Ceux qui ne sont pas familiers avec la métaphysique sont sujets à posséder une conception fausse, ou à tout le moins déformée, de ce qu’elle contient. Quelquefois, ils pensent qu’elle a quelque chose à voir avec le mysticisme et la magie, pour des raisons qu’il serait intéressant d’analyser dans une étude sociologique ou historique, mais qui ont peu à voir avec le caractère de la métaphysique comme branche de la philosophie. Quelquefois également, ils pensent que la métaphysique a quelque chose à voir avec la physique, ce qui est un peu plus près de la vérité. Cependant, il serait complètement erroné de supposer que la métaphysique est à la physique ce que la métalogique est à la logique, ou la méta-éthique est à l’éthique – c’est-à-dire un type d’enquête du Second Ordre sur les fondations conceptuelles et les méthodes d’une discipline du Premier Ordre. La métaphysique contient en effet quelques traits d’une telle enquête, mais, même dans cette mesure, sa préoccupation n’est pas exclusivement limitée à la physique. C’est certainement simplement du fait d’un accident historique que la métaphysique porte ce nom, un résultat du fait que l’on a nommé Métaphysiques d’Aristote ce qui était placé selon l’ordre canonique après un autre traité, les Physiques – le préfixe meta signifiant cette relation.
Le sens d’après lequel il est possible pour un homme de courir un mile en quatre minutes, ou le sens d’après lequel il est possible pour une pinte d’eau d’être contenue dans un pichet de deux pintes n’a rien à voir de quelque manière que ce soit avec la signification des mots.
Ce sont des possibilités « réelles », qui sont fondées dans la nature des choses, non dans la nature des mots utilisés pour décrire les choses.
La métaphysique, comme les mathématiques, a un objet non empirique, dans la mesure où c’est la discipline intellectuelle dont l’objectif est de faire un relevé des possibilités de l’existence réelle.
La métaphysique se soucie de découvrir ce que la totalité de l’existence pourrait recouvrir, c’est-à-dire quelles catégories d’entités pourraient exister et quelles catégories pourraient alors coexister.
Une fois recensées les possibilités, la question demeure de savoir laquelle est réalisée, parmi de nombreuses possibilités incompatibles concernant la structure de la réalité.
À cette question, on ne peut répondre, si c’est possible, que grâce à des preuves empiriques et ceci de manière provisoire et incertaine.
Il est vrai que nos pensées n’existeraient pas si nous ne les pensions pas, mais cela ne veut pas dire que nous devons penser à leur sujet pour qu’elles existent.