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Critique de Dixmont


Hier soir, je relisais le récit autobiographique poignant d'Angela Lugrin En-dehors et j'ai eu envie d'écrire sur cette découverte. Il y a tant d'amour dans ces mots que j'ai été émue d'en ressentir l'écho aux tréfonds de mon être tel un pincement au coeur. Il faut absolument lire les chapitres: la pauvreté et l'oubli et ma voix pour eux que l'on ne sait plus si le lieu où l'on se trouve est si important dans cette lutte sociale pour rester humain. Chaque acteur se confondant, se diluant comme par magie dans un chant/champ solitaire.

Vous trouverez sûrement 73 bouteilles lancées à la mer dans ce récit réflexif, il n'appartiendra qu'à vous de les ouvrir. Personnellement, je vais les conserver dans ma bibliothèque et les placer à côté du Comte de Monte-Cristo d'Alexandre Dumas parce que j'y ai pensé tout au long de cette belle lecture.

Vous rappelez-vous ce roman de notre enfance ? J'ai en mémoire le passage où Edmond Dantès, épuisé de 14 années d'emprisonnement, pensait au suicide. Quand est survenu un autre détenu l'Abbé Faria dans sa cellule : ce dernier creusait un tunnel depuis presque 7 ans avec l'espoir de s'évader. Il n'a réussi qu'à creuser un tunnel en direction d'une autre cellule. L'ironie du sort. Cela n'aurait été qu'un hasard si l'Abbé Faria n'inspirait qu'une forme d'altérité, mais cela devient de la providence puisqu'il incarne surtout la figure de l'enseignant en partageant tout naturellement son savoir éclectique .Dantès finit, d'ailleurs, par le concevoir comme un second père. La fin de l'Abbé Faria est touchante et triste puisque finalement il restera enfermé, même mort, mais qui, contre toute attente, va permettre à Dantès de s'évader dans son linceul représenté par un sac grossier jeté à la mer sans aucune formalité.

On retrouve dans l'un comme dans l'autre roman tous les codes instituant la mission de l'enseignant (les 4 murs ; les lumières livresques ; la parole socratique ; l'esprit saint ; le sacrifice de lui-même). L'enseignant passeur, par excellence, d'une richesse somme toute bien matérielle dont l'Abbé Faria donnera même l'endroit de son enfouissement sur l'île de Montecristo. le fameux ascenseur social dont tout le monde cherche à garder la porte ouverte malgré les algorithmes.

Bref, En-dehors, une vue du dedans où Angela Lugrin dissèque les mots, travaillant au couteau leurs natures grammaticales ou méditant sur la modalité d'un temps planté dans la roche, afin de leur suggérer une raison d'être. Ils rayonnent, enfin. Illuminent nos nuits de ces prisonniers en marche vers un sens à donner à nos enfermements respectifs.
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