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Critique de Lunabiax


2224, quelque part sur les rivages de la Manche. le changement climatique a entraîné l'effondrement de la civilisation fossile et l'humanité a appris à économiser ses ressources, à adapter son habitat et son alimentation, et à tout recycler. Cette politique concerne également les femmes : afin d'enrayer le déclin des naissances masculines, toute femme de 50 ans est considérée comme obsolète, et doit quitter son foyer pour partir pour le Grand Recyclage et une deuxième vie qu'on lui promet comme une sorte de paradis. Après son départ, une autre femme finira par prendra sa place, plus jeune, et fertile. A 52 ans, Rachel vient de recevoir sa convocation, mais ni elle ni son mari ne sautent de joie à l'idée d'une séparation qu'ils n'ont pas choisie…

Sur une idée de départ très intéressante se met progressivement en place un récit où se tissent deux fils rouges : d'un côté, la situation de Rachel, dont on découvre peu-à-peu le passé et les motivations ; de l'autre, Keen, son Ecossais de mari, qui mène une enquête officieuse sur la mort de trois fillettes, que la gouvernance semble vouloir étouffer. En toile de fond, on découvre le mode de vie de ces habitants du 23ème siècle, avec de nombreux détails sur la façon dont ils composent avec des étés caniculaires dans ce qui a été le nord de la France, alors que Londres a été submergée par la montée des eaux, que le soleil est devenu un ennemi et qu'on ne se déplace plus qu'à vélo. Si un certain nombre d'évolutions ne sont pas surprenantes – plus de véhicules personnels à moteur, végétarisme, utilisation parcimonieuse de l'eau, système de recyclage des objets – d'autres sont assez inventives comme les caractéristiques architecturales, le plan des villages ou encore le remariage des hommes – parfois octogénaires – bon gré mal gré avec des compagnes bien plus jeunes, qui donne des demi-frères ou soeurs dont les écarts d'âge sont parfois étonnants.

Tout semble fonctionner parfaitement, jusqu'à ce que des grains de sable viennent gripper les rouages bien huilés de cette société présentée comme idéale, en l'occurrence les réticences de Rachel et de son mari quant au Grand Recyclage, et la mort des fillettes. Que se cache-t-il derrière l'omniprésence de l'IA Maya qui a réponse à tout, et quelle est réellement l'influence des bracelets modérateurs d'humeur, qui éteignent en chaque habitant toute velléité agressive et tout sentiment exacerbé ? Que penser du devenir des femmes, que la ménopause condamne à l'exil ? Ces questions dessinent la trame d'un récit qui touche aux genres de l'anticipation, du thriller écolo et du roman d'apprentissage. du tout nouveau pour Sophie Loubière, et pari plutôt réussi, malgré un épilogue qui m'a paru peu en accord avec le personnage de Rachel.
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