AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de itculture


Paru en 1928 après un séjour-circuit de 4 mois dans les pays des colonies françaises en Afrique : AOF Afrique- Occidentale française et AEF Afrique-Equatoriale française, Albert Londres témoigne par sa plume incisive la réalité de l'inhumanité des colons blancs envers la population indigène.
Le captif constitue les compagnies de travailleurs sur les différents chantiers où la force de travail est exclusivement celle de leurs bras : Canal de Sotuba ; chemin de fer du Sénégal, du Soudan, de la Guinée, de la côte d'Ivoire, du Togo, du Dahomey, du Congo. Aucun engin mécanique ne sera utilisé pour ces ouvrages titanesques. Bilan du Congo-Océan environ 20 000 morts. Les coupeurs de bois en Côte-d'Ivoire subissaient un sort identique. Quand leurs mains, leurs bras ou leurs corps n'étaient pas écrasés par les troncs abattus, ils jouissaient du régime de la « chicotte » ou fouet à lanières nouées, pour travailler toujours plus vite. L'administration corrompue saura aussi les excroquer d'un paiement indu d'impôts. Après un mois de travail, toutes charges retenues, souvent le travailleur noir sera débiteur, sans révolte.
Outre la situation misérable qu'impose l'administration coloniale et ses serviteurs à la population autochtone, les coutumes tribales ancestrales sont encore vivaces. La situation de la femme est celle d'une esclave dont les seules valeurs sont celles du travail et de la procréation. Les jeunes filles sont parfois sacrifiées par les féticheurs ou sorciers (comme chez la civilisation Maya, entre autres), au bénéfice d'une année fertile en récolte ! Ou bien à Bamako, chaque année lors d'une grande fête, une jeune fille vierge était donnée à manger au caïman. En le lisant, on a l'impression de régresser au temps de la traite, soit 2 à 3 siècles auparavant, sans qu'aucune évolution sociale ne soit intervenue durant ce laps de temps. Les captifs de traite sont devenus captifs de case, ainsi les maîtres n'ont plus le droit de les vendre, mais les échangent ! L'empereur toucouleur à Ségou, El Hadj Omar, puis Ahmadou son fils, grand rogneur de têtes à qui on envoya Gallieni pour plus de modération, conserva quelque temps celui-ci en tata (prison fortifiée). Son règne de décapitation dura 13 années.
Les chefs tribaux ont tout pouvoir sur leur population ; les chefaillons noirs désignés par les coloniaux sont exécrables avec leurs semblables p44 : « dès que le noir représente l'autorité, il est féroce pour ses frères. Il les frappe, saccage leur case, mange leur mil, ingurgite leur Bangui (vin de palme), exige leurs filles ».

Ce document pamphlet qui dénonce les dérives du système colonial, destiné aux politiques et lecteurs éclairés du continent sous le titre « la traite des noirs », suscitera de nombreuses controverses et polémiques de la part des élus et des ministres. L'auteur se fera de nombreux ennemis, déjà, et peut-être jusqu'à en être victime ?
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}