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Critique de gruz


Une machine peut-elle ressentir ? Un agrégat de câbles et de boulons peut-il se mettre à penser et, encore plus fou, à aimer ?

L'autrice propose un roman court (190 pages) mais particulièrement intense, porté par une plume vivante, à l'image de ses robots du XXIIème siècle. Des « hybrides », programmés pour aimer et non pas seulement servir, à la différence des autres robots « débiles ». Mais qui se révèlent capable de développer des sentiments. Ou alors n'est-ce que leur programmation ?

L'idée est alléchante mais pas nouvelle, depuis les lois édictées par les romans d'Isaac Asimov, nombre d'auteurs se sont penchés sur la question de la conscience des machines. Lou Jan arrive pourtant à sortir son épingle du jeu, par la foultitude de ses bonnes idées autant que par la manière de raconter son histoire.

C'est une vraie bonne surprise que ce roman, à bien des égards, touchant au coeur également.

L'écrivaine est une optimiste. le monde de demain qu'elle imagine est serein, allégé des craintes et catastrophes passées, la technologie ayant sauvé l'humanité pour lui permettre de vivre dans des conditions paisibles. L'avènement des robots aimants y est pour quelque chose, certains s'étant même mis en couple avec une machine.

Jusqu'à ce que le gouvernement mondial décide de liquider d'un coup l'ensemble de ces compagnons de vie. Génocide d'un demi-milliard d'individus mécatroniques, balancés dans des charniers de tôles, dont un se trouve en antarctique.

Sauf Nobod, superbe modèle créé pour l'amour. Qui se sauve grâce à un bug. Son parcours pour rester « en vie » va être semé de douleurs mais aussi de passion. Et la faire voyager.

L'autrice va loin dans son idée des relations homme / machine, des sentiments jusqu'au sexe, qu'on peut voir comme une quête pour trouver sa place.

Elle s'empare d'ailleurs d'autres sujets surprenants et d'actualité à travers ses robots, comme la question du genre, qu'elle développe avec singularité et facétie. On est bien dans de la science-fiction qui sert de terrain pour parler des humains, de leurs sentiments, de leurs questionnements. Un genre littéraire utilisé comme un vecteur et non comme une fin en soi.

L'écrivaine fait preuve d'une sacrée imagination, avec ces détails succulents qui rendent son univers captivant.

Écrit de manière très personnelle, une plume acérée comme des coups de serpe qui arrive pourtant à réellement faire passer des émotions avec poésie. Quel plaisir que de côtoyer un talent atypique.

Et qui ne se prend pas obligatoirement au sérieux, le récit fourmillant de moment drôles, décalés, qui se conjuguent parfaitement avec la profondeur du propos. Il faut dire qu'il est aussi question de complot mondial, ce n'est pas rien.

Si vous avez la bonne idée d'être curieux, attendez-vous à être étonnés. Si vous cherchez à lire un texte avec de la personnalité et un vrai univers, prenez rendez-vous avec La machine à aimer. Lou Jan réussit son pari haut la main, voilà clairement une autrice à suivre à l'avenir (qu'elle imagine surprenant et plein d'espoir).
Lien : https://gruznamur.com/2023/0..
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