Le Talon de fer

Je n'ai pas apprécié...
D'abord, à cause de la forme. Chose rare chez London, la Narratrice est une femme. Mais cela n'apporte rien, car le personnage ne fait rien elle-même : elle se contente de rapporter les paroles des uns et des autres - surtout son mari, elle se déplace d'un endroit à l'autre mais avec l'assistance d'hommes pour se cacher ensuite, et, lorsque les émeutes éclatent, elle est assommée rapidement et s'évanouit, puis elle dort et à nouveau besoin d'hommes pour être sauvée. Autre point négatif sur la forme : le texte est une succession de discours politiques et d'exposés, il y a peu d'actions véritablement, c'est très bavard. London veut faire passer ses idées, mais il le fait en expliquant, en dissertant, et le rythme du récit en pâtit énormément. D'ailleurs, beaucoup de verbes sont à l'imparfait : "nous préparions", "nous rencontrions", pour indiquer que le temps est celui de la durée, pas de l'action immédiate. Et on ne se rend pas forcément compte du temps qui passe, ce qui nous perd dans la succession des événements, certains paraissant trop rapides - la grève générale des socialistes du monde entier qui met fin à la guerre avec l'Allemagne, la révolte de Chicago à la fin..., et d'autres trop longs car trop démonstratifs.
Une réserve aussi sur les personnages. Les figures du "Talon de fer" sont interchangeables, les orateurs qui échangent avec Ernest se ressemblent tous, disent tous la même chose. Ernest, lui, apparaît comme une figure quasi christique, de martyr en tout cas, prêcheur exalté, personnalité remarquable - sans qu'on comprenne pourquoi.
Beaucoup trop de réserves pour ce texte, malgré toute l'admiration que j'ai pour London et ses chef-d'oeuvres.