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Critique de Patsales


Le roman d'Annie Lulu est dédié à l'activiste Luc Nkulula, mort dans l'incendie de sa maison. Il était membre de la Lucha (LUtte pour le CHAngement), association non-violente d'étudiants congolais inspirés par la figure de Patrice Lumumba. Et, de fait, le dernier tiers du livre nous fait vivre au milieu de ces jeunes gens idéalistes en butte à la répression gouvernementale qui les arrête et bien souvent les torture (quand elle ne finit pas par les brûler vifs, le non-lieu ayant mis fin à l'enquête sur la mort de Nkulula n'étant pas considéré comme un modèle de décision judiciaire).
Mais avant d'en arriver là, l'héroïne, fille d'un militant communiste assassiné par les sbires de Mobutu, naît au pays de Ceaucescu, seule métis ou presque à 1000 km à la ronde, logiquement traitée de singe par des Roumains tellement peu au fait du monde extérieur qu'ils ignorent vivre en dictature. Puis c'est la France, et Nili qui découvre avec bonheur une société multiculturelle avant de déchanter devant son égoïsme et son arrogance.
Le roman raconte donc comment la lutte, même tragique, vaut mieux que l'asservissement et que l'indifférence. Ce voyage initiatique se double d'une réconciliation intime entre deux mondes plus proches qu'on aurait pu le croire, celui de la mère blanche des bords de la mer Noire et du grand père noir des lacs qui ne le sont pas moins. Réconciliation qui passe par une fusion du narratif et de la poésie et par la reproduction du destin: en retournant sur les traces de son père, Nili devient sa mère, une femme seule en charge d'un enfant.
Car le livre se termine par une naissance et les quelques 200 pages qui précèdent cet épilogue sont le monologue fiévreux de la parturiente pressée de dire la vérité à son enfant quand elle-même a dû si longtemps se contenter de non-dits et de mensonges.
Sauf que là, ben non. 200 pages pour avaler la chute de Ceaucescu, l'indépendance du Zaïre, les luttes étudiantes contre Mobutu: perso, je n'accouche pas dans l'heure, et je ne suis pas spécialiste de l'Afrique. J'aurais donc aimé avoir le temps de comprendre et d'assimiler ; j'aurais bien aimé aussi en savoir plus sur les personnages, comme celui, magnifique, de la mère, vierge folle s'emmurant de littérature pour échapper à la triple malédiction d'être femme, belle, et mère d'une fille.
Au lieu de quoi j'ai dû compulser frénétiquement Wikipedia (Mais, bordel, c'est qui cette Kimpa Vita?).
Je lirai peut-être le second roman d'Annie Lulu mais il y faudra moins d'eau et beaucoup plus de p(l)ages.
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