Nos jeux d'enfants

Fini le A d’Abruti… Euh, pardon, d’Apprenti. Je ne me ferai plus insulter pour ça. C’est dingue ce que la première lettre de l’alphabet peut faire ressortir la connerie humaine ! Sous prétexte que cela ne fait pas officiellement deux ans que nous avons notre petit papier rose, cela signifie forcément qu’on ne sait pas conduire. Je crois qu’au contraire, cela fait de nous de meilleurs conducteurs car nous nous savons sur la sellette et ainsi, nous sommes deux fois plus vigilants que la normale. Enfin, ce n’est que mon avis.

Ma voix me semble si brisée que je ne la reconnais pas. Je n’ai jamais eu autant la trouille de ma vie. Monter sur scène et jouer de la musique devant des gens ne me semble plus du tout effrayant en comparaison à ce que je ressens maintenant.

Clara est un véritable rayon de soleil. Si vous demandez à quelqu’un comment il la définirait, n’importe qui vous répondrait rayonnante. Elle a ce je ne sais quoi, ce petit truc qui fait que rien que par sa présence, elle illumine une pièce. Cela a toujours été comme ça. Déjà petite fille, tout le monde voulait être son ami. Elle avait toujours le sourire, racontait des blagues, riait de tout et même d’elle. Elle n’a jamais été comme toutes les autres. Elle a toujours été elle. Unique. Clara.

Je pleure la vie que je rêvais d’avoir et que je ne suis plus sûre de vivre. Je pleure parce que je suis triste et en colère. Je pleure parce que la vie est une salope qui s’amuse à nous faire rêver, à nous promettre que nous avons des années devant nous alors qu’en réalité, nous ne sommes rien face à la maladie.

...pour protéger les gens qu’on aime, on doit prendre des décisions et là tout de suite, je ne vois aucune échappatoire.

Quand on a une vie rêvée comme l’est la mienne, le coup de bâton est plus lourd de conséquences quand il s’abat sur vous et… je crois bien qu’il ne va pas me louper.

Lorsque je me regarde dans le miroir, la personne qui me fait face ne me ressemble pas. Mes yeux d’ordinaire si expressifs sont mornes, mon teint est blafard, mes joues plus creusées… Comment ai-je pu être aveugle à ce point ? Comment n’ai-je pas compris plus tôt que quelque chose clochait chez moi ?
Dans une heure, je devrais être en cours mais au lieu de ça, je me suis fait excuser par mon employeur et je vais aller chez le médecin. Je vais enfin savoir ce qui ne va pas et même s’il y a de fortes chances pour que ma mère m’ait inquiétée pour rien, il n’empêche que cette désagréable sensation ne me quitte pas.

Comme à chaque fois qu’il me touche, j’ai l’impression que mon corps entre en combustion. Chaque caresse, chaque effleurement, chaque baiser me fait frissonner de la tête aux pieds et instinctivement, je me mets à onduler sur lui.

Je ne sais pas pourquoi il est toujours sur la défensive quand nous abordons le sujet. Pourquoi du jour au lendemain, il a mis ses rêves de côté et a décidé de jouer dans son coin ? Qu’est-ce qui l’effraie ? La peur de l’échec ? Qu’on se moque de lui ? Qu’il se ramasse ? Dans tous les cas, je serai à ses côtés et le soutiendrai. À deux, nous sommes plus forts.

Pendant toute mon enfance, j’ai tout fait pour refouler mon attirance et mes sentiments pour lui. Je suis sortie avec des garçons mais étrangement, mon choix se portait toujours sur des blonds aux yeux bleus.
Je me demande bien pourquoi !
Si je l’ai aimé au premier regard, vous imaginez combien cela a pu être difficile de le voir devenir un jeune homme faisant craquer toutes les filles sur son passage.