Pour réinventer des corps, la danse contemporaine a commencé par en repenser l'anatomie et la redistribuer, tout aussi bien que les fonctions. Ce qui nous amène d'emblée, même sur le plan historique, à l'idée essentielle d'un corps qui n'est pas donné, qui est à découvrir, voire à inventer.
Le corps et son espace kinésphérique peuvent-ils se limiter à une sphère mesurable, aux parois de laquelle les tensions viendraient aboutir et mourir ? Ce que l'espace chorégraphique au contraire nous apprend, c'est l'illimité du corps kinésphérique, dont l'existence excède de toute part la simple évaluation dimensionnelle. Ou plus exactement le caractère expansif de la kinésphère est ce qui peut dilater jusqu'à l'infini (ou rétrécir d'autant) la communication poétique d'un état de corps.