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Critique de Nat_85


" le douzième chapitre " de Jérôme Loubry est  publié aux éditions Calmann Levy dans la collection Noir en cette année 2018. Lorsque le passé se rappelle douloureusement au présent, et que les mailles de l'intrigue se tissent sur la côte vendéenne, il ne m'en fallait pas plus pour attiser ma curiosité !
" L'assassin n'est pas obligatoirement celui qui tue. C'est aussi celui qui l'y encourage. "
David Malet est devenu un écrivain célèbre, et Samuel son éditeur. Trente ans qu'ils partagent une amitié construite lors de vacances à Saint-Hilaire de Riez, station balnéaire vendéenne, lorsqu'ils étaient enfants.
Mais ce jour-là, Samuel semble très tendu lorsqu'il téléphone à David... En effet, il vient de recevoir une enveloppe kraft au contenu très énigmatique. le sourd, le muet et l'aveugle sont les destinataires du récit d'un été bien particulier. Un été où tout a basculé.  Sur les conseils de son ami, David découvre au seuil de sa porte qu'il est également l'un des trois destinataires.
p. 26 : " Et sans m'en douter, juste en me penchant pour attraper cette enveloppe, à l'apparence inoffensive, je saisis à pleine main mes malheurs les plus précieux. "
Étrangement, ce témoin ponctue les chapitres de détails bien trop précis et personnels pour que David et Samuel le prenne à la légère... Reste à savoir qui recevra la troisième enveloppe... ?
Que s'est-il vraiment passé durant l'été 1986 ?
En février 1986, Paul Vermont, héritier des entreprises Vermont Sidérurgie, apprend de la bouche de son comptable, la fin imminente de l'usine familiale.
p. 12 : " - Deux cent dix-huit salariés sur le carreau...
-Ce n'est pas votre faute, la conjoncture... "
Les salariés ont l'habitude de se retrouver chaque été sur les plages de Vendée, où l'entreprise leur met à disposition des pavillons. David y retrouve  Samuel, échappant ainsi aux brutalités de son beau-père.  A douze ans, les garçons profitent de la plage chaque jour. Et c'est là qu'ils vont faire la rencontre de Julie, en vacances sur la côte avec sa Tatie.
p. 37 : " La première fois que David vit Julie, ce fut le 15 août 1986 [...] Julie intégra le duo avec un naturel désarmant. A croire qu'ils l'attendaient depuis toujours. "
Très vite ils deviennent inséparables, et les prémices d'une idylle amoureuse naît entre David et Julie, jusqu'à cette terrible nuit...
p. 129 : " La triste nuit de cet été 1986. La nuit où la pleine lune brilla pour la dernière fois au-dessus d'une maison hantée par la folie des hommes "
Suite à une fuite, les salariés apprennent  la fermeture prochaine de l'usine. Déjà anéanti par le suicide de son épouse, Paul Vermont reçoit des menaces de mort.
Retour en 2017. Samuel demande à David de ne pas lire le chapitre douze du manuscrit avant qu'il le rejoigne. Ce chapitre semble avoir été personnalisé, en fonction du rôle de chacun d'entre eux durant cette fatidique nuit d'été 1986...
p. 185 : " - La culpabilité, David ! Voilà ce qui transpire de mon chapitre douze, la culpabilité ! Celui qui a envoyé ce texte voulait que je me sente coupable de la mort de Julie. Cela fait presque trente ans que je la ressens, cette culpabilité, je n'ai pas besoin qu'un connard l'écrive noir sur blanc ! "
David va mener sa propre enquête, risquant son couple et sa peau pour découvrir enfin la vérité sur ce passé qui le ronge de l'intérieur depuis si longtemps !
p. 284 : " - Monsieur Vermont, je vous ai menti hier. Je ne suis pas venu simplement parce que des souvenirs remontent à la surface de ma mémoire. Quelqu'un les a fait remonter. On nous a écrit un texte sur ce triste été 1986. Et il semble que le meurtrier ne soit pas celui que la justice a mis en prison à cette époque. "
Un exercice de style brillamment travaillé que ces allers retours entre passé et présent ! Là où le lecteur aurait pu s'y perdre, il ne fait qu'aviver sa curiosité ! Addictif et très rythmé, c'est un polar psychologique bien plus que physique, il traite également de la conjoncture économique et sociale à travers la condition ouvrière dans une région affectée par la crise.  La relation temporelle et l'impuissance des enfants qu'ils étaient en  1986 aux adultes d'aujourd'hui produit un attachement du lecteur aux personnages.  Un affect qui tient son rôle dans la manière dont le lecteur va appréhender le rebondissement final.
p. 164 : " Je me reprochai mon silence de l'époque, mon manque de courage face aux adultes, ma surdité et mon incompréhension, mes pleurs et mes cauchemars.... "
Lien : https://missbook85.wordpress..
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