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Critique de Perlaa


Essai transformé. Après le très réussi « Nous rêvions juste de liberté », « J'irai tuer pour vous » parvient avec un égal savoir-faire à nous captiver.
Claquant comme un fouet le titre nous provoque. Pourtant il est plutôt malin. Il joue sur plusieurs leviers, la transgression (tuer), le malaise de notre besoin, de notre compromission (pour vous), et en sous-texte l'idéalisme, le sens du devoir voire l'addiction à l'acte et l'absence de scrupules.
Roman inspiré de faits réels. Dans les années 80 l'Iran perpètre en sous-main des attentats terroristes sur le sol français. Les services secrets français sont sur les dents entre Paris et Beyrouth. Beyrouth où des otages français innocents seront retenus plusieurs années par le Hezbollah. Rien n'est clair. Les revendications et la communication relèvent de l'intox.
Dans ce contexte Marc Masson, tête brûlée idéaliste, biberonné aux mouvements de libération d'Amérique latine, est contacté par la DGSE pour mener un certain nombre d'actions de terrain. En d'autres termes il va jouer le rôle de barbouze pour l'État français.
Le roman s'appuie sur une solide documentation. Ceux qui ont connu ces années-là retrouvent les actualités de l'époque. Toutefois longtemps j'ai cru fictif le personnage de l'homme d'action, une sorte de concentré de diverses influences. Il n'en est rien.
Je m'interroge sur la construction des héros rendant crédible cette destinée hors du commun, un petit-fils de guérillero bolivien et la fille d'un propriétaire d'un (très) grand cru de Bourgogne. Ce n'est pas la caissière ou le magasinier du coin. Rien ne permet de discerner la part de réel et de création du personnage. Les noms et lieux ont tous été modifiés.
En plus d'être un homme de terrain exemplaire dévoué au peuple Marc Masson est doté d' un supplément d'âme. Il invoque régulièrement son amour de la littérature, de la nature et noue une relation amoureuse forte. Seule la violence est toujours là, s'exprimant encore quand elle n'est pas nécessaire.
Le roman est palpitant . S'il faut un peu de temps pour que les différents protagonistes convergent vers le même objectif, le roman devient addictif à partir du milieu et on ne lève plus les yeux des 300 dernières pages.Les scènes d'action sont remarquablement transcrites. Pas de gras mais beaucoup d'émotion.
Le message, trente ans plus tard, est désabusé. La situation était tendue et les politiques en sortent étrillés, préoccupés par leur seule (ré)élection ; la DGSE, pas toujours glorieuse, marque quelques points. Les héros de l'ombre ont été sacrifiés. le juge Bouloque se suicidera, le contact DGSE démissionnera, Marc Masson, soutenu a minima, sera oublié de ceux pour qui il avait tant donné.
Un roman riche et fort.
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