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Critique de gruz


gruz
11 décembre 2020
Ce que j'aime chez elle, c'est le ton. A l'image du titre français de son deuxième roman (qui est en fait une phrase tirée du livre). Dans le sous-genre du thriller psychologique, qui se répète sans cesse et où tout se ressemble, Elizabeth Little marque son territoire dès les premières pages avec son écriture dynamique, mordante, souvent sarcastique et bourrée de traits d'esprit.

Deux romans en six ans, l'autrice américaine n'est pas du genre à empiler les titres au kilomètre, gage d'une volonté de prendre son temps pour écrire des histoires qui sortent du lot, et de donner corps à des personnages forts.

Après le formidable Les réponses, cette nouvelle histoire nous plonge dans le monde du cinéma. Un univers dévoyant, qu'elle décrit de l'intérieur, avec ses codes et son ambiance si particulière. Rien que pour cette plongée cinématographique, ça en vaut la peine.

Mais le roman cumule bien d'autres qualités. L'intrigue est vraiment originale. Une sorte d'enquête improbable sur un ancien meurtre, et le film qui est sensé raconter les faits jusqu'à prouver qui est le tueur pourtant jamais appréhendé.

L'écrivaine a une approche intelligente, n'abusant jamais de rebondissements à outrance, et prenant le temps nécessaire pour construire son intrigue. Elle n'en devient que plus immersive, avec un sentiment de paranoïa qui s'amplifie au fil des pages. Une vraie ambiance, sans violence inutile.

Oui, ce qui frappe et secoue le plus, c'est ce style, cette écriture jouissive qui met un lumière une protagoniste principale, limite misanthrope alors qu'elle vit dans le monde de la lumière.

Des punchlines de pages en pages, à travers les pensées et les ressentis du personnage (le roman est écrit à la première personne).

Deux citations parmi d'autres, tant le livre en est formidablement truffé, qui démontrent bien cet humour noir omniprésent (et dépressif) de Marissa Dahl :

« Elle a des cils tellement épais que je parie qu'elle pourrait en donner la moitié au profit des enfants cancéreux et quand même servir de modèle pour une pub Maybelline. »

« Il est injuste de présumer que les gens beaux manquent de substance. Les mannequins sont aussi des personnes. Je l'ai lu quelque part. »

Une Marissa, monteuse de films de son état, qui va aller au-delà de son caractère introverti pour déterrer des secrets étonnants. Un personnage qu'on adore maudire, et qu'on se retrouve assez vite à aimer vraiment par ses failles et ses doutes.

Les filles mortes ne sont pas aussi jolies est un thriller psychologique singulier, truculent. Une peinture au vitriol du monde du cinéma, vu de l'intérieur, au travers d'une intrigue passionnante.

Elizabeth Little est décidément tout d'une grande dans ce monde aseptisé du thriller psychologique. Une vraie voix, une vraie plume, jubilatoire et corrosive.
Lien : https://gruznamur.com/2020/1..
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