouveau « führer », quoi !

Ce livre, publié en 2009, laisse entendre que Ramzan Kadyrov, grâce à ses magouilles (enlèvements, rackets, programme de reconstruction, « sécurisation »,…) et à la bénédiction de Poutine, trop heureux de s'être tiré des flûtes en Tchétchénie va faire une belle carrière de dictateur. En 2018, nous pouvons affirmer que Jonathan Littell a vu juste.

Attention, pour comprendre le langage employé par Littell, il est bon de lire d'abord le glossaire (p. 139, vers la fin du livre). Vous risquez aussi de vous perdre dans les noms des Russes et des Tchétchènes. J'ai lu le livre avec mon PC devant moi pour tenter de m'y retrouver. Quelques vidéos m'ont aussi bien aidé.
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