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Critique de jumale


Obsolète


« le grand recyclage comme une machine qui me laverait de tout et me sortirait de son tambour, propre et neuve. Un sacré bénéfice même si elle emportait d'un coup tout le reste de ma vie »

Un futur pas si loin de notre présent.

La terre a subi l'effondrement, suite à la sur-consommation, les changements climatiques, la passivité et l'avidité des Hommes qui ont ignoré les signes avant-coureurs, avant le Chaos.

» l'humanité atteignait un point de bascule inévitable «

2225 : l'effondrement fut ineluctable. Une nouvelle instance « la gouvernance » s'est installée. La décroissance est proche de l'anéantissement, le taux de natalité s'est écroulé, ajouté à un « exces » de filles venant au monde.

Des règles drastiques furent mises en place. Les denrées alimentaires, l'eau sont des biens précieux. Il est inconcevable pour la gouvernance de nourrir des Bouches inutiles. Un renouveau semble acquis, un juste besoin, repenser la vie, revenir à l'essentiel.

Les femmes dès leur plus jeune âge sont conditionnées, formatées. À 50 ans, périmées, ménopausées, elles abandonnent, hommes, enfants, boulot pour une vie meilleure, un paradis terrestre rien que pour elles. Comme toutes machines elles ont atteint leur obsolescence programmée…et partent vers le Domaine des Haute Plaines, un jardin d'Eden…

L'heure a sonné. Les retirées prennent le train. Naturellement l'homme reproducteur se doit de choisir dans « un catalogue » leur future jeune épouse, une nouvelle marchandise.

Personne en ce monde ne prenait alors la mesure de ce que le grand recyclage faisait aussi passer sur les hommes…un retrait vous dézinguait une famille en plein vol…il fallait reconstruire vite sur des lieux traumatisés par l'absence. La marque que laissait une retirée subsistait dans l'air, impregnait les âmes, craquelait les coeurs… Comme l'on relance un ordinateur après une mise à jour, on comptait sur eux pour redémarrer leur vie en deux temps, trois mouvements.

Faire face au vide, à l'absence de cette mère, de cette femme.

Un monde pas si idyllique, un monde de contrôle, de surveillance permanents, sur les grossesses, les émotions. Chacun porte un Bracelet Modérateur d'Humeur, plus de guerre, d'armes, de conflit.

Un monde aseptisé…

…et trois meurtres.

Sophie Loubière change totalement de ses histoires habituelles. Un roman d'anticipation réussi, aux recherches pointilleuses. Une plume lucide. Une dystopie réaliste aux observations fines d'une justesse rare.

Sophie Loubière installe la psychologie des personnages, le lieu de vie, elle prend son temps. On s'attache…à Rachel, future retirée, personnage charismatique qui derrière ses silences, étudie la métamorphose de cette société, l'avenir de la femme.

Qui de nos jours voient,dans différents pays, la remise en cause de leur droit à disposer de leur corps, ou devient une enveloppe à « réarmement démographique » (ce n'est pas moi qui l'aie dit 🙊)

« Qu'est ce qu'une femme au fond sinon un homme non accompli«

Sophie Loubière nous convie à nous interroger sur notre devenir. Une dystopie passionnante. Presque 600 pages qui se lisent d'une traite.

Un roman fascinant et subtile aux allures futuristes pas si lointain où l'immersion est totale.

Quand à moi, j'ai dépassé la date limite de péremption, je suis obsolète mais pas prête à enterrer ma vie de mère, de mamie, pas prête pour une euthanasie raisonnée, pas prête à devenir le terreau de mes tulipes…prête à me rebeller!!!

Alors où partent ces retirées ?

Va le découvrir en lisant ce roman bluffant de maîtrise.
Lien : https://evasionpolar.wordpre..
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