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Critique de EvlyneLeraut


Agréable, aérienne l'écriture de « La vie solide » d'Arthur Lochmann est à l'instar du toucher d'un bois travaillé par la force des vents et du soleil à son Zénith. L'auteur a de la chance, une grande chance. Brillant étudiant en philosophie et droit, il fait un pas de côté et change de voie. Et quelle fabuleuse voie ! Celle d'un métier artisanal en l'occurrence charpentier. Etreindre la puissance du bois et se polir au rythme des saisons donnantes. Cette expérience capitale pénètre en lui et le métamorphose à jamais. le charme et la vigueur de cet essai sont dans cette objectivité des savoirs qui vont oeuvrer. Par des maîtres d'apprentissages qui tels des passeurs vont lui octroyer le savoir. La main, ici est symbole. « Les uns pensent dit-on. Les autres agissent ! Mais la vraie condition de l'homme, c'est de penser avec ses mains ! » Arthur Lochmann apprend, persévérant mais se heurte parfois à la douleur qui, elle aussi est énergie. Son intelligence en éveil est une courbe qui s'ennoblit. Levier, elle fait, des gestes de l'auteur, son élévation. « Apprendre à scier n'est pas une mince affaire. » Tout repose dit l'auteur sur un dialogue constant avec la main. le lecteur est attentif à la mesure donnée. Il se délecte et s'imagine sur le toit du monde grandissant au jour de sa transmutation. « Loin d'être lassante, la répétition est source de gratification émotionnelle ». La routine n'existe pas. L'auteur est à l'instar d'un apprenti qui mue, tout se passe en invisibilité. Par cette force digne, par la persévérance, la sueur et parfois le sang. La fatigue est un outil bénéfique, elle en devient exutoire. le plus beau chantier universel dresse son macrocosme. L'auteur devient cet « Homme de Vitruve ». L'éthique d'une construction solide coule avant tout dans les veines du bâtisseur. Les Compagnons du Devoir sont des passeurs. La sociologie de cet essai est une boussole. Les convictions sont des outils à prendre en main sans crainte aucune. Cet essai suggère la voie qui se trouve en chacun de nous. Il offre sans ubiquité ni manichéenne posture les symboles invisibles qui se trouvent dans les mains râpeuses des travailleurs manuels. Cette éthique qui se voue en matière est une charpente admirable. Cet essai construit en cathédrale, jour après jour, aux vertus abouties est un kaléidoscope. Une marche en étoile à cinq branches au travers de la France, jusqu'au faîte d'un toit en clef de voûte. « Avant mon apprentissage, les bâtisseurs ne m'avaient jamais vraiment intéressé …J'ai commencé à voir les édifices comme la somme d'une multitude de gestes. » le lecteur a envie d'être cet apprenti qui va s'émanciper par des épreuves opératives qui vont se transformer en spéculatives subrepticement. La dernière page achevée laisse deviner dans un filigrane majeur les traits d'un chef-d'oeuvre. Chacun (e) puisera dans ce puits de lumière soit la scie soit le crayon. Publié par Les éditions Payot (La charpente comme éthique du faire) est à lire en plein chantier intérieur. Reçu dans le cadre de Masse-Critique Babelio, « La vie solide »est une chance de lecture. Merci !!!!!
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