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3,41

sur 110 notes
«  J'ai roulé roulé roulé roulé , croisé un chevreuil , un écureuil , des arbres des arbres des arbres , le chien d'un promeneur, le promeneur » .
«  Épuisé de sensations . Impressions seulement . Et si je n'avais toujours que ça des impressions » .

Deux citations extraites de ce roman vagabond…

Pour tromper son ennui, surtout moins penser à Renata, son amour ' il se rappelle ses escapades avec elle —— qui l'a laissé tomber, l'a quitté lui reprochant sa lenteur, sa patience comme une fin en soi , le narrateur , presque quadragénaire repeint sa maison au tout petit pinceau en blanc , observe avec intérêt les étirements paresseux de son vieux char Cassius et tire de temps en temps sur les joints de son voisin, alcoolique un peu bizarre et les souvenirs d'un passé vagabond , adepte comme lui de la saint trinité —- petits trafics - potager - fraude aux aides sociales .
Le lecteur va suivre cet homme , qui se jette en selle, devenu nomade sur son vélo surnommé «  Séville » , tête vide et sacoches pleines , il roule beaucoup , beaucoup , parcourt des kilomètres et des kilomètres , en cherchant son chat perdu Cassius .

Il regarde les filles assises aux terrasses des cafés , repense à son amour perdu Renata —— «  Avec elle on aimait les voyages , les trajets …. Toujours .

Il fait des rencontres jusqu'à cette halte chez Noel , hôte de hasard , ancien braqueur , occupé à tuer le temps , lui aussi, dans l'alcool et le tir à l'arbalète .

Une lecture étrange , inhabituelle , qui nous fait passer de la plaine au vallon pour gravir la montagne à coups de pédale , une ballade menée par le hasard , des rencontres anodines plus ou moins heureuses , mélange d'effort physique intense et rencontres absurdes qui disent la perte de sens et la poursuite du passé .

Ouvrage d'une profonde humanité , sensible , histoire de solitude , de fuite en avant ' toujours, de liberté surtout.

Le romancier nous donne à voir à travers ce livre mélancolique ses sentiments , des émotions dans ces temps accélérés du vélo , en traversant des cités sans lumière , des villages au soleil couchant , ces petits riens , l'introspection d'un homme à qui tout peut arriver , face à une vie qu'il ne semble plus comprendre .

Une très belle écriture puissante , sans pause ni paragraphe : phrases courtes sans verbe ou longues , un homme en quête et chemin faisant se découvre une galerie de personnages souvent attachants ou effrayants, sauvages parfois ….une foule de petites choses , entre crue dévastatrice et façade à repeindre , routes de France parcourues.

Drôle de récit , voyage au coeur de l'humain , récit épuré , un chat , un vélo, personnages attachants avec une pointe d'humour ,méditation cyclique sur la mort , le temps qui passe …
La nature omniprésente,.

L'auteur joue avec nos émotions du début à la fin tout en finesse.
Roman étrange , «  vagabond à vélo » découverte de la France des indignés, des angoissés, une réflexion enivrante, intrigante , bouleversante dans un style singulier .

Qui montre que l'écriture peut offrir un hymne à la liberté .

Ce n'est que mon avis , bien sûr , comme toujours .




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Chacun cherche son chat

Pour son second roman, David Lopez quitte la banlieue pour parcourir la campagne à vélo. À la recherche d'un chat qui a disparu, son narrateur va découvrir la France des angoissés et des résignés.

Disons-le tout net, après les premières pages de ce roman, le lecteur sera un peu déboussolé. Parce qu'il n'y a pas vraiment d'histoire, parce que le narrateur entend prendre son temps et jouir de ne rien faire ou presque. Mais une fois pris par cette ambiance, alors se dévoile toute la poésie du texte et ce rythme auquel nous ne sommes plus habitués, une sorte d'écologie, de vie contemplative avec une économie de moyens, une lenteur qu'il faut apprivoiser.
Le premier chapitre nous fait faire connaissance avec le narrateur alors qu'il séjourne chez Noël, un homme qui se retrouve seul tout comme lui et qui accueille son hôte avec la seule envie d'une présence. Bien sûr, pour en arriver aux confidences ils boivent. Beaucoup. Il sera du reste beaucoup question de prendre un, puis plusieurs verres durant les pérégrinations qui vont suivre. Une autre manière de tromper l'ennui, un ennui devenu au fil des ans un mode de vie, après que Renata, avec qui il partageait sa vie, soit partie. C'est pour ça qu'il n'a pas de plan précis, qu'il accepte d'écouter les histoires de Noël même s'il n'y prête guère d'intérêt et qu'il décide de repeindre sa maison avec un pinceau qui fait à peine quelques centimètres de large. Et au fil des jours et des remarques de tous ceux qui vont lui expliquer comment aller plus vite, on comprend que son but est bien que cela dure longtemps, parce qu'une fois qu'il aura fini, il ne saura quoi faire d'autre. Alors, il peint doucement sous le regard de Cassius, son chat en fin de vie.
C'est ce dernier qui va lui faire lâcher son pinceau, parce qu'il ne revient plus de l'une des escapades. Après avoir fouillé les environs proches sans succès, il décide d'enfourcher Séville – c'est le nom qu'il a donné à son vélo – et de partir à sa recherche.
Une quête qui va vite se transformer un nouveau mode de vie qui va aller jusqu'à lui faire oublier pourquoi il voyage. Il enchaîne les kilomètres sans but précis, décidant au fil des rencontres de son itinéraire et de ses pauses. La vie comme une disponibilité de tous les instants. La Vivance.
David Lopez nous raconte la vie contemplative, mais aussi toutes ces bribes de vie que son cycliste glane au fil de ses randonnées, sorte de miroir d'une société plutôt triste. Sans aller jusqu'à vouloir, comme Noël, chercher constamment à en finir, on sent bien que le moral est loin d'être au beau fixe. La campagne de l'auteur de Fief ressemble aux toiles d'Edward Hopper, dérangeantes parce qu'on y ressent une certaine inquiétude, une attente, une mélancolie. Parce qu'on n'y croise quasiment personne. Même après avoir traversé une ville victime d'inondations, il constate qu'il n'y a là «personne pour s'appesantir, déplorer sans nuance, hurler sa rage».


Lien : https://collectiondelivres.w..
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J'ai eu un mal fou à lire ce livre ! Les errances du narrateur m'ont perdu, même s'il se reconnecte à la vie au fil de son parcours.
Ça ne l'a pas fait, certainement trop introspectif pour moi...
Le manque de dialogue met une certaine distance entre le lecteur et ce parcours, ce qui aurait apporté un peu de densité et de rondeur dans le récit.
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Dans ce deuxième roman qui survient après Fief, lauréat du Prix Inter en 2018 qui avait épaté son monde mais nous avait un peu laissé sur le bord de la route, le romancier David Lopez nous invite à un voyage inhabituel où il est question de parcourir les routes à vélo à cause d'un chat disparu.

Dans cette ballade menée par le hasard, il y aura des rencontres, anodines, heureuses ou moins heureuses, mais aussi une crue dévastatrice, une facade à repeindre, bref toute une multitude de petites choses qui font jaillir "la vivance", notion méconnue qui désignerait en sophrologie la rencontre entre le corps et l'esprit, dans le quotidien du narrateur.David Lopez nous plonge dans une histoire de rencontres avec des individus souvent en décrochage avec la société, et sondent mine de rien leurs espoirs, leurs peines qu'ils cautérisent tant bien que mal, souvent par de grandes rasades d'alcool.

Avec une grande modernité de ton, l'auteur nous entraîne dans un tourbillon de sensations pour s'éveiller aux petits bonheurs quotidien de la vie.

" On ne peut être totalement désespéré si l'on conçoit une autre vie possible, là quelque part derrière la peur.»

Laissez-vous embarquer dans un roman d'atmosphère remplis d''instants vibrants et de sensations entières.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le héros, déprimé depuis que sa compagne l'a quitté, vit entre quatre murs en compagnie de Cassius, son vieux chat. La visite quotidienne de Denis, un ami un peu bohème, grande gueule, mais bon coeur, lui tient lieu de relations sociales. Une maison à moitié peinte, une inondation et la disparition du bien-aimé Cassius, vont propulser notre héros hors de son cocon, monté sur sa fidèle Séville, vers de nouveaux horizons, au gré des cartes et des rencontres. Car des rencontres, il y en a. Ce sont elles qui ponctuent cette itinérance et lui donnent tout son piquant et son charme. Des personnes esseulées avec pour seul avenir un boulot ennuyeux ou enfermées dans une routine cafardeuse. Cet homme à vélo leur offre une bouffée d'oxygène, ravive des rêves enfouis sous la banalité du quotidien. Et puis, il y a Noël, confiné dans une ancienne auberge au pied d'une montagne. Noël, le désespéré, qui apprend à notre ami, les meilleures techniques pour étouffer son adversaire et qui n'en peut plus de vivre. Enfin, cette femme aux multiples tenues qui le trouve si beau. Une féminité à fleur de peau, une halte bienvenue pour un cycliste meurtri.
Ce roman est un vrai ravissement, une invitation aux rencontres, à l'itinérance, en bref à la liberté intérieure, avec le vélo comme thérapie contre le blues… et un style, pétillant, inventif, au service d'une narration fluide.
Bon voyage...

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Une structure déroutante au début du moins. Par la suite, je me suis laissée emporter par les flâneries littéraires de l'auteur, faisant fi des codes habituels de l'écriture.
Le fil rouge de ce recueil de textes mis bout à bout et formant un tout : un road-trip à vélo du narrateur - qui est-il vraiment au fait : un des personnages que l'on perçoit parfois en filigrane ?
Il part à la recherche de son chat Cassius , du moins c'est le but annoncé du voyage. Chaque texte relate un épisode du road-trip rural mélangeant humour, poésie, relations humaines, sociales, marginalité, ....
Pour peu que l'on accepte de se laisser transporter par la prose sans s'accrocher à nos habitudes, ce roman nous emporte dans un moment hors du temps mais tellement universel .

Lu dans le cadre du Prix Horizon 2024 - Marche-en-Famenne - Belgique
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Les premiers chapitres constituent une énigme pour la lectrice que je suis : qui sont ces personnages ? Quels sont les liens entre eux ? Et petit à petit la narration prend sens. Alors que son amie Renata est partie, le narrateur a perdu son chat Cassius. Déboussolé, il enfourche son vélo et part à la recherche du chat et ... du monde vivant qui l'entoure, paysages, animaux, humains. Il épuise son corps et fixe son esprit sur la "vivance". Son parcours donne lieu à des rencontres étonnantes et son récit fourmille de descriptions, de détails, d'anecdotes, de portraits dans une langue minutieuse, précise, sans effets de style particuliers.
Belle réussite après Fief, son premier roman.
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Une vraie-fausse errance cycliste montagnarde, une immobilité trompeuse, une confrontation décisive entre ce qui est et ce qui pourrait être. Avec le langage précis qu'il faut pour cela. Impressionnant.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/12/08/note-de-lecture-vivance-david-lopez/

Dans son premier roman, le fabuleux « Fief » de 2017, David Lopez avait su inventer une redoutable langue composite lui permettant de coller au plus près de l'ennui péri-urbain, et d'y déceler (ou imaginer, ce qui revenait au même) des interstices vertigineux, contre toutes attentes sociologiques et au mépris de tous les clichés instinctifs, superbement digérés, attachés aux lieux choisis par lui. Avec ce « Vivance », deuxième roman publié au Seuil en août 2022, il renouvelle ce miracle du langage ad hoc, mis au service cette fois d'une étrange errance montagnarde et cycliste, jouant de la chronologie, du rêve éveillé et d'une fausse statique (renversant totalement la formule « mobilis in mobile », pour un tout autre capitaine Nemo que celui de Jules Verne) pour explorer avec une subtilité véritablement dérangeante (au plus fort sens littéraire du terme) l'écart inexorable entre ce qui est, ce qui est perçu de l'extérieur et ce qui est vécu intérieurement.

Errance cycliste sur de petites routes de montagne, entre villages réputés moribonds et bourgades trop paisibles, échappée (on sera tenté de se demander, naturellement : de quels pelotons ?) qui pourrait renvoyer à l'arrachée, différemment paroxystique, imaginée par Lou Darsan, conjonction rusée de phases statiques et dynamiques, d'arrêts et de montées en danseuse, qu'une chronologie savamment torturée rend encore plus potentiellement impénétrables et curieusement révélatrices : « Vivance » est tout cela. Articulé en beauté autour d'une inondation aussi cruciale et emblématique que le choléra à Manosque du « Hussard sur le toit » – une autre errance à portée métaphysique comme en se jouant de tout – de Jean Giono (dont, par-delà les paysages environnants, « le chant du monde » ne serait pas si loin non plus), « Vivance » trouble les certitudes, questionne les rôles sociaux, joue avec les inquiétudes rampantes attachées à ce qui ne se conforme pas exactement (et à quelques situations spécifiques où peuvent rôder les tropes du film d'horreur…), manie à parts égales et secrètes la bienveillance et le danger, et nous offre bien, si l'on reprend en partie la belle formulation de Hugo Pradelle dans sa recension pour En attendant Nadeau, ici, une sublime et courageuse confrontation du réel à ses déceptions, par le truchement d'un personnage joliment hors du commun.

Lien : https://charybde2.wordpress...
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Autant j'avais adoré Fief, autant Vivance m'a tenue à distance.
Malgré une belle écriture, l'humanité qui transpire à chaque page et un réel air de liberté, deux choses m'ont gênée.
Le style d'abord. Tout n'est que narration. Aucune bouffée d'air, aucun dialogue. du coup, le récit est très dense, trop dense.
Ensuite, il y a l'histoire. David Lopez nous embarque à vélo à la recherche de Cassius le chat perdu, à la rencontre de Noël un solitaire, mais également d'inconnus croisés ici ou là. Il ne se passe pas grand chose. Des tranches de vie des uns et des autres défilent sous nos yeux. Rien de transcendant.
J'ai mis pied à terre, suis restée au bord de la route malgré une écriture parfaitement maîtrisée.

Merci à Babelio et à sa masse critique.



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Le deuxième roman de David Lopez (5 ans après Fief, prix du livre Inter 2018) débute dans un ancien relais de diligence où habite Noël, seul, alcoolique et dépressif (malgré son prénom de fête). « Mais comment on fait quand personne ne nous aime ? » le narrateur, personnage principal, sans caractéristique aucune – on ne saura jamais son prénom, ni son âge, ni son métier -, cycliste de son état, y fait une halte avant d'attaquer un col de montagne « sur sa monture. » Parallèlement à cette étape, il raconte toutes sortes d'événements et de rencontres qui lui permettent de reconstituer le fil de sa vie.

C'est ainsi que nous apprenons qu'il a cessé de travailler après une rupture amoureuse : « Renata a considéré que la vie sans moi était plus prometteuse. » Pour tromper son ennui, il repeint sa maison en blanc « avec un tout petit pinceau » pour que ça dure longtemps : « j'ai la satisfaction du travail accompli, suivi du désarroi de celui qui ne sait plus quoi faire ensuite. » Il vit une relation fusionnelle avec Cassius, son vieux chat. Or Cassius disparaît. Notre héros décide de partir à sa recherche. Puis, oubliant qu'il le cherche, il continue son vagabondage avec Séville, son vélo (le seul nom de ville du roman), sans objectif – « Je navigue à vue, je n'ai pas de destination précise » – mais avec une énorme disponibilité pour des rencontres qui, dans des chapitres aux intitulés ma foi fort mystérieux (tirés parfois de mangas), lui racontent un bout de leur vie. Les plus émouvants sont sans aucun doute François et Francine, perclus de solitude, qui jouent à celui qui ne tient plus sur ses jambes et à celle qui est atteinte d'Alzheimer, juste pour attirer les passants.

Le talent, immense, de David Lopez est de rendre extraordinaire ce qui est ordinaire, drôle et cocasse ce qui est banal, léger ce qui est triste, poétique ce qui est oral. Grâce à des scènes décrites avec beaucoup de lenteur (le contournement de la foule par le narrateur en est un parfait exemple). Tout en donnant beaucoup d'émotion au lecteur – et aussi beaucoup de détails cyclistiques nullement rébarbatifs, fort instructifs au contraire (braquet, replat, petit plateau, grand pignon, acide lactique…). le livre est une belle leçon de vie et de liberté.
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