Tes amis…
Tes amis
ne savent pas ton nom,
ton nom secret,
celui que la nuit noire
te donne quand, soudain,
le doute t’ouvre en deux
espaces d’impuissance.
Tu les croises …
Tu les croises dans l’île
à rêves découverts,
visages confondus,
vingt mille robinsons,
solitudes à vendre
sept lundis par semaine
et pas un Vendredi qui vaille l’or d’aimer.
Elle se souvient …
Elle se souvient de toutes ses premières fois :
la première fois en mer, la première fois sous terre,
la première fois qui dure et le premier échec.
Elle dit se souvenir de la première stupeur et du premier
bonheur.
Elle ne raconte pas : elle est bien trop pudique.
Elle se souvient des hommes, elle se souvient des bras,
— elle se souvient des sexes, elle se souvient des bouches —
Elle en parle de si près que des haleines embuent les verres
de ses lunettes.
Elle dit « de cette mémoire, je n’ai pas de mérite
je compte vingt mille jours
et comme j’ai peu vécu, mes souvenirs
sont des jardins en pente faciles à entretenir ».
Ne montrez surtout pas vos ailes
Ne montrez surtout pas vos ailes :
mon rire vous les brûlerait.
Les chemins de l’école
Les chemins de l’école
sont les plus beaux retours
J’arrive à la mer…
J’arrive à la mer
Je fais de courtes promenades
la dune entre par mes sandales
et l’éternité par mes yeux
Dans des univers provisoires…
Dans des univers provisoires
tu vas tu vogues sans consigne
ni de prudence ni de gloire,
tu navigues pour trouver l’Autre,
le virtuel alter ego
et tu caresses des chairs d’écran
froides comme des amours parfaites.
Des heures tournées vers l’océan…
Des heures tournées vers l’océan,
noyées demain dans le bouillon des jours,
subsistent entre hâle et peau,
entre sommeil et rêve,
entre sable et marée,
ces quelques fines rides
qui tirent tes yeux vers demain.
J’adresserai demain…
J’adresserai demain
à d’autres vagues
mes bouteilles à la mer,
je rassemblerai vos absences
pour les offrir à des visages
de clandestine ressemblance.
Ne faites plus un geste
vers mes lèvres.
Je meurs de silence.
Ce temps qui nous tire en arrière
répondra seul de notre histoire
quand bleus sous les paupières,
vos yeux foudroient l’orage.