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Critique de DETHYREPatricia


Première découverte des écrits de cette auteure que je ne connaissait pas. En fait, étant d'origine italienne par mon père, c'est le sujet du livre qui m'a intéressée car évoquant une histoire italienne méconnue de la plupart des Français.
En effet, nous voyons évoluer les membres d'une famille de la bourgeoisie italienne des années 20 aux années 60 et la façon dont ceux-ci ont traversé les événements dramatiques de la seconde guerre mondiale et de l'Italie fasciste alors conduite par Benito Mussolini.
Une histoire malgré tout biaisée par rapport à ce qu'ont pu vivre les classes plus laborieuses, représentées ici par le personnage de Marcello, précepteur du jeune Ludovico, qui n'aura lui d'autre choix que celui de rejoindre les rangs de l'armée régulière sur différents théâtres d'opération (dont la Libye) avant que de rejoindre les Alliés, après la signature de l'armistice signé le 3 septembre 1943.

Ce livre m'a permis de découvrir la façon dont les élites romaines collaboraient avec les Allemands jusqu'à la destruction des différents moyens de production par les Alliés (et entraînant la ruine des industriels italiens). Mais aussi la façon dont les Allemands ont pris possession (comme en France d'ailleurs) des propriétés des riches bourgeois et de leurs ressources en vivres, laissant ainsi les Italiens dans le plus grand dénuement.
J'ai découvert également la façon dont la guerre fut menée en Afrique par les Italiens, venant en soutien des Allemands, là encore dans le plus grand dénuement pour les soldats (tant au niveau matériels, armes, vivres, soins, etc.) et la façon dont Mussolini a été largement manipulé par Hitler et Rommel.
Après l'armistice de 1943, j'ai découvert que la guerre se poursuivait au nord de l'Italie au détriment des Alliés, mais aussi des Italiens qui, comme les Français en France, ont fait, de la part d'Allemands en pleine débâcle, les frais d'actes de massacre de type Oradour-sur-Glane, événements dont manifestement il n'a pas été gardé traces.

Et puis, à côté des aspects historiques, se dessine par petites touches successives, la vie de 4 adolescents confrontés à une réalité qui bien souvent les dépassent, soit parce qu'ils n'ont jamais connu l'adversité et qu'ils ont du mal à se construire une vie d'adultes désargentés, soit parce qu'ils ne la connaissent que trop et qu'ils ne s'autorisent pas à vivre la vie qu'ils méritent.

Je dois avouer que j'ai eu bien du mal à entrer dans l'ouvrage. J'avais bien du mal à m'identifier aux membres de cette jeunesse dorée et à leur mode de vie complètement décalé par rapport aux communs des mortels (la description de l'appartement romain est en-cela révélatrice du décalage).
Il m'a fallu un certain temps pour me laisser porter par le style de l'auteure. La seconde partie de l'ouvrage est, de ce point de vue, remarquable de poésie. Et puis, il y avait ce mystère habilement mais insuffisamment évoqué : qu'est donc devenue Lucia dont on comprend qu'elle est morte, mais dont on ne sait pas dans quelles circonstances ? On le saura finalement, dans les dernières pages.

A posteriori, il est aussi intéressant de constater la différence de traitement des figures féminines par rapport à ce qu'a pu vivre la jeunesse française. Alors que les jeunes filles et femmes françaises se sont révélées dans la guerre (en participant activement à la résistance, en prenant des responsabilités, en écrivant des articles, en commettant des faits d'armes, etc.), faits qui auront largement contribué à leur émancipation, on assiste ici, en Italie, à l'évocation de figures féminines qui ne font que subir et soumises au bon vouloir d'éléments masculins. La mère, veuve, qui vit avec le soutien d'un "ami" qui prend soin d'elle, la fille qui vivote dans un emploi de vendeuse avant de trouver un travail grâce à son petit copain puis, se marie très vite avec un autre, fait des enfants et est donc ainsi "sauvée". L'autre fille qui se soumet, consentante, aux assauts de l'envahisseur allemand avant que de s'enfuir avec lui ; la fiancée de Marcello qui, après des années de fiançailles, se fait plaquer par lui et qui jettera son dévolu sur le premier voisin venu ; la seconde amoureuse de Marcello qui, n'en pouvant plus d'attendre, le retour du soldat prodigue, se fait mettre enceinte et se marie avec un autre...
Clairement, une vraie différence de culture et de réalité qui, à mon sens, n'est pas suffisamment relevée ni critiquée par l'auteure qui s'inscrit ainsi dans un conformisme bourgeois d'un autre temps.





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