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Critique de jlvlivres


« Déployer » (2019, Editions Zoé, 208 p.) de Douna Loup est une histoire de trio à cinq. Journal intime de la mère, Elly, avec Danis le mari et père de ses deux filles, Eva et Mona, avec en supplément Jonas, l'amant, Willy l'ami qui choisit de se laisser mourir de faim et de soif au fond d'une forêt. Et pour finir Danis qui la trompe avec V. Roman compliqué comme souvent lors les histoires de couples à plus d'une personne. de plus une écriture débitée en sept livrets à lire dans n'importe quel ordre, soit 5040 possibilités de lire la vie sexuelle, et quelquefois amoureuse. Pourquoi ce journal intime ? « Pour écrire des lettres qui ne seront jamais envoyées sinon à [elle-même], écrire sans honte surtout ». Ces sept livrets, d'une longueur moyenne d'une douzaine de pages, ont même chacun un titre.
- Lettres de la chambre secrète
- Souvenir Source
- Cette nuit-là
- Ici-là
- Contes
- L'île
- Vive

Cette forme de publication en livrets indépendants n'est pas nouvelle, bien que rare. La pratique a été initiée avec les Editions Quidam, qui font paraitre « Les Malchanceux » de Bryan Stanley Johnson (2009, Quidam), traduit par Françoise Marel et publié en coffret sous forme de 27 livrets indépendants. Il n'y a bien sûr, pas de pagination. Il s'agit d'un représentant de commerce, qui arrive dans une petite ville, s'y souvient de bonnes journées passées avec un ami, maintenant malade, et même plus que mal en point. « Mais je la connais cette ville ! / le vert, c'est bien cette salle des guichets, et ce long bureau en demi-cercle, cette claire-voie ironique, les carreaux de faïence bruns, et verts en dessous, rien n'a changé, même ces poutres martelées, purement décoratives, elles ne soutiennent rien, enfin au-dessus ! Je la connais cette ville ! ». Quant à son ami, Tony « Ses joues au teint cireux, on dirait qu'elles s'écroulent, des os saillants, et ses gencives rétractées et même resserrées je dirais, les dents déchaussées quand il baille » « L'abri, les taxis, oui, prendre un taxi, toujours prendre un taxi dans une ville inconnue, mais non, je la connais cette ville ! ». « Un panneau qui indique Castle Boulevard, oui, ça y est, ça me revient maintenant, les rues sont des boulevards, c'est comme ça qu'ils les appellent, dans cette ville, enfin certaines rues je veux dire, et c'est dans l'une de ces rues que se trouve l'université, University Boulevard, rien de plus logique ». Et ainsi de suite, si toutefois il y a une suite. Belle réalisation de Quidam, dont il faut lire les livres de B.S. Johnson.
Autre réalisation du couple Quidams-Johnson, dont je doute qu'ils forment un couple. « Albert Angelo » également traduit par Françoise Marel (2009, Quidam, 184 p.) dans lequel il y le fameux trou, qui permet d'aller voir ce qui se passe deux pages plus loin, pour le lecteur pressé. Evidemment cela va faire hurler les lecteurs grincheux qui payent un livre au poids du papier et non du trou auquel ils ne comprennent rien. Et que dire alors de « R.A.S. Infirmière-Chef », toujours traduit par Françoise Marel, (2003, Quidam, 208 p.) qui narre les confrontations de cette infirmière-cher, quelque peu despotique, avec les cerveaux de huit pensionnaires, quelque peu délabrés pour leur part. Un humour typiquement anglais à savourer.
Pour en revenir à Douna Loup, paradoxalement, c'est de la chambre secrète que tout part de Elly, « femme sauvage éprise de liberté », avec sa remise en question. « Je contemple mes métamorphoses. Je ne sais pas ce que je deviens. Je ne sais pas ce que la vie fait dans son chatoiement inattendu. Mais ça me plaît au fond. Ce mouvement ».
Remise en question qui n'est pas étrangère à son parcours, ni à celui de Douna Loup d'ailleurs, à travers son expérience des ONG. « J'ai voyagé dans des pays pauvres, j'ai vécu plusieurs mois à Madagascar. Mais c'est à Calais que j'ai vu la plus grande détresse humaine. Je trouve ça incroyable, dans mon pays ». bref la vie en soi avec ses malheurs « tout ce qui a pu la rendre triste dans le passé est révolu, est enfoui dessous la terre, ça ressemble à des graines, toutes ses petites histoires, des graines qui pousseront à leur tour », Ses drames « Combien de fois faut-il être secoué par la vie pour vivre? ». Ses périodes de réconfort « Un être existe et ça vous fait du bien ».
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