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Critique de MartinEden87


« J'aimerais que le socialisme existe, mais je sais que ce n'est pas la prochaine étape. Je sais que le capitalisme doit d'abord arriver à son terme, que le monde doit être exploité au maximum, que les nations doivent commencer à lutter pour leur survie de façon plus radicale, plus intense, plus étendue que jamais. J'aimerais me réveiller demain dans un État socialiste, mais je sais qu'il n'en sera pas ainsi. Je sais que cela ne peut se passer ainsi. Je sais que l'enfant doit passer par les maladies infantiles avant de devenir grand. Aussi souviens-toi que je parle toujours des choses qui existent et non de celles qui devraient exister. »

Cette déclaration de Jack London, à son ami Cloudesley Johns - qui figure dans la préface de « Le Peuple d'en bas » des éditions Libretto - laisse peu de doutes quant à ses espoirs de changement social, si ce n'est sur le long terme.
Peu après cette déclaration, il sera amené à produire une véritable enquête de journaliste d'investigation dans l'East End de Londres de 1902. le but étant de comprendre comment l'Empire britannique (le plus puissant au monde) peut contenir en son sein la plus grande précarité ouvrière du monde civilisé.

En bon naturaliste il troquera ses habits d'homme civilisé pour des frusques de prolo anglais. Expérimentant cette vie de crève-la-faim. Passant des nuits blanches le ventre vide et les membres endoloris par le froid jusqu'aux premières lueurs de l'aube. Passant d'autres nuits dans des asiles où, contre un lit et une maigre ration, il sera obligé d'accepter un travail de dur labeur.
Ainsi au plus proche de la réalité, il sera à même de décrire la précarité prolétaire dans ce qu'elle a de plus crue. Une précarité qui a plusieurs causes (mauvaise constitution physique, accidentés du travail), mais qui mène toujours ceux qu'elle touche vers une fin de vie misérable.
Dans le chapitre 16: « La propriété contre la personne humaine », London montre, avec articles de presse à l'appui, que cette civilisation matérialiste a élevé la marchandise à un degré de considération supérieur à celle de la dignité humaine (faisant écho au concept de Marx de « Fétichisme de la marchandise »). Les atteintes physiques aux personnes valant peu de choses contre le vol de la marchandise elle-même.

Au milieu de ce portrait pessimiste au vitriol, Jack London propose des solutions et nomme un coupable: la mauvaise gestion. J'ignore s'il croyait lui-même à cette conclusion ou si c'était un gage pour son éditeur qui lui avait demandé de retirer un chapitre à charge contre la monarchie britannique.
Toutefois on ne peut que saluer la rigueur et la probité journalistique de London. En ces temps de Brexit et de succession au trône d'Angleterre, c'est un ouvrage que tout britannique devrait relire.
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