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Nenad Savic (Traducteur)
EAN : 9782290001660
477 pages
J'ai lu (29/03/2007)
3.65/5   284 notes
Résumé :
Chez Days, vous pouvez tout acheter : un livre rare, un tigre albinos, les filles du rayon Plaisir. Tout... pourvu que vous disposiez de la somme nécessaire sur votre carte de crédit. Car Days est le plus grand magasin du monde, presque une ville. Ce matin, Frank a décidé de démissionner. Il travaille chez Days, à la sécurité. Il a le permis de tuer. Mais il ne peut plus se voir dans un miroir.
Au contraire, Linda vient enfin d'obtenir sa carte Days et a hât... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (55) Voir plus Ajouter une critique
3,65

sur 284 notes
"Dream on my dear...
It's a sleep from which you may not awaken."
(Dead Can Dance, "The Ubiquitous Mr. Lovegrove")

En tant qu'écrivain, Mr. Lovegrove possède vraiment un rare don d'ubiquité... cela fait d'ailleurs tout son charme.
On le trouve tantôt dans le passé, tantôt dans le futur, en visite privée à Baker Street 221b, en mission officielle à Arkham, ou encore à parcourir incognito le plus grand "gigastore" du monde.
J'étais vraiment curieuse de "Days".
Dans ses pastiches, Lovegrove se débrouille à merveille en écrivant "comme Doyle" : il a le style, le vocabulaire, l'humour intelligent, et ce roman était une bonne occasion de le découvrir enfin en écrivant simplement "comme Lovegrove".
Le livre date de 1997, et j'essaie de comprendre ce qui a motivé les éditions Bragelonne pour le ressortir à nouveau à la lumière du jour en 2021. Avant l'avènement de l'internet, on aurait pu qualifier "Days" de pur roman d'anticipation, mais Lovegrove n'a pas pu imaginer les possibilités du virtuel, ni les changements dans nos habitudes d'acheter qui en découleront. Vu sous cet angle, ce roman qui a déjà un bon quart de siècle s'est transformé en une sorte d'uchronie, ce qui le rend d'autant plus intéressant à l'heure actuelle.

"Tout ce qui est vendable est chez Days, et tout ce qui est chez Days sera vendu" : voici le principe de base de ce luxueux temple commercial de 700 hectares, où on peut trouver tout ce que le coeur désire : depuis une boîte d'allumettes rarissime, en passant par casseroles, cravates, armes, ordinateurs, machines agricoles, plantes, animaux sauvages... ou même êtres humains. Days est un rêve devenu réalité ; un symbole inébranlable de la prospérité du pays et de ses prospères habitants.
Il n'est pas évident d'obtenir la "carte de Days", ce rectangle magique en plastique qui vous autorise à y dépenser tout votre argent. Mais même si vous ne possédiez qu'une pauvre carte Aluminium bas-de-gamme, vous serez toujours un élu, un privilégié qui peut regarder de haut les misérables lèche-vitrines agglutinés devant, qui se consomment eux-mêmes d'envie et de frustration. Vous, vous pouvez parcourir à volonté les 666 immenses rayons en quête de votre bonheur, limité tout au plus par la "couleur" de votre carte.

Lovegrove ne propose guère plus que l'autopsie d'une journée ordinaire dans ce magasin. Ceci dit, une journée n'est jamais tout à fait "ordinaire" chez Days, et celle-ci le sera encore moins.
A commencer par Frank, qui décide de jeter l'éponge au bout de trente trois ans de bons et loyaux services. Frank est employé comme "fantôme", un gardien qui se fond dans la masse et repère tout et tous ceux qui peuvent nuire à Days. C'est un fin limier, peut-être le meilleur, mais la machinerie huilée de Days l'a doucement transformé en "fantôme" véritable, dont la substance se limite aux quatre murs du gigastore. Il veut s'en sortir avant qu'il ne s'efface pour de vrai. Il commence la journée avec la ferme intention de donner sa démission avant sa fin. C'est loin d'être simple, d'autant plus que le travail ne manquera pas, ce jour-là.
Puis voici Linda, qui a tout sacrifié pour obtenir sa carte Silver. Ses voisines sont vertes de jalousie derrière leurs rideaux, en la regardant partir pour la première fois chez Days... mise sur son trente et un, et en taxi, s'il vous plaît ! Malgré un mari un peu récalcitrant comme compagnon, elle sait que rien ne gâchera le plaisir de ce grand jour. Elle a tellement hâte de découvrir la caverne magique et ses usages codifiés ! Et elle ne sera pas déçue....
Et puisque ce monstre commercial de génie doit être dirigé par quelqu'un, la troisième ligne narrative nous fait monter dans le royaume au septième - et dernier - étage, d'où les sept frères Days gèrent avec la régularité d'une horloge l'héritage de leur père Septimus.

Le chassé-croisé de tout ce beau monde est passionnant. J'admets que l'histoire numérologique des sept frères m'a moins enchantée, mais elle a son importance, car toute cette belle harmonie qui repose assez ingénieusement sur le chiffre sept va s'écrouler peu à peu au cours de la journée... et le lecteur aura la chance d'y assister.
Lovegrove nous livre en prime une bonne (à la fois drôle et terrifiante) satire du consumérisme, avec ses cartes "privilège", les soldes VIP et les "ventes flash", capables de transformer les clients distingués en guerriers barbares, qui ne savent plus ce qu'ils achètent ni pourquoi, mais ils sont prêts à tout pour l'avoir. Bien sûr, Lovegrove voulait aller ad absurdum et imaginer le pire, alors toute ressemblance avec les bagarres pour un pot de Nutella à - 70% en 2018, la ruée sur le PQ en 2020, et toute autre chose qui vient à l'esprit reste purement fortuite.
Rien de fantastique, presque rien d'une SF, seulement une journée dans un grand magasin imaginaire ; un récit faussement banal qui peut parfois bercer le lecteur par de distrayantes descriptions de l'opulence de Days, et par une lénifiante visite guidée du mécanisme de ses rouages... pour le tirer ensuite violemment de ses rêveries. 4/5, le discret Lovegrove,"l'une des figures de proue de la nouvelle SF britannique" (dixit la quatrième de couverture), m'a convaincue une fois de plus.
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Satire sociale sur l'hyperconsommation
*
Bienvenue dans le magasin où tout s'achète (même des animaux sauvages).
Imaginez un giga store de plusieurs étages, situé au centre-ville d'une grande mégapole, 666 rayons où vous trouverez tout article qui suscite l'envie de le posséder. Un roman d'anticipation qui montre les dérives poussées du consumérisme. Avec un endettement certain qui va jusqu'à l'expulsion voire le bannissement des clients. Car chez Days , le client est roi à condition qu'il ait un compte bancaire bien garni.
*
Accompagné d' un couple lambda, fiers détenteurs de la carte privilège, nous déambulons dans ce magasin et vivons cette aventure au plus près. Il y a également le vigile désabusé, attendant de prendre sa retraite très prochainement, et la tête pensante de ce conglomérat, les sept frères héritiers.
A travers le prisme de cet échantillonnage, l'auteur dénonce les travers de nos concitoyens. La consommation à outrance décrite ici avec finesse et cynisme n'est plus de la science-fiction malheureusement.
*
Une fable contemporaine intéressante sur le plan sociologique.
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Chers clients, bienvenus dans le monde de Days, le plus grand et peut-être, le plus beau giga store du monde….. Imaginez un magasin qui s'étend sur 5 km de long, autant de large et sur 6 étages. Imaginez un magasin où vous pouvez acquérir tout ce qui vous plaira, de la chaussette dépareillée (Ah ! le rêve de pouvoir enfin retrouver celle qui manque à votre paire préférée…) au tigre blanc importé directement du Bengale, un monde où, bricoleur, collectionneur, ou nostalgique pourra trouver son bonheur…
Imaginez un magasin ou vous serez le client privilégié, le vrai, avec des échelons, bien sûr, en fonction de votre degré de solvabilité. Un magasin que vos proches, vos amis, vos voisins vous envieront de pouvoir fréquenter….Le rêve je vous dit……
Et bien, chers clients, Days sera peut-être votre pire cauchemar….
Lovegrove nous fait vivre une journée dans cette immensité au travers de trois regards différents.
Il y a Franck, l'agent de sécurité blasé, 33 ans qu'il arpente le moindre recoin de cette méga-surface, son expérience, combinée aux nouvelles technologies de surveillance en font un redoutable expert dans son domaine.
Il y a le couple Trivett, Lynda et Gordon, c'est leur première fois… carte Silver en main (la première de la gamme) elle aux anges, lui réticent mais soumis.
Et il y a les sept frères Days, les propriétaires. Sept monarques, héritiers, régnant sur l'empire créé par leur père Septimus Days.
L'auteur nous place face aux travers de notre société de consommation, dans un futur peut-être pas si éloigné que ça. Il nous montre ce que nous sommes… Consommateurs prêts à s'entretuer pour un objet dont il n'ont pas forcément l'utilité. Agent de sécurité obéissant, jusqu'à l'excès de la dérive sécuritaire de notre monde. Oligarques sans scrupules dont les seuls mots d'ordre sont, prospérité, enrichissement et domination.
Un roman miroir donc, qui nous parle de notre orgueil et de la violence qui est en nous, de notre égoïsme, mais aussi, de notre soumission. Et l'auteur de nous mettre face à nos responsabilités et de nous dire que le bonheur est peut-être dans ce qu'on a à portée de main et pas forcément dans ce qu'il y a derrière la vitrine…
Mais, finalement, est-ce vraiment de la fiction ?
Allez donc y jeter un oeil et vous me direz…
Mesdames et Messieurs, chers clients, le magasin de mes idées va fermer, merci de vous diriger vers la sortie de cette critique….
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La 4ème de couverture rapproche Lovegrove de Ballard. On peut en effet voir un lien de parenté entre ces deux auteurs. Si le style de chacun est très différent, Lovegrove étant davantage porté sur un aspect divertissant, les deux écrivains semblent partager les mêmes préoccupations et s'ancrer dans un registre similaire. En effet, comme Ballard, Lovegrove propose une science-fiction très ancrée dans le présent et s'attache à traiter le sujet de l'aliénation de l'Homme moderne. Si Ballard est sans doute plus brillant et plus subtil, Lovegrove ne démérite pas et « Days » s'avère un roman à la fois divertissant et pertinent dans sa démonstration.

Le récit prend place à une époque non précisée qui ressemble à notre présent. L'auteur joue plutôt sur l'amplification. On est vraiment là dans de l'anticipation à court terme. Days, c'est le nom d'un énorme gigastore dirigé par les 7 frères Days. Pour pouvoir accéder à ce grand magasin hors normes, il faut acquérir une carte d'accès, réservée aux plus nantis ou à ceux qui auront consentis des sacrifices de plusieurs années pour se voir octroyer le fameux sésame. le roman raconte une journée du gigastore à travers les destins croisés de plusieurs personnages : Frank, un agent de la sécurité, Linda et Gordon, un couple qui vient d'obtenir une carte d'accès au magasin, la fratrie Days et la chef du rayon livres du gigastore qui est en guerre avec le rayon informatique voisin.
A ce résumé, on comprend tout de suite que « Days » va s'attacher à dénoncer la société de consommation. Et c'est un véritable brulôt que livre Lovegrove. Il dépeint une société totalement aliénée par le désir de consommation. Les Hommes ne sont plus que des pantins pour qui l'acte d'achat correspond davantage à une pulsion qu'à une réponse à une nécessité. Ainsi, le lecteur assiste à des scènes hallucinantes où, lors de ventes flash à prix réduits, des hordes d'acheteurs se laissent aller à la violence la plus absurde pour acheter des choses dont ils n'ont absolument pas besoin. Si les clients de « Days » sont plutôt déchaînés, tout au long de ma lecture, je n'ai pas pu m'empêcher de penser au chef d'oeuvre de Romero « Zombie » dans lequel un groupe de survivants trouve refuge dans un supermarché assiégé par des morts-vivants. Bien sûr, les zombies de Romero sont lents là où les clients de Lovegrove sont en furie mais l'aliénation dépeinte est la même. Les acheteurs qui se pressent dans les allées, tout comme les exclus du centre commercial qui errent devant les vitrines extérieures, ne sont finalement pas plus vivants que des zombies. Ils obéissent à un même instinct de consommation absurde.

Cette satire sociale très mordante et très actuelle, dans laquelle il n'est pas difficile de voir une simple extrapolation de notre société actuelle (il suffit de voir les scènes d'émeutes lors de soldes ou d'opérations promotionnelles sur le Nutella pour s'en convaincre), est servie par une écriture efficace et un sens du rythme qui rend le récit très addictif.
Je ne m'attendais pas à grand-chose en entamant ce roman qui traînait dans ma PAL depuis des années et c'est finalement une très bonne surprise. Ce genre de dénonciation de notre monde mercantile est plus que jamais nécessaire même si regarder ce miroir tendu n'est pas très valorisant. Je vais m'intéresser à ce que Lovegrove a proposé en dehors de ce roman que je recommande vivement.
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Si vous voulez une Ferrari, des chaussettes dépareillées, une batterie de casserole, une pute : on trouve de tout chez Days. Tout s'achète et tout se vend. le monde entier et vous par la même occasion.
Mais, éloignez vous des ventes flash, même si l'envie vous prends subitement d'acheter un article dont vous n'avez absolument pas besoin, juste pour le plaisir d'avoir eu une réduction de 5%. Vous risquez votre vie. Vous serez mordu, pincé, bousculé, assommé dans le meilleur des cas, dans le pire, vous serez tué.
Et si vous survivez à ce déchaînement de violence, vous devrez, dans le monde merveilleux du plus beau gigastore Days, payer. Payé les dégâts occasionnés même si vous n'avez même pas effleuré une tête de gondole.
Bienvenue chez Days !
Tout est tarifé, quantifié, pesé, emballé, vos achats, vos envies, vos peines et vos joies.
Chaque jour, chaque heure et chaque minute, le pouls de Days bat à l'unisson de ses propriétaires, sept frères, vivants au septième et dernier étage du magasin. Intouchables, idoles païennes, ils alimentent la peur et le fantasme de tous : clients et employés. Héritiers d'un monstre qu'ils nourrissent sans relâche de cartes d'achat.
Le rêve de Linda Trivett est justement d'obtenir sa carte silver. Pour elle c'est un signe de réussite et d'ascension sociale. Elle s'est jurée quand elle était enfant de fouler le sol du magasin Days. Mais sans carte d'achat Days, la porte du paradis de la consommation reste close pour tout le monde ; que vous soyez roi ou balayeur.
Le rêve de Franck Hubble « fantôme » chez Days, au service Sécurité ?démissionner. Quitter cet endroit qui lui dévore l'âme et sa vie. Fantôme parmi les fantômes, il s'efface lentement à lui-même.
Le rêve de Melle Dalloway, chef du rayon livres ? Un monde englouti par les livres, les pages, le papier, l'encre et l'éradication du rayon informatique, son cauchemar.
Le rêve des frères Day ? Toujours plus de marchandises, toujours plus d'argent, de puissance, toujours plus de clients.
Rien ne doit les faire chuter, ne serait-ce que trébucher. Pas même un attentat à la bombe ou un frère alcoolique. Septimus Day, le fondateur, le père, veille du haut de son tableau, avec son bandeau noir sur l'oeil.
Flibustier impitoyable du vaisseau Days.
Ce roman dont l'action se déroule sur une journée, est une fable cruelle et cynique sur la société de consommation, sur le consumérisme. Néanmoins, une certaine poésie se dégage de l'écriture de Lovegrove quand il décrit ce gigastore fantasmagorique. Cette multitude d'objets, de couloirs, d'escalators, d'ascenseurs, d'espaces dédiés à tel ou tel produit est un descriptif presque digne de Zola. Mais c'est un piège, un labyrinthe infernal, ou les humains sont réduits à l'état de cartes d'achats ou de choses employées pour le bon fonctionnement du magasin.
Lovegrove entrevoit, malgré tout, dans ce monde clinquant mais infiniment noir, des poches de résistance, des îlots de tendresse et de sagesse. Une forme de résistance douce ou le rêve n'est pas tourné vers Days.
Ni le rêve ni l'avenir. Remise de 30% sur l'espoir...
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Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
Un dernier rayon le sépare du coeur du bâtiment : la Confiserie, paradis des enfants aux dents gâtées, enfer des dentistes honnêtes. Des sucres d'orge s'y élèvent jusqu'au plafond, des bocaux géants de bonbons et de caramels y sont alignés contre les murs, des pyramides de truffes faites à la main attendent, sur des étagères réfrigérées, d'être choisies, emballées et pesées. Des poignées de sucettes trônent sur les comptoirs comme des bouquets de fleurs aux couleurs criardes, des cordes de réglisse tressée sont enroulées comme des câbles électriques, des rochers en chocolat - noir et blanc - sont enveloppés dans de la Cellophane. Des bonbons à la poire, des bonbons acidulés, des bonbons de toutes sortes vendus au kilo. Des étalages de gelée polychrome à faire mourir d'infarctus un caméléon. Des rectangles de caramel au beurre, des triangles de nougat, des briques de pâte d'amande. Des pastilles à sucer, des gommes à mâcher, petites ou géantes. Et puis il y a le chocolat. Du chocolat noir comme la nuit ou blanc comme le lait, avec toutes les nuances de marron existantes. Amer, sucré, doux-amer, criblé d'éclats de noisettes, de raisins secs, d'éclats de noisettes ET de raisins secs. Des carrés de chocolat petits comme des dés, ou gros comme des pierres tombales... L'air est tellement saturé de sucre que le simple fait de le respirer peut vous faire tomber dans un coma diabétique.
Au delà de la Confiserie, Frank arrive à destination, atteint le but de ce périple en direction sud-est du gigastore : l'esplanade en forme de cerceau qui entoure la Ménagerie.
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Dans un même mouvement à la fluidité redoutable, il dégaine son arme d'une main et de l'autre, extrait de son portefeuille l'étui en velours de son Iridium. Il sort la carte de son fourreau et l'insère dans le lecteur placé sous le canon. Une diode verte s'allume et le pistolet cesse d'être un simple assemblage de pièces métalliques inertes, pour devenir une machine à tuer prête à mordre dans la chair humaine. Franck la présence des treize balles qui, dans leur chargeur, sous son point serré, attendent impatiemment d'être enfin libérées. Il se rend alors compte qu'il tient la mort dans ses mains.. Qu'il détient un pouvoir insensé : celui de toucher cet homme à distance, de le changer, de lui faire abandonner son statut d'être humain pour celui d'amas de viande anonyme. C'est effrayant et c'est excitant à la fois. Excitant parce-qu'effrayant, effrayant parce-qu'excitant.
Il arme l'engin de mort – clanck ! - et tend le bras. L'arme et le membre ne font plus qu'un. Comme on le lui a enseigné. Le pistolet doit devenir une extension de son propre corps. Un nouvel organe. Un souvenir ou plutôt le souvenir d'une sensation revient alors à sa mémoire. Il se rappelle l'époque où son arme n'était qu'un poids mort sous son aisselle gauche. Un corps étranger qui, de temps à autre, pour se faire remarquer, cognait avec un bruit mat contre son Sphinx. Il se rappelle,comme il se rappellerait un nom depuis longtemps oublié. Voilà ce qu'il doit faire s'il veut conserver son style de vie Iridium. Le prix ultime à payer. Réveiller ces quelques hectogrammes d'acier huilé...
Sa main gauche se lève et vient assurer et affermir sa prise.
Il vise et met sa cible en joue. Ses jambes sont légèrement écartée pour plus de stabilité. Viser pour blesser, l'épaule ou la cuisse.
Il prononce la formule dictée par la loi :
- Arrêtez-vous où je serai dans l'obligation contractuelle de tirer.
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Parce qu'ils se déroulent dans une machine, les loisirs numériques sont nécessairement froids et cliniques, car dépourvus de dimension tactile, d'humanité. Alors qu'un livre est un objet chaud et vibrant, qui ne peut dissimuler son âge, qui porte avec fierté les marques de son propriétaire - plis, empreintes digitales, pages cornées. Quel est, en plus d'un bon feu de cheminée et d'un verre de vin ou d'une tasse de chocolat chaud, cet accessoire indispensable à toute soirée d'hiver réussie ? Un ordinateur ou un livre ? Un assemblage de plastique, de silicone et de câbles qui nous montre des images et des textes formatés et prémâchés, ou la pensée patiemment construite d'un auteur, livrée directement, sans détour, au moyen de mots imprimés ?
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Un livre n'est pas vendu avec un mode d'emploi. Un livre n'à pas constamment besoin de mise à jour. Un livre n'est pas dépassé après quelques années d'utilisation. Un livre ne "plante" pas et ne demande pas à être "redémarré". Un livre ne peut pas être accidentellement effacé si l'on appuie sur une touche interdite, ou parce qu'il se trouve trop près d'un champ magnétique.
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Vous savez, j’ai souvent observé ces petites caméras, qui épient discrètement le moindre de nos mouvements. Mais je ne m’attendais pas du tout à être prise pour cible. Ou plutôt si, mais je ne voulais pas me l’avouer. C’est déconcertant de penser que quelqu’un vous regarde tout le temps, voit tout ce que vous faites, vous ne trouvez pas ? Je ne suis pas croyante, mais, si je l’étais, cela me ferait le même effet. J’aurais l’impression d’être constamment surveillée par Dieu, de ne pas avoir droit à l’erreur. Et vous ? lui demande-t-elle en le regardant dans les yeux. Cela ne vous dérange pas d’être observé à la loupe par ce Dieu électronique ? Vous, dont le travail consiste à suivre sans être vu ? Vous, qui nous forcez, par votre simple présence, à être à l’écoute de notre conscience ? Peut-être êtes-vous une sorte d’ange…
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Video de James Lovegrove (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de James Lovegrove
Les littératures de l'imaginaire peuvent parfois intimider les lectrices et les lecteurs qui auraient peur de s'y perdre. C'est pourquoi la librairie Point Virgule vous propose cette semaine une sélection de romans drôles et accessibles pour découvrir le fantastique ou la science fiction.
- Le club des punks contre l'apocalypse zombie, Karim Berrouka, Actu SF, 29,90€ - Le guide du voyageur galactique, Douglas Adams, Folio SF, 8,10€ - Days, James Lovegrove, Bragelonne, 7,90€ - Neverwhere, Neil Gaiman, J'ai Lu, 8,10€
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