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Critique de KRYSALINE555


D'un côté, le titre : « Coupable » ; de l'autre le thème : les pensées obsessionnelles. Ça commence plutôt bien pour un thriller psychologique ! Je dis bien psychologique : on joue donc ici, avec la manipulation mentale; donc pendant les ¾ du livre (après la découverte du corps de Patrick et de la description du crime avec force détails), pas de coups d'éclat extraordinaires, pas d'actions débridées et haletantes, non, juste un récit pour comprendre comment on en arrive à entretenir des obsessions qui vous empêche de vivre normalement, de « vivre » tout simplement.

De fait, on démarre dans le vif du sujet avec une Marie, internée en HP car elle a tué Patrick, son petit ami, un écrivain célèbre en l'égorgeant pendant son sommeil puis en le poignardant à 27 reprises. Mais le gros « hic », c'est que Marie ne se souvient de rien. Elle est victime de ses pensées obsessionnelles agressives, elle le sait (elle s'imagine tuant, frappant, défigurant les gens qu'elle croise, connus et inconnus et surtout les gens qu'elle aime), mais ne pensait jamais passer à l'acte un jour, surtout en prenant pour cible celui qu'elle aimait le plus. Pourtant les preuves sont là : le poignard retrouvé dans sa propre main, les empreintes partout et le fait qu'elle était seule à la maison avec lui. Il n'y a donc pas l'ombre d'un doute : elle est bien « coupable ».

Pendant qu'elle entame une thérapie avec le docteur Falkenhagen à l'hôpital où elle est internée, après avoir au départ refusé avec l'énergie du désespoir cette thérapie, Marie se remémore les différentes étapes de sa maladie obsessionnelle, qui semble débuter à la mort accidentelle de sa fille Célia ; elle relate sa descente inexorable aux enfers, malgré toute l'énergie qu'elle met à tenter de combattre ses obsessions. Elle arrête de travailler de peur de « faire mal » aux enfants qu'elle garde au jardin d'enfants ; elle s'isole de ses amis, sa mère ne la comprend pas et n'essaye même pas d'ailleurs, enfermée qu'elle est dans sa propre obsession du qu'en dira-t-on. Peu à peu Marie se retrouve seule, vivant en autarcie chez elle ; elle finit par surfer sur le net sur un forum qui parle de sa maladie, et elle finit par y trouver une amie, Elli, qui souffre des mêmes troubles qu'elle, qui la comprend et qui la conseille.

C'est d'ailleurs elle qui a bien expliqué à Maria qu'entre « les pensées et les actes, ça n'était pas la même chose ». Alors, Marie, au désespoir, se répète cette phrase en boucle tel un mantra précieux et salvateur. C'est Elli, qui la poussera à affronter ses peurs en se forçant à sortir, qui lui conseillera de s'enregistrer afin de se familiariser avec ses pensées violentes et finalement les minimiser et peut-être ainsi les vaincre. Malheureusement, malgré tout, Marie passe donc visiblement aux actes bien qu'elle ne puisse concevoir cette évidence.

Après son internement, Marie souffre toujours de solitude et de désespoir. Elle finit donc par accepter la thérapie proposée avec sollicitude par le psychiatre. Il devient son « confident » auquel elle a même remis son journal pour qu'il puisse l'aider. Christopher, aussi, son ex, lui apportera un soutien indéfectible dicté par le remord de ne pas avoir été « présent » en temps voulu et une aide précieuse qu'elle n'attendait plus. Hannah, également internée avec elle, qui souffre de dédoublement de personnalité, en l'occurrence dans ce cas, un dizaine de personnalités différentes lui apportera aussi aide et réconfort.

Mêlant ainsi, le présent, avec le quotidien de Marie en HP et ses souvenirs, l'histoire avance habilement, entre routine hospitalière et rebondissements extérieurs, elle nous tient en haleine durant toute la durée du roman.

J'avoue enfin que le twist final m'a totalement prise au dépourvu et m'a surprise tant je ne l'ai pas vu venir… amené de façon astucieuse, on reste pantois devant tant d'imagination…. Tout était joué d'avance pourtant !...

Certes, je le redis pour la énième fois, ça n'est pas aussi diabolique que Thilliez ou Giebel, qui excellent en la matière, mais je dois reconnaitre que rétrospectivement, en considérant toute cette histoire avec le recul nécessaire, c'est assez sidérant et très réussi. Ce qui promettait d'être simple ne l'est plus forcément et les évidences se confondent pour former quelque chose d'assez inédit et inattendu !

Je souligne que pour Wiebke Lorenz, il ne s'agit là que de son troisième roman en Allemagne (de deux en France avec « Répulsion meurtrière ») ; je dirai donc qu'il s'agit d'un opus très prometteur et que je vais probablement suivre cette dame dans son parcours pour un jour, qui sait, ne pas rater la « pépite » qu'elle ne manquera pas de publier… Hasta luego donc, Mme Lorenz !
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