Dans l'abîme du temps

Cette nouvelle écrite presque conjointement à l'émergence de la psychiatrie comme science moderne remet en question quelques hypothèses –psychologiques, neurologiques, chimiques, peu importe, on finit toujours par dire que la vision est un mirage et qu'elle se situe seulement dans la tête d'un FOU.


« Avais-je vraiment vécu cette épreuve révoltante, d'être ramené à un monde préhumain vieux de cent cinquante millions d'années, pendant cette sinistre et déconcertante amnésie ? Mon corps actuel avait-il été le véhicule d'une effroyable conscience étrangère venue du fond des âges paléogènes ? […]
Je ne sais pas. Si cet abîme et ce qu'il contenait était réel, alors il n'y a aucun espoir. Car tout aussi réellement, il pèse sur notre monde humain une ombre ironique et inconcevable, hors du temps ».


C'est un peu comme dans le film « Moon » de Duncan Jones. On se dit que c'est la faute à un esprit qui a mal tourné et qu'à la fin de l'histoire, tout le monde sera bien content de voir le bonhomme guéri ou traité par sédatifs. Mais dans « Moon » comme dans « L'abîme du temps », l'hypothèse selon laquelle notre réalité comporte un envers effroyable (pour notre race humaine) a au moins autant de valeur que l'hypothèse psychologique et organique.