"Je suis le gardien d'une
grotte, je vis juste au-dessus. Dessous, c'est creux, étroit, frais, humide et silencieux. Je me répète souvent ces mots ; ils résonnent et réconfortent ma solitude."
Les présentations maintenant faites, sachez que la-dite
grotte en question est fermée depuis des années au public. Trop de monde, trop de vibrations, elle était prête à s'écrouler, les dessins préhistoriques - les premiers bisons dessinés sur ces parois rocheuses, d'un ocre orangé, c'est magnifique - menaçaient de s'effacer, par toutes ces caresses, cet oxygène aspiré, ce monoxyde recraché. le gouvernement a décidé de faire une réplique, plus vraie que nature, pour les visites. Depuis, je suis le gardien d'une
grotte qui ne se visite plus. J'ai les clés pour descendre, m'y engouffrer et par plaisir j'y descend comme on descendrait à la cave chercher une bouteille de Monbazillac ou de Pacherenc du Vic-Bihl.
Je suis un oublié de ce monde, ou presque, de temps en temps, de plus rarement, on me fait encore un petit signe, signe que je ne suis pas encore entièrement sous terre. Et là, j'ouvre l'antre. A qui le voudrait bien. du coup, c'est une galerie de portraits qui défilent devant moi. Une femme que l'humidité des lieux émoustille, un abbé plus philosophe que religieux, le petit-fils d'un führer ou un barbu qui voyage de
grottes en
grottes, il dit s'appeler Oussama... Bref énormément de monde dans une vie qui passe dans ce coin-ci, même
Philippe Bouvard, c'est dire la notoriété (datée) d'une telle
grotte, ou d'un tel premier roman. Finalement trop de monde pour moi, pourtant quoi de plus beau métier que gardien d'une
grotte oublié, je délaisse la
grotte pour la cave, y chercher un single malt et passer à d'autres lectures... Je sais c'est court, mais à la cave ou dans la
grotte, le clair de lune ne passe plus, alors je ferme les yeux et m'endors vers d'autres cieux littéraires. Mes excuses, Amélie, à une prochaine rencontre. Je retourne à mon Cave ( & the Bad Seeds)...