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Critique de hcdahlem


Chacun cherche son chat

Pour son second roman, David Lopez quitte la banlieue pour parcourir la campagne à vélo. À la recherche d'un chat qui a disparu, son narrateur va découvrir la France des angoissés et des résignés.

Disons-le tout net, après les premières pages de ce roman, le lecteur sera un peu déboussolé. Parce qu'il n'y a pas vraiment d'histoire, parce que le narrateur entend prendre son temps et jouir de ne rien faire ou presque. Mais une fois pris par cette ambiance, alors se dévoile toute la poésie du texte et ce rythme auquel nous ne sommes plus habitués, une sorte d'écologie, de vie contemplative avec une économie de moyens, une lenteur qu'il faut apprivoiser.
Le premier chapitre nous fait faire connaissance avec le narrateur alors qu'il séjourne chez Noël, un homme qui se retrouve seul tout comme lui et qui accueille son hôte avec la seule envie d'une présence. Bien sûr, pour en arriver aux confidences ils boivent. Beaucoup. Il sera du reste beaucoup question de prendre un, puis plusieurs verres durant les pérégrinations qui vont suivre. Une autre manière de tromper l'ennui, un ennui devenu au fil des ans un mode de vie, après que Renata, avec qui il partageait sa vie, soit partie. C'est pour ça qu'il n'a pas de plan précis, qu'il accepte d'écouter les histoires de Noël même s'il n'y prête guère d'intérêt et qu'il décide de repeindre sa maison avec un pinceau qui fait à peine quelques centimètres de large. Et au fil des jours et des remarques de tous ceux qui vont lui expliquer comment aller plus vite, on comprend que son but est bien que cela dure longtemps, parce qu'une fois qu'il aura fini, il ne saura quoi faire d'autre. Alors, il peint doucement sous le regard de Cassius, son chat en fin de vie.
C'est ce dernier qui va lui faire lâcher son pinceau, parce qu'il ne revient plus de l'une des escapades. Après avoir fouillé les environs proches sans succès, il décide d'enfourcher Séville – c'est le nom qu'il a donné à son vélo – et de partir à sa recherche.
Une quête qui va vite se transformer un nouveau mode de vie qui va aller jusqu'à lui faire oublier pourquoi il voyage. Il enchaîne les kilomètres sans but précis, décidant au fil des rencontres de son itinéraire et de ses pauses. La vie comme une disponibilité de tous les instants. La Vivance.
David Lopez nous raconte la vie contemplative, mais aussi toutes ces bribes de vie que son cycliste glane au fil de ses randonnées, sorte de miroir d'une société plutôt triste. Sans aller jusqu'à vouloir, comme Noël, chercher constamment à en finir, on sent bien que le moral est loin d'être au beau fixe. La campagne de l'auteur de Fief ressemble aux toiles d'Edward Hopper, dérangeantes parce qu'on y ressent une certaine inquiétude, une attente, une mélancolie. Parce qu'on n'y croise quasiment personne. Même après avoir traversé une ville victime d'inondations, il constate qu'il n'y a là «personne pour s'appesantir, déplorer sans nuance, hurler sa rage».


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