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Critique de chocobogirl


Louis est un petit garçon de 8 ans, d'origine asiatique. Il vit seul dans une banlieue normande en compagnie de sa mère et ignore qui est son père. Malgré les nombreuses questions sur ses origines, sa mère refuse de lui répondre. Louis, que sa différence de peau éloigne de ses camarades peu tolérants, est un solitaire. Aussi c'est l'oiseau que lui a confié sa mère, fort absente à cause de son métier d'infirmière, pour tromper son ennui qui lui sert de confident. L'animal silencieux, réceptacle de ses peurs, de ses questions et bientôt de ses folles suppositions sur son paternel, devient dès lors, même à travers sa mort, un compagnon mystérieux au pouvoir intriguant qui détiendrait la vérité cachée.

Voilà un très bel album qui se penche sur les secrets de famille et surtout sur le rapport filial d'un enfant à son père.
L'album s'inspire d'une partie de l'histoire familiale de la scénariste Loo Hui Phang. Découvrant sur un tard la disparition et par là-même l'existence d'un oncle, de tantes et de cousins qui subirent le régime sanglant des Khmers rouges, l'auteur revient de manière détournée sur ce sujet.
L'album raconte l'enfance de ce petit garçon qui grandit sans père. Mais au-delà du manque, c'est surtout l'ignorance qui blesse avant tout Louis. Démuni devant ses camarades de classe qui se moque de lui ( et le prennent pour le fils de Bruce Lee), démuni devant sa mère qui évite à tout prix le sujet et semble très affectée à tout évocation, Louis n'a d'autres choix que de s'inventer un père. Il l'imagine héros et construit des histoires à travers une photo qu'il a trouvé. Bientôt, l'arrivée d'amis cambodgiens bouleverse un peu plus la famille. Alors que le racisme ordinaire s'accentue un peu plus dans la population, Louis découvre des bribes du passé de sa mère, sa vie au Cambodge avant qu'il naisse, sa capacité à parler la langue khmer et même des traces de son père qui serait prisonnier au pays. le voile qui se lève peu à peu sur les origines de Louis ne manquera pas de s'épanouir pleinement dans un deuxième tome attendu.

Cent mille journée de prières, c'est le parcours d"un enfant à la recherche de ses origines, de sa vérité et de sa propre identité. Qui est-il ? D'où vient-il ? Son père est-il un héros ou un criminel ? Un chemin qu'il parcourt seul aidé par son oiseau fantôme et des indices semés ça et là par des adultes incapables de faire face à leur détresse, trop empêtrés dans leur propre souffrance. le récit est extrêmement poignant et on ne peut rester insensible face à ce petit garçon qui souffre en silence et tente de grandir et de se construire sur une absence et des secrets qui ne lui sont pas accessibles.

Le dessin de Sterckerman est dépouillé et s'épanouit dans un noir et blanc qui renforce l'aspect intimiste du récit. le dessinateur réussit à transcrire en quelques traits l'angoisse du petit garçon et développe avec succès une partie plus onirique liée à l'oiseau.

Voilà donc un album très fort qui fait la part belle aux sentiments et à la souffrance d'un enfant quelque perdu sans tomber dans un pathos voyeuriste. Les auteurs montrent avec beaucoup de pudeur l'importance des relations filiales et la vérité sur les origines qui aident chacun à se construire personnellement, d'autant plus lorsque l'on est un enfant "différent" qui peine à s'identifier physiquement à ses proches. Un album sensible donc qui semble se diriger un peu plus dans le deuxième opus vers l'histoire dramatique du Cambodge et ses millions de disparus et de prisonniers. On attend la suite !
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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