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Critique de Zirkawicca


J'ai du mal à aborder la rédaction de cette critique. Je suis partagée entre mon ressenti, et le respect que j'éprouve malgré tout pour l'oeuvre de H.P.Lovecraft. J'ai longuement hésité avant de n'accorder que 2 étoiles; il s'agit quand même d'un "Maître" du genre, d'un visionnaire. Mais l'aspect "plaisir de lecture" l'a malgré tout emporté. Et à ce niveau, ça a été catastrophique...

Moi qui lit plutôt rapidement d'habitude, je n'en voyais pas le bout. J'ai dû mettre une dizaine de jours à finir ce pavé de + de 1000 pages et ce fut un véritable chemin de croix... L'aspect "horreur" que j'attendais est au final principalement dans la tête de l'auteur + que dans ses mots, et seul mon respect pour celui-ci m'a convaincu d'aller jusqu'au bout. Car on peut le dire: les 3/4 du temps, je me suis ennuyée comme un rat mort... Ca me fait mal de dire ça, car j'aurais voulu aimer ce livre, mais rien à faire, je n'ai pas réussi à accrocher et ma lecture a été + que laborieuse...

J'avais choisi cet ouvrage car je ne connaissais Lovecraft que par ma lecture du "Necronomicon", et je me suis dit que ce recueil (à-priori de 3 nouvelles) me donnerait un bon aperçu de son oeuvre. Seulement plusieurs problèmes se sont présentés: d'abord il n'y a pas du tout 3 nouvelles comme le laisse penser la couverture, mais 19. D'ailleurs quelque part c'est mieux comme ça car l'écriture est lourde, très descriptive et presque sans action la plupart du temps. C'était donc un soulagement que de changer régulièrement d'histoire, bien que le cadre de celles-ci ne varie guère.

Mais là vient l'autre problème principal auquel je me suis heurtée: hormis les 11 courtes nouvelles rassemblées sous le titre "Je suis d'ailleurs" auxquelles j'ai trouvé de l'intérêt, le reste m'a paru très monolithique. Tout parle + ou - de la même chose. Les narrateurs changent, mais ils semblent en fait ne faire qu'un avec l'auteur, qui à travers eux aborde (et rabâche jusqu'à l'obsession...) ses propres angoisses et terreurs. Il est de notoriété publique que Lovecraft, malgré l'aspect visionnaire de sa prose, était une personne renfermée, mal dans sa peau et névrosée.

Ainsi il a créé toute une mythologie qui met des mots sur ses terreurs mortelles: l'inconnu, l'espace infini, la mort... Sur le fond, j'admire l'imaginaire qu'il a mis en place, si puissant qu'il a traversé les générations. Malheureusement, sur la forme, cela donne un résultat extrêmement indigeste et répétitif. On a l'impression de relire sans cesse la même histoire, dans chacune de ses nouvelles on retrouve le même schéma: un personnage "normal", sans problèmes mentaux (il insiste lourdement là-dessus, comme s'il voulait se convaincre lui-même de sa propre santé mentale) qui est confronté à des êtres venus d'ailleurs, décrits en termes hideux (mais ce sont les mots de la peur + qu'une réalité objective) et au final il ne peut mettre en mots son histoire tant celle-ci est affreuse et insupportable pour tout être humain "sensé".

A force, cela m'a fatigué: il ne se passe jamais rien, on assiste juste impuissant aux monologues intérieurs de personnages terrifiés par ce qui est différent d'eux-mêmes et ne peuvent même pas en parler... Pour captiver l'attention du lecteur on a vu + palpitant comme intrigue. Toujours dans le même ordre d'idée de "peur de la différence", il est a noter qu'on retrouve fréquemment des propos extrêmement racistes et choquants. Par exemple p373/374: "une affreuse négresse" ou "la réclusion quasi orientale dans laquelle il tenait sa femme". Il faut resituer dans le contexte historique, bien sûr, mais encore une fois c'est Lovecraft lui-même qui s'exprime à travers ses personnages.

Je reconnais avoir trouvé à certains passages, dès lors que l'auteur sortait un peu de sa zone de confort, quelque chose de grandiose. Ainsi la nouvelle "Le molosse" est extrêmement osée pour l'époque, choquante et blasphématoire! Certains passages (p493 notamment) sont presque Beaudelairiens! D'autres nouvelles comme "Air froid" m'ont quant-à elles évoqué Kafka. Dans "La tourbière hantée", l'auteur s'essaye à l'antiquité Greco-romaine. J'ai trouvé là aussi quelques lourdeurs (TROP de références et pas assez de fond) mais il a le mérite d'avoir tenté autre chose.

Au final, je suis contente d'avoir dépassé mes réticences et lu ce livre jusqu'au bout, pour l'aspect culturel qu'il revêt. Il m'a également permis de mieux cerner l'homme que fut Lovecraft, et je ne regrette pas cette lecture. Malgré tout, je suis infiniment soulagée de l'avoir terminée, car ce fut une lecture pour le moins longue et douloureuse, à m'en donner la migraine... Un grand auteur, certes, mais pas pour tout le monde. A réserver aux lecteurs avertis et aux courageux...
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