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Critique de Des_livres_nous


Kerry Salter a passé sa vie à esquiver deux choses : sa ville natale et la prison. Armée de sa grande gueule et de sa rage, elle retourne au foyer familial dans une bourgade rurale et apprend que la terre de ses ancêtres est menacée par un projet de construction d'une prison.
Entourés par les fantômes et les souvenirs de leurs aïeux, les Salter sont animés par le besoin profond de faire la paix avec leur passé tout en essayant de donner un sens à leur présent.

Voix d'autochtones tout sauf aphones. Ce livre donne la parole aux blackfellas, peuple premier d'Australie. Et quelle parole… Une Bush-rie ! Entre bundjalung, charabia grossier et dialogues bordéliques agressifs, les protagonistes vomissent leur condition de peuple spolié, battu, violé, comme la mauvaise vodka soda qu'ils ingurgitent pour oublier qu'ils n'ont plus rien.

« Faudrait que vous leur appreniez cet aspect-la, Nunny. Comment envahir les pays des autres et les assassiner, en appelant ça la civilisation »

Goories castagneurs, alcooliques, vivants comme des « parasites » se nourrissant de la haine des blancs, ils subissent leur histoire, l'extinction de leurs traditions et la corruption de leurs envahisseurs. Ils sont torturés entre leur mode de vie ancestral et la ghettoïsation génocidaire dont ils sont victimes, obligés de se renier.

« Les dugais n'avaient vraiment aucune idée. Aucune foutue idée de ce qui se jouait quand on se baladait dans ce monde enveloppée d'une peau noire. »

Tout est noir ou blanc parfois « tacheté » mais sans nuances de gris. C'est tranchant, violent mais profondément émouvant.
L'autrice nous met en garde au début du livre : « les membres de ma famille élargie ont subi au moins une fois dans leur vie la plupart des faits de violence évoqués dans ces pages. le reste est tiré soit d'archives historiques, soit de l'histoire orale aborigène. »

Vous l'aurez compris, nous sommes loin de la carte postale idyllique que l'on a de l'Australie. Racisme, sexisme et homophobie rythment ces lignes dures comme les rochers du bush.

Le petit moins : un glossaire des mots aborigènes aurait été appréciable.
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