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Critique de Foxfire


La 4ème de couverture rapproche Lovegrove de Ballard. On peut en effet voir un lien de parenté entre ces deux auteurs. Si le style de chacun est très différent, Lovegrove étant davantage porté sur un aspect divertissant, les deux écrivains semblent partager les mêmes préoccupations et s'ancrer dans un registre similaire. En effet, comme Ballard, Lovegrove propose une science-fiction très ancrée dans le présent et s'attache à traiter le sujet de l'aliénation de l'Homme moderne. Si Ballard est sans doute plus brillant et plus subtil, Lovegrove ne démérite pas et « Days » s'avère un roman à la fois divertissant et pertinent dans sa démonstration.

Le récit prend place à une époque non précisée qui ressemble à notre présent. L'auteur joue plutôt sur l'amplification. On est vraiment là dans de l'anticipation à court terme. Days, c'est le nom d'un énorme gigastore dirigé par les 7 frères Days. Pour pouvoir accéder à ce grand magasin hors normes, il faut acquérir une carte d'accès, réservée aux plus nantis ou à ceux qui auront consentis des sacrifices de plusieurs années pour se voir octroyer le fameux sésame. le roman raconte une journée du gigastore à travers les destins croisés de plusieurs personnages : Frank, un agent de la sécurité, Linda et Gordon, un couple qui vient d'obtenir une carte d'accès au magasin, la fratrie Days et la chef du rayon livres du gigastore qui est en guerre avec le rayon informatique voisin.
A ce résumé, on comprend tout de suite que « Days » va s'attacher à dénoncer la société de consommation. Et c'est un véritable brulôt que livre Lovegrove. Il dépeint une société totalement aliénée par le désir de consommation. Les Hommes ne sont plus que des pantins pour qui l'acte d'achat correspond davantage à une pulsion qu'à une réponse à une nécessité. Ainsi, le lecteur assiste à des scènes hallucinantes où, lors de ventes flash à prix réduits, des hordes d'acheteurs se laissent aller à la violence la plus absurde pour acheter des choses dont ils n'ont absolument pas besoin. Si les clients de « Days » sont plutôt déchaînés, tout au long de ma lecture, je n'ai pas pu m'empêcher de penser au chef d'oeuvre de Romero « Zombie » dans lequel un groupe de survivants trouve refuge dans un supermarché assiégé par des morts-vivants. Bien sûr, les zombies de Romero sont lents là où les clients de Lovegrove sont en furie mais l'aliénation dépeinte est la même. Les acheteurs qui se pressent dans les allées, tout comme les exclus du centre commercial qui errent devant les vitrines extérieures, ne sont finalement pas plus vivants que des zombies. Ils obéissent à un même instinct de consommation absurde.

Cette satire sociale très mordante et très actuelle, dans laquelle il n'est pas difficile de voir une simple extrapolation de notre société actuelle (il suffit de voir les scènes d'émeutes lors de soldes ou d'opérations promotionnelles sur le Nutella pour s'en convaincre), est servie par une écriture efficace et un sens du rythme qui rend le récit très addictif.
Je ne m'attendais pas à grand-chose en entamant ce roman qui traînait dans ma PAL depuis des années et c'est finalement une très bonne surprise. Ce genre de dénonciation de notre monde mercantile est plus que jamais nécessaire même si regarder ce miroir tendu n'est pas très valorisant. Je vais m'intéresser à ce que Lovegrove a proposé en dehors de ce roman que je recommande vivement.
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