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Critique de mcd30



Mélissa Lucashenko a le sens de l'humour et beaucoup d'esprit, pas de pathos et pourtant ce livre raconte lui aussi l'effort d'acculturation, le vol des terres, la séparation parents-enfants. J'aime beaucoup son style et ce mélange de mots aborigènes qui facilite l'immersion dans cet univers.
Je viens de passer quelques jours dans l'Outback Australien, à Durrongo, un beau voyage ainsi qu'un énorme coup de coeur.
C'est une histoire de haine, de racisme où la souffrance d'un jeune homme va atteindre toute une famille.
« Owen survécut au châtiment qui suivit sa victoire. Il rentra chez lui en héros, sonné par cette violence d'un nouveau genre qu'il y avait dans le monde, et refusant net de répondre aux questions de M. Lewis sur son visage défiguré, ses jambes ensanglantées. Il avait compris très tôt ce soir là que le prix à payer pour sauver sa peau serait le silence. Et quand Owen finit par mourir, très vieux, dans une maison loin là-bas dans le sud, sept décennies d'agonie étaient emprisonnées en lui, maintenues tout au fond par l'alcool, une fierté à toute épreuve et divers actes d'une grande cruauté que sa famille ne parviendrait jamais vraiment à oublier.»
Avec le clan Salter c'est explosif, tous sont extravertis et les relations conflictuelles. À chacun ses cicatrices, nous saurons tout au fur et à mesure. Ce clan est capable du meilleur comme du pire mais ce regroupe très vite pour faire face aux whitefellas (hommes blancs).
Quand Kerry retourne chez elle, sa petite amie vient de la jeter pour cause de prison et elle doit se cacher de la police. Pour tous bagages, elle a sa moto et le butin. Kerry est mon personnage préféré, elle est tout à la fois le témoin de sa famille bien spéciale dont elle tire des leçons qu'elle ne suit pas forcément. Elle monte vite au créneau, dépasse les limites, sort avec un dugai, Steve, un écossais connu au collège.
« Sa langue trop bien pendue, son problème depuis toujours. Et plus elle vieillissait, plus elle avait du mal à garder ses opinions pour elle. L'avalanche de conneries déferlant sur ce monde l'aurait noyée, si elle n'avait rien dit ; le moins qu'elle pouvait faire, c'était exprimer sa colère. Passer une bonne soufflante à tous ces connards, puis leur tenir tête ou bien se tirer en courant. »
C'est aussi la découverte de la nature, des totems, d'un peuple qui tente de conserver ses racines et de les transmettre aux autres malgré l'alcool, la drogue, la misère, il y a beaucoup d'entraide.
Il vous faut aussi découvrir l'histoire d'Elvis ce membre de la famille si spécial.
Les révélations finales donnent à réfléchir mais je n'en dirai pas plus.
Celle qui parle aux corbeaux est le deuxième roman de la collection Voix autochtones éditions du Seuil.
# Cellequiparleauxcorbeaux #NetGalleyFrance
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