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Critique de gabb


Dès l'épigraphe, Patrick Lucisine a tout bon.
Pour ouvrir son petit recueil, il a en effet choisi de mettre en exergue une belle citation du philosophe Jacques Derrida : "Ce qu'on ne peut pas dire, il ne faut surtout pas le taire, mais l'écrire".

À la lecture de Baisser la Garde, on ne peut que lui donner raison !
Quand les mots ne peuvent être dits, quand ils sont trop profondément enfouis et sollicitent d'autres ressorts que ceux de la parole, quand ils ne peuvent être transmis que dans le silence, alors rien ne vaut l'écrit.
Patrick Lucisine l'a bien compris, et c'est un bien joli cadeau qu'il m'a fait (encore merci !) avec cet ouvrage très intime, plein de profondeur et de poésie, dans lequel il dévoile une approche très personnelle de la spiritualité (qui "de nos jours ressemble à un gros mot"), de SA spiritualité. "Ma foi relève de l'échafaudage", nous dit-il, "pas d'une culture pas d'une croyance pas d'une idolâtrie / fondation d'une extrême solidité construite brique à brique".

En veillant à se tenir loin des carcans des dogmes et des doctrines, il livre avec humilité la synthèse - jamais définitive - de ses méditations, fruits d'un travail "de lui sur lui" [sic], et cherche dans la nature ou l'harmonie du monde la preuve d'une présence, la trace de l'étincelle qui justifierait tout.

Beaucoup de ses poèmes en prose, plutôt énigmatiques, ont su me toucher.
Une écriture très épurée qui vise l'essentiel, des phrases tout en minuscules qui soulèvent des questions majuscules, des textes courts et sans ponctuation où l'on devine sans mal, en filigrane, un immense point d'interrogation.
Il n'y a pas dans ces pages de grands préceptes théologiques mais juste des échos fugaces, ceux du doute répondant à ceux de l'intuition.
Et toujours une grande intériorité, une incitation à chercher en soi les réponses que le ciel nous refuse, à reconnaître que peut-être "Son absence est Sa présence en creux".

Beauté, science, dessein, abandon : autant de mots pour dire une même évidence, autant de poèmes aussi sibyllins qu'hypnotiques qui nous invitent à voir le monde autrement, à baisser la garde, à guetter un souffle.
Chacun de ces textes nous rend sensibles aux vertiges de l'infini et aux mystères de l'univers organisé plutôt que chaotique, chacun ouvre la porte à mille réflexions : ensemble ils font de ce premier recueil une belle réussite ... qui je l'espère en appellera d'autres !
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