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Critique de Soukiang


Cher Bonheur,

J'ai pris ...

A chaque fois que je lis un roman, de deux choses l'une, soit mon coeur continue de palpiter au rythme du suspense bien huilé après le point final, soit un sentiment de plénitude m'envahit au point de laisser mon esprit en paix, avec moi-même, ce moment privilégié que l'on voudrait prolonger, c'est un tourbillon d'émotions, une explosion de sens, ce deuxième roman de Virginie Lloyd se classe dans la deuxième catégorie, on parle de littérature blanche ou de feel-good, une histoire belle comme la lune, des personnages tellement attachants qu'ils accrochent et s'agrippent à vous, quand l'imaginaire rejoint la réalité, des réflexions existentielles vous remuant telles des souvenirs figés, que la vie est comme un cadeau avec toutes ses attentes, ses surprises, ses cailloux disséminés sur le long chemin de la construction, parfois il suffit d'enjamber ces obstacles, d'autres fois il faut juste accepter et attendre ...

L'enfance est une étape que tout un chacun a connu avec ses lots de moments de tendresse et de coups durs, la vie devrait être pour tous un long fleuve tranquille avant de plonger dans l'océan, être né différent doit-il précipiter la fin du monde, pour l'avoir vécu et encore aujourd'hui, s'il avait fallu attendre quelques années pour constater mon handicap, je ne suis pas le premier ni le dernier, le temps n'attend pas, les parents n'ont pas le choix sauf s'ils préfèrent la solution de facilité mais voilà, il existe cet amour maternel et l'instinct protecteur capable de renverser des montagnes, faire fi des conventions et de l'ignorance des autres, mettre un point d'honneur à suivre une scolarité normale, les liens du sang sont intrinsèques à chacun, le regard d'une mère vers son enfant est le plus beau des tableaux que l'on peut dépeindre pour cristalliser la vie et le don de soi, ce sacrifice qui imprègne et participera à la construction de celui qui continuera à porter en lui l'héritage et le patrimoine génétique.

Si tout le monde aspire à se créer un univers propre, un espace forgé au fil des années avec ses repères et ses habitudes, pour Augustin, atteint du syndrôme d'Asperger, cette difficulté à s'intégrer à toute vie sociale est un parcours du combattant, au point de devoir malgré lui évoluer dans un environnement limité, entre espace clos ou temps réglé comme une horloge, sa vie se résume à l'école mais surtout à ce hall de l'immeuble dans lequel il vit avec sa mère, c'est là que se trouve aussi les boîtes aux lettres qu'il aime observer à loisir, l'arrivée des missives et puis ... et puis ... l'arrivée impromptue d'un nouveau et mystérieux locataire va bouleverser tous ses curseurs, mettre à mal tous ses codes déjà rodés depuis ses premiers pas et en état de raisonner, si impossible rime avec difficulté, peut-être qu'il existe un temps des miracles ...

Découvrir une nouvelle plume, c'est s'ouvrir vers un nouveau champ de style, d'écriture et de choix de narration, l'alternance entre plusieurs personnages et la temporalité, passé et présent confondus, il est un exercice délicat d'harmoniser des pensées en butte contre l'impuissance, aux antipodes l'un de l'autre, au fil des pages, cette improbable rencontre agira-t-elle vers l'inconnu ou le sens commun, comment imaginer un seul instant les étincelles vous tambourinant le coeur, en prendre plein les yeux, cette délicatesse exprimant tout et son contraire dans la fragilité apparente, comment décupler la vitalité lorsque celle-ci est contrainte, une bulle reste une bulle sauf si la personnalité en décide autrement, le libre-arbitre et l'inattendue provoquent une danse aérienne, et c'est tout le roman qui brille de ses mille couleurs, la couverture symbolise cette union de deux mondes.

... la liberté de t'écrire.

La répétition de scènes due à ces troubles du comportement ne font pas oublier une certaine pudeur, la sensibilité de certains passages en mode survie participe à l'empathie et à la compassion, l'auteure a une imagination contagieuse, c'est pétillant comme de l'eau fraîche en plein été, j'ai pris un plaisir à évoluer en même temps que les personnages, dans leur quête si hétéroclites, passer du rire aux larmes et inversement, une véritable ode à la vie et à l'acception de l'autre avec ses différences, dans le respect de son univers-bulle, une construction dynamique insufflant une énergie communicative, souffler le chaud et le froid pour faire ressortir le meilleur de soi-même, leçon de vie et de méditation, la candeur d'Augustin contraste avec l'autre, ce mystérieux Victor, entre l'innocence incarnée et celui qui a vécu.

Voilà une histoire qui ne peut laisser personne ... indifférent, tant de poésie véhiculée et l'art de tricoter avec le pouvoir des mots, l'imperfection pourrait adopter une nouvelle perspective, ériger des châteaux de cartes comme ceux d'Espagne, toute la détresse morale est décrite avec délicatesse, sans voyeurisme ni complaisance, cet abandon de deux solitudes m'a beaucoup touché par la retenue et la célébration du silence comme un moyen de survivre, la renaissance de ces êtres blessés par la vie, la mère d'Augustin dresse le portrait magnifique d'une âme au carrefour de sa vie, belle comme la Joconde et puis il reste encore d'autres belles rencontres à venir ...

Dépêche-toi de répondre...

Je remercie Roselyne Laville ainsi que l'auteur pour leur confiance de m'avoir proposé ce magnifique roman auto-édité, plein d'amour et d'ondes positives, décapant et désopilant, léger et grave comme les percussions du coeur, au rythme de la vie, si le bonheur reste encore une chose mystérieuse qui se cherche en chacun de nous, au 7 rue Lamartine dans la belle Rose, tout reste encore possible !

Je termine par cette réflexion qui m'a, entre autre choses, fait prendre conscience d'une chose essentielle, être différent est peut-être, un don du ciel, reste à le respecter et le nourrir ...

Cher bonheur, j'ai pris la liberté de t'écrire. Dépêche-toi de répondre de Virginie Lloyd , c'est un roman génial-ttitude !❤️

Et si être différent n'était pas la clé vers ... le bonheur !
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