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Critique de michfred


Comment expliquer ce qui nous inquiète ou nous terrifie? Comment parvenir à cette ataraxie du sage qui est le souverain bien?Qu'est-ce que la nature? la matière? Les dieux ont-ils une part dans ces mystères de l'univers qui nous dépassent ou la raison seule peut-elle permettre de les appréhender?

Avec patience, intuition, méthode Lucrèce s'emploie à répondre à toutes ces vastes questions, en s'adressant presque familièrement à son ami Memmius, dont le lecteur devient l'avatar.

Avec souffle, imagination, fulgurance des images aussi, et surtout. Car ce philosophe matérialiste, ce rationaliste convaincu est avant tout un poète.Il nous donne à voir le mouvement des atomes dans la matière en apparence inerte, la couleur dans les ténèbres aveugles. Il nous fait voyants par un intense et raisonné dérèglement de notre imagination.

Oui, voyants....et chaque fois que je relis ou retraduis Lucrèce - c'est particulièrement ardu, plein d'archaïsmes, mais beau... comme l'antique!- je pense à celui qui me l'a fait découvrir.

Il arrivait en cours, appuyé sur l'épaule de sa femme, une petite dame toute timide, pleine d'admiration pour son grand savant de mari- posait sur le bureau un énorme volume relié plein cuir, l'ouvrait et faisait courir ses doigts sur les pages écrites ....en braille. Les yeux aveugles, les mains agiles, la voix sûre, il lisait le texte, le traduisait, le commentait avec la même aisance inspirée.

Était-ce la cécité de ce professeur qui donnait une telle force aux images du vieux poète latin? Il me suffit de fermer les yeux pour les sentir affleurer sous mes paupières: Ah les cygnes noirs et les corbeaux blancs de Lucrèce que n'eût point reniés Nerval...
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