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EAN : 9782228922715
208 pages
Payot et Rivages (23/01/2019)
4.15/5   53 notes
Résumé :
Arthur Lochmann a interrompu ses études de droit et de philosophie pour devenir charpentier. En apprenant le métier, il a découvert des gestes, des techniques et une pensée de la matière qui ont transformé son rapport au monde. Ce récit d’apprentissage plein d’humilité entremêle souvenirs de chantiers et réflexions sur le corps, le savoir et le travail aujourd’hui. Avec une langue limpide et élégante, l’auteur montre comment la pratique de cet artisanat lui a donné ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Je remercie Babelio et les éditions Payot-Rivages pour l'essai d'Arthur Lochmann « La vie solide : La charpente comme éthique du faire. »
L'ouvrage d'Arthur Lochmann est une ode au travail manuel, à la transmission du faire tout autant que du savoir-faire. Délaissant des études de droit et de philosophie, il entreprend un CAP de charpentier et c'est cet apprentissage qu'il nous raconte. Apprentissage d'un travail en groupe, où le « bien faire » est le leitmotiv parce que ça ne pardonne pas : la charpente doit résister pendant des générations, bien au-delà de la carrière professionnelle de l'artisan. Des gestes, une éthique, une posture corporelle, un travail en communauté qui auront des répercussions pour l'auteur sur la manière presque inconsciente de penser le monde, ce qui l'entoure et même ce qu'il est et comment il se représente. Comme un parallèle avec ces gestes qu'on apprend, qu'on acquière et que la main et le corps finissent par faire « instinctivement ».
En ouvrant cet essai, je m'attendais à y lire une approche plus philosophique du travail manuel comparativement au travail dit intellectuel. Et j'avoue avoir été un peu décontenancée par les premiers chapitres, détaillant techniques de la charpenterie, énumérant les outils spécifiques, décrivant la gestuelle, les essences de bois à utiliser selon les chantiers, les charpentes à bâtir ou restaurer. Sûrement autant décontenancée qu'un jeune en apprentissage apprenant tous les termes, les procédés et habitudes de ce milieu artisanal.
Mais comme sur un même tempo, à mesure qu'il prenait de l'assurance, acquise par les gestes appris, répétitifs, par le contact avec le bois et les outils, à mesure qu'il assimilait les outils, de leur nom à leur utilisation, aidé par les échanges avec ses collègues et chefs et par les nouveaux chantiers, je suis entrée dans son récit, dans cette initiation, avec une curiosité de plus en plus exacerbée et plaisante.
Je suppose que cet intérêt et plaisir plus vifs s'expliquent par le fait qu'il ne s'est pas contenté de d'écrire le quotidien d'un charpentier. Tout au long de son récit, comme celui d'un compagnon qui apprend, s'instruit, découvre des savoir-faire, Lochmann appuie ses réflexions par des références sociologiques, philosophiques, historiques et même linguistiques sur le travail manuel, le travail en équipe avec la transmission (de génération en génération) et la confiance qui sont intrinsèques à ce métier, mais aussi sur la conscience du corps, de la posture, de la main qui crée, tient, cloue, lime, scie, touche, caresse, bâtit.
J'ai trouvé qu'il y avait une humanité dans ce récit, dans ce monde artisan qu'est la charpenterie. C'est un vrai microcosme avec ces codes, son langage et ses expressions (apprenant entre autre, que « dans le jargon des compagnons, l'apprenti, qui court partout pour aller chercher ce qu'on lui demande, s'appelle ‘'le lapin'' ») et bien entendu la transmission des savoirs et son éthique du faire.
Malgré parfois des passages un peu trop techniques pour la béotienne que je suis, j'ai pris du plaisir à lire cet ouvrage (vous aurez bien entendu noté la plus que subtile insertion du terme « ouvrage » qui signifie à la fois « texte écrit » mais aussi, selon le Larousse, « un produit du travail de l'artisan ou de l'artiste »).
Son écriture est claire, agréable, parfois drôle lorsqu'il raconte certaines anecdotes de chantier. J'ai apprécié son caractère franc et humble aussi parce qu'il ne cache pas les difficultés d'apprentissage, les plantages -les mauvaises coupes et les faces de contact se plaquant mal les unes aux autres (bref lorsque cela ne « biche » pas)-.
Cela rappelle l'importance de la formation et de la patience. L'importance du temps, de la prise de conscience de ce temps mais aussi de l'espace, en sentant nos pieds bien ancrés sur terre, comme sur un échafaudage. II faut observer les autres, accepter de se tromper, recommencer encore, s'améliorer.
Plaisir de lecture lié aussi à ce sentiment d'avoir appris un peu plus sur une profession, sur l'humain, découvert l'habitus de ce corps de métier. Tout au long de ce récit-essai, Lochmann montre ainsi les valeurs et l'éthique de ce métier et de ces hommes artisans (parfois très proches des artistes).
Cela m'a confortée dans cette conviction de l'importance de la création par ses propres mimines. Faire, créer, bref le processus de création donne du sens (rassérénant pour le coup) et apporte aussi une petite satisfaction dans une ère du tout à la va-vite, de plus en plus vite, une ère du prémâché au supermarché (quel plaisir de préparer un bon repas et oublier les plats cuisinés industriels ; faire pousser ses carottes plutôt que de les acheter au supermarché ; tricoter même de ridicules moufles ou encore donner à ses meubles une seconde vie).
Lochmann montre son plaisir à travailler le bois, d'être souvent en extérieur à pouvoir respirer, contempler la nature, entouré d'hommes qui ont la même foi et le même amour de leur métier et c'est bien là un agréable « bouquet final* ».

(*tradition où l'on installe une branche fleurie au sommet de la « belle » charpente terminée).
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Un livre noté dans mes curiosités : "cf. Jean Montenot- "Lire Spécial Polar, n° 474/ avril 2019---

" Bref, il faut soigner son rapport au travail pour "reprendre la main sur sa vie"
Après des études littéraires, Arthur Lochmann décide de délaisser celles-ci pour passer un CAP de charpentier. Il découvre alors "un métier immensément exigeant, une vie solide à laquelle on s'attache"
Il en a tiré un récit un récit qui atteste un retour en grâce de l'artisanat en tant que que formation, procurant solidité et stabilité à l'individu contemporain confronté à la perspective de voir son identité atomisée, liquéfiée, n'être plus que transitoire (...)
Ce n'est pas là un nouvel impératif catégorique mais un sage conseil: pour éviter la dispersion et la liquéfaction de soi, l'apprentissage d'un métier artisanal peut s'avérer salutaire : "Le soin mis à l'ouvrage qui est [...] une manière simple et efficace de donner un sens plein à la vie "
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Arthur explique dans un produit marketing à usage unique et oublié demain comment de brillant "philosophe" (sic) et "avocat en devenir" (re-sic) il a consenti à se tourner vers le métier de charpentier (qu'il abandonnera probablement une fois son caprice passé pour rentrer dans le rang de sa classe sociale). Sa généreuse contribution à la charpente se sent dès le titre rédigé dans le jargon imbitable des pseudo-intellos bureaucrates et idéologues de l'Educ' Naz': La Charpente comme... éthique... "du faire". Oui, c'est ridicule. En même temps, c'est pas du français, hein. Donc on s'en cogne.

Marrant comme mon intérêt va plutôt aux gens qui ont fait le parcours inverse exactement, comme Gaston Bachelard, fils de cordonnier, facteur à 16 ans, puis instituteur (après une guerre courageuse), puis licencié de mathématiques, puis professeur de sciences physiques, puis agrégé de philosophie, puis docteur ès lettres à la Sorbonne, puis le génie qu'on sait, Gaston Bachelard, tel qu'en lui-même l'Eternité le fixe. Ou, plus près de nous dans le temps, comme Emmanuel Legeard, sans famille, issu du quartier le plus dur de France, gagnant sa vie comme pigiste, puis reporter, et parallèlement faisant décrocher des médailles d'or à des champions olympiques pour financer son ascension vers le doctorat ès lettres à la Sorbonne, et pour devenir qui on sait. Ca, c'est du mérite, et même plus: de la VALEUR. Mais dans ce pays où le grand, l'immense Michel Siffre est condamné au RSA (inimaginable!) et où Philippe Pujol, prix Albert-Londres 2014, est au chômage de longue durée... on préfère se tourner vers les choses et les gens médiocres, c'est plus rassurant. Ca dilue la responsabilité collective. N'est-on pas dans le meilleur des mondes?
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Agréable, aérienne l'écriture de « La vie solide » d'Arthur Lochmann est à l'instar du toucher d'un bois travaillé par la force des vents et du soleil à son Zénith. L'auteur a de la chance, une grande chance. Brillant étudiant en philosophie et droit, il fait un pas de côté et change de voie. Et quelle fabuleuse voie ! Celle d'un métier artisanal en l'occurrence charpentier. Etreindre la puissance du bois et se polir au rythme des saisons donnantes. Cette expérience capitale pénètre en lui et le métamorphose à jamais. le charme et la vigueur de cet essai sont dans cette objectivité des savoirs qui vont oeuvrer. Par des maîtres d'apprentissages qui tels des passeurs vont lui octroyer le savoir. La main, ici est symbole. « Les uns pensent dit-on. Les autres agissent ! Mais la vraie condition de l'homme, c'est de penser avec ses mains ! » Arthur Lochmann apprend, persévérant mais se heurte parfois à la douleur qui, elle aussi est énergie. Son intelligence en éveil est une courbe qui s'ennoblit. Levier, elle fait, des gestes de l'auteur, son élévation. « Apprendre à scier n'est pas une mince affaire. » Tout repose dit l'auteur sur un dialogue constant avec la main. le lecteur est attentif à la mesure donnée. Il se délecte et s'imagine sur le toit du monde grandissant au jour de sa transmutation. « Loin d'être lassante, la répétition est source de gratification émotionnelle ». La routine n'existe pas. L'auteur est à l'instar d'un apprenti qui mue, tout se passe en invisibilité. Par cette force digne, par la persévérance, la sueur et parfois le sang. La fatigue est un outil bénéfique, elle en devient exutoire. le plus beau chantier universel dresse son macrocosme. L'auteur devient cet « Homme de Vitruve ». L'éthique d'une construction solide coule avant tout dans les veines du bâtisseur. Les Compagnons du Devoir sont des passeurs. La sociologie de cet essai est une boussole. Les convictions sont des outils à prendre en main sans crainte aucune. Cet essai suggère la voie qui se trouve en chacun de nous. Il offre sans ubiquité ni manichéenne posture les symboles invisibles qui se trouvent dans les mains râpeuses des travailleurs manuels. Cette éthique qui se voue en matière est une charpente admirable. Cet essai construit en cathédrale, jour après jour, aux vertus abouties est un kaléidoscope. Une marche en étoile à cinq branches au travers de la France, jusqu'au faîte d'un toit en clef de voûte. « Avant mon apprentissage, les bâtisseurs ne m'avaient jamais vraiment intéressé …J'ai commencé à voir les édifices comme la somme d'une multitude de gestes. » le lecteur a envie d'être cet apprenti qui va s'émanciper par des épreuves opératives qui vont se transformer en spéculatives subrepticement. La dernière page achevée laisse deviner dans un filigrane majeur les traits d'un chef-d'oeuvre. Chacun (e) puisera dans ce puits de lumière soit la scie soit le crayon. Publié par Les éditions Payot (La charpente comme éthique du faire) est à lire en plein chantier intérieur. Reçu dans le cadre de Masse-Critique Babelio, « La vie solide »est une chance de lecture. Merci !!!!!
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Cet ouvrage se définit en 4e de couverture comme un récit d'apprentissage. Selon moi il est bien plus que la modeste histoire d'un étudiant qui délaisse les amphis pour devenir charpentier. L'auteur emmène dans sa caisse à outils son bagage académique, incluant le droit et la philosophie qu'il a étudié mais surtout une grande ouverture et curiosité sur le monde.

Il choisit la charpente comme il aurait pu choisir une autre activité artisanale, mais c'est dans ce domaine, au grand air, sur les toits, qu'il semble se sentir le mieux. Par tous les temps il travaillera tout en bénéficiant de jolies vues ce qui n'est pas pour lui déplaire.

Au début de l'ouvrage, il nous parle de la formation, les chantiers, les techniques, tout en évitant les clichés de la profession, ou le quotidien qu'on imagine parfois difficile. C'est plutôt vers l'art du faire, de construire pour plusieurs décennies qu'il veut nous emmener. Il ne dit pas que c'est facile, au contraire, la formation d'un compagnon dure sept ans – 10000 heures de formation - et une vie d'expérience. Il a fait le choix d'une école classique tout en changeant de chantiers et d'employeurs au gré des opportunités. Il ne manquera ni de travail ni d'occasions d'apprendre.

A mesure que l'on avance dans l'ouvrage, dans un plan en entonnoir, l'auteur prend de la hauteur sur le métier. L'artisanat permets de réaliser des choses concrètes où l'on peut être fier de son travail contrairement aux objets industriels qui aliènent et désincarnent. Il ne nie pas que le métier de charpentier se robotise de plus en plus, malgré tout on doit apprendre les gestes et savoir-faire, d'autant plus lorsqu'il s'agit de restaurer de vieilles toitures.

Les notions de transmissions, de traditions et de rites sont omniprésents : on apprend soi-même puis on transmets, ceci depuis le moyen-âge. Ces techniques ne sont pas secrètes, bien au contraire. Au début de l'ouvrage lorsque l'auteur nous emmène dans le jargon technique, on cherche une annexe avec des images, finalement par intérêt personnel j'ai trouvé facilement ces informations sur internet. Il compare de façon pertinente la transmission des savoirs, ce désir de partage, avec l'opensource et les biens communs en informatique.
Ce n'est pas un livre technique sur la charpente, c'est bien davantage selon moi un essai sur l'éthique d'une société écologique et solidaire.

Il rappel ainsi toutes les vertus du bois, sa noblesse, ses possibilités de réparation ou d'évolution. Lors d'un travail manuel ce ne sont pas que les muscles qui travaille, le corps ne peut pas être séparé de l'esprit. Il rappel ainsi qu'en sciant ou en clouant, l'oeil, la main et le cerveau travaillent ensemble.

Des anthropologues, sociologues, historiens et philosophes, sont cités, pour mieux argumenter son propos. Ainsi on trouvera dans le texte des passages évoquant des personnalités très différentes, comme Simone Weil, Richard Sennett, Bruno Latour, Bernard Stiegler ou encore Aloïs Riegl. J'ai toujours trouvé que ces citations étaient appropriés, permettant d'élargir le propos dans un cadre plus vaste qu'une toiture.

De façon métaphorique la charpente est cette structure qui permets de nous protèger des intempéries, sur laquelle on peut compter, solide, construite pour durer. Avec cette image rassurante, concrète, l'auteur propose selon moi un changement de paradigme, avec des métiers ou l'on peut s'épanouir du travail bien fait, utile et durable. Il ne critique pas directement la modernité, le capitalisme ou l'individualisme, mais l'on comprend que ceux-ci nous mène dans l'impasse dans laquelle se trouve notre monde globalisé aujourd'hui. Ce n'est pas seulement un éloge du travail manuel, c'est surtout une réflexion sur les conséquences de nos actes dans le temps long.

Enfin, l'auteur n'oppose pas modernité et tradition, au contraire, c'est davantage vers un métissage qu'il souhaite que l'on se tourne : utiliser les techniques d'aujourd'hui sans oublier les savoirs faire et notre culture.
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critiques presse (3)
LaViedesIdees
08 octobre 2019
L’expérience personnelle de l’auteur est riche d’enseignements et sa critique du travail contemporain est fondée et bien documentée. On peut toutefois regretter que, dans la seconde partie de l’ouvrage, il s’égare dans des considérations hors-sol, en suivant des auteurs dont il ne questionne pas les limites.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
Liberation
14 mars 2019
Il étudiait la philosophie, il est devenu charpentier : Arthur Lochman fait dans la Vie solide le récit de son apprentissage d’un métier tout en force physique, mais aussi en écoute subtile des propriétés du bois et des gestes qu’il autorise.
Lire la critique sur le site : Liberation
Liberation
06 février 2019
Ayant choisi de devenir charpentier plutôt que philosophe, Arthur Lochmann élabore un nouveau rapport au corps et au monde, un style de vie, voire une « éthique du faire ».
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (53) Voir plus Ajouter une citation
Dans un ouvrage majeur de l'anthropologie, Le Geste et la Parole, André Leroi-Gourhan a montré que le développement de la main et celui de l'intelligence ont été concomitants dans l'évolution de l'espèce humaine. Pour résumer: un aspect caractéristique de l'être humain, c'est sa bipédie permanente et parfaite. Le fait de ne plus marcher sur les mains les a libérées de leur fonction de locomotion et, ce faisant, a ouvert la possibilité du geste. Du même coup, la bouche s'est trouvée libérée de la fonction de préhension qu'elle assumait lorsque les mains servaient au déplacement. Elle a ainsi pu détourner ses mouvements naturels d'ouverture et de mastication pour les mettre au service de l'articulation, c'est-à-dire de la parole et du langage. Ce n'est donc pas l'intelligence de l'être humain qui l'a fait se relever, mais parce qu'il s'est relevé qu'il a pu développer son intelligence - manuelle et linguistique.
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Roland Barthes a distingué trois modes de transmission des savoirs : l'enseignement, le maternage et l'apprentissage. A ces trois modes de transmissions correspondent respectivement trois types de savoirs : les savoirs intellectuels, qui sont enseignés par le discours oral ou écrit ; les "savoirs ignorés", qui ne font l'objet d'aucune explication ni présentation délibérée, et dont l'exemple type est la situation d'un enfant apprenant à marcher sous le regard de ses parents : ceux-ci ne lui apprennent pas comment marcher, mais l'encouragent, l'appellent, l'entourent, c'est-à-dire, le maternent ; enfin les savoir-faire qui nécessitent d'être montrés, et doivent pour cette raison faire l'objet d'un apprentissage. A propose de ce dernier mode de transmission, Roland Barthes a écrit ceci : "Une compétence se transmet silencieusement" [...]
Cela est particulièrement vrai des savoir-faire, qu'il est difficile de décrire par le langage : un geste n'est pas le résultat à obtenir, mais un ensemble complexe de postures, de mouvements, de rythmes et de forces exercées, qui s'accommode mal de la linéarité du langage écrit ou oral. C'est pourquoi un métier comme celui de charpentier s'apprend par contact, en voyant faire, en essayant de faire. Dès lors, trouver sa place sur un chantier, quand on débute bien sûr, puis tout au long de sa vie professionnelle, ce n'est pas précisément essayer de faire la preuve de sa grande indépendance ou vouloir tout apprendre par ses propres moyens, mais au contraire se situer soi-même par rapport au savoir et à l'expérience des autres, observer la façon dont ils travaillent, reproduire leurs gestes et adopter leurs combines.

pp.122-124
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C'est une expérience proprement édifiante que de grimper dans la charpente d'un clocher. A l'abri des ardoises, dans les étroits passages que l'on se fraye à force de contorsions, on se trouve comme dans une poche de résistance à l'écoulement du temps. Là, les pièces de chêne sont en place depuis plusieurs siècles. Ces assemblages ont connu toutes les intempéries, toutes les guerres, les vibrations si régulières des cloches, le passage des saisons. Eprouver à ce point la permanence des choses est un sentiment qui se fait rare. (p 128)
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Au fil des ans et des chantiers, j'ai acquis cette conviction : l'apprentissage et la pratique d'un artisanat sont un ensemble d'expériences, de méthodes et de valeurs adaptées aux défis individuels et collectifs de la modernité. Ce livre est une enquête résolument subjective sur ce qu'une telle culture peut apporter dans une vie aujourd'hui. Voici donc un récit d'apprentissage.

Prologue, p. 16
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On retrouve ces moments de grâce dans de nombreuses tâches des chantiers. C'est l'immense plaisir de l'anticipation collective des étapes de travail à venir. Quand tous connaissent les routines à mettre en œuvre et que chacun parvient à y trouver sa place, il s'instaure dans certaines équipes une fluidité symbiotique que je n'ai jamais retrouvée nulle part ailleurs, et qui est l'une des raisons de mes constants retours sur les toits. (p 113)
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Vidéo de Arthur Lochmann
Il y a un an, déjà, nous, la librairie Dialogues à Brest, lancions ce nouveau podcast avec l'idée de faire entendre la voix d'auteurs et d'autrices qui posent un regard neuf sur le monde qui nous entoure. 29 épisodes plus tard, nous espérons avoir tenu parole. Et nous sommes bien décidés à ne pas nous arrêter en si bon chemin ! En attendant de nouvelles découvertes, c'est un épisode anniversaire un peu spécial que nous vous proposons aujourd'hui. Voici quelques morceaux choisis, des extraits qui nous ont marqués, et que nous avons sélectionnés rien que pour vous.
Bibliographie: - Soleil amer, de Lilia Hassaine (éd. Gallimard) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18955847-soleil-amer-lilia-hassaine-gallimard - Être à sa place, de Claire Marin (éd. de l'Observatoire) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20086231-etre-a-sa-place-habiter-sa-vie-habiter-son-corps-claire-marin-editions-de-l-observatoire - La Voyageuse de nuit, de Laure Adler (éd. le Livre de poche) https://www.librairiedialogues.fr/livre/17909272-la-voyageuse-de-nuit-laure-adler-le-livre-de-poche - La Carte postale, d'Anne Berest (éd. Grasset) https://www.librairiedialogues.fr/livre/19134288-la-carte-postale-anne-berest-grasset - L'Amant, de Marguerite Duras (éd. de Minuit) https://www.librairiedialogues.fr/livre/10713-l-amant-marguerite-duras-les-editions-de-minuit - Cornebidouille, de Pierre Bertrand (éd. École des Loisirs) https://www.librairiedialogues.fr/livre/10983245-cornebidouille-pierre-bertrand-ecole-des-loisirs - Porca Miseria, de Tonino Benacquista (éd. Gallimard) https://www.librairiedialogues.fr/livre/19926528-porca-miseria-tonino-benacquista-gallimard - le Grand Monde, de Pierre Lemaitre (éd. Calmann-Lévy) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20145088-les-annees-glorieuses-le-grand-monde-roman-pierre-lemaitre-calmann-levy - Sale Gosse, de Mathieu Palain (éd. J'ai Lu) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18867763-sale-gosse-roman-mathieu-palain-j-ai-lu - le Droit du sol, d'Étienne Davodeau (éd. Futuropolis) https://www.librairiedialogues.fr/livre/19099529-le-droit-du-sol-journal-d-un-vertige-etienne-davodeau-futuropolis - Toucher le vertige, d'Arthur Lochmann (éd. Flammarion) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18980776-toucher-le-vertige-arthur-lochmann-flammarion - L'Art de la joie, de Goliarda Sapienza (éd. le Tripode) https://www.librairiedialogues.fr/livre/9964608-l-art-de-la-joie-goliarda-sapienza-le-tripode
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